Appelez-moi toujours France
Clôturée par François Baroin, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, la récente rencontre ENA-X-HEC, titrée « La marque France », explorait les atouts des acteurs publics et des entreprises. Nous en extrayons quelques réflexions significatives qui témoignent de la vitalité de l’image de nos produits.
« On nous aide, on nous contrôle, on nous redresse en démontrant que nous n’avions pas le droit d’être aidé. Le hiatus est énorme entre le discours politique et l’exécution par l’administration. » « Ne pourrait-on, au moins, introduire le concept de présomption d’innocence fiscale ? »
« On nous aide, on nous contrôle, on nous redresse en démontrant que nous n’avions pas le droit d’être aidé. Le hiatus est énorme entre le discours politique et l’exécution par l’administration. » « Ne pourrait-on, au moins, introduire le concept de présomption d’innocence fiscale ? »
Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, est un optimiste. La France reste la cinquième puissance économique mondiale. La « marque France », qu’il préfère au « made in France », affirme la fidélité à certaines valeurs. Elle est méritée et efficace, notamment pour le tourisme et l’attractivité.
Des atouts éducatifs
Formation et recherche sont les premiers atouts de l’économie française, affirment Marion Guillou, présidente de l’INRA et de l’École polytechnique et Cédric Villani, directeur de l’Institut Henri-Poincaré, médaille Fields l’an dernier. Avec son humour habituel, celui-ci pourfend les fameux « classements », addition de canards, de carottes et de poulets, d’où l’on sort une note unique qui n’a pas la moindre signification. Le classement de Shanghai est inconnu en Chine ; on n’en parle qu’en France, là où il est totalement inadapté.
Former à l’esprit français
David-Alexandre Gros, « chief executive officer » de Sanofi, estime que nos avantages sont d’ordre géographique et culturel. Malgré la mondialisation, les produits les plus compliqués restent toujours fabriqués en France.
La marque France : luxe, qualité, innovation, rêve
Philippe Forestier, directeur général adjoint de Dassault Systèmes, vante le contexte familial d’une entreprise qui ne peut être achetée. Il regrette le manque d’ingénieurs, problème posé à l’échelle mondiale.
Van Phuc Lê, vice-président de l’Apave, témoigne du développement de son entreprise au Viêtnam. En Chine ou en Afrique : « On nous préfère à valeur égale parce que nous sommes français… ou parce que nos experts ont l’esprit français. »
Des aides et des freins
Diaa Elyaacoubi, présidente de Streamcore, apprécie les multiples aides publiques (crédit impôt-recherche, pôles de compétitivité, grand emprunt), mais regrette l’absence de politique d’accompagnement à l’étranger.
Dan Serfaty, cofondateur de Viadeo, constate que l’État donne d’une main et reprend de l’autre par le biais du contrôle fiscal, méthode confirmée par de nombreux auditeurs, ce qui est une façon très médiocre d’encourager les entreprises.
Jean-Luc Ansel, directeur du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, insiste sur les valeurs qui font la marque France : luxe, qualité, French touch, innovation, rêve.
La France copiée
Jérôme Fournel, directeur général des Douanes, rappelle quelques chiffres sur le poids des contrefaçons. Elles représentent, selon les estimations, entre 2 et 10% du commerce mondial, 7 millions d’articles saisis en 2011, 40 000 emplois perdus chaque année en France. Le luxe n’est pas le seul visé. 70 % des « vins français » vendus en Chine sont des contrefaçons. Les médicaments contrefaits sont potentiellement très dangereux. Françoise Monterey, présidente du Comité Colbert, attire l’attention sur le phénomène inquiétant d’Internet, aggravé par la complicité des banques qui facilitent les moyens de paiement en ligne pour l’acquisition d’articles de toute évidence contrefaits.
La France et les Français
Le célèbre chef Alain Ducasse, représenté par son directeur-général Laurent Plantier, intervient par vidéo interposée. On ne sait pas assez se mettre en valeur, dit-il. Il souligne au passage le contraste entre l’image excellente de la France et celle plus controversée des Français. Mercedes Erra, directrice générale de Havas, pense qu’il faut valoriser à l’école la notion de service, qui n’est pas dégradante. Pour elle, l’arrogance française traduit en fait une incapacité à vendre.
La video de l’intégralité du colloque est disponible dans nos pages Annonces. Un découpage en chapitres permet d’accéder directement à chaque intervention.