Aqemia : l’intelligence artificielle au service de la recherche de médicaments
La start-up Aqemia œuvre à la découverte de nouveaux médicaments. En une poignée d’années, elle est devenue la partenaire privilégiée des grands laboratoires pharmaceutiques en inventant des candidats-médicaments prometteurs contre des cancers. Entretien avec Maximilien Levesque, co-fondateur et CEO de la société Aqemia.
Comment est née Aqemia ?
Après une décennie comme chercheur en physique fondamentale à CEA, Oxbridge, ENS et CNRS, je reçois en 2017 un prix de la société savante américaine de physique pour avoir résolu une équation restée insoluble pendant 40 ans. Le leader mondial de la recherche de médicament in silico (par ordinateur) me propose de racheter ma technologie. Je refuse, convaincu que je pourrai maximiser l’impact de la technologie en portant moi-même le projet devenu entrepreneurial.
En 2019, je rencontre Emmanuelle Martiano, alors Principal au BCG, et nous co-fondons Aqemia. Nous sommes aujourd’hui 50 personnes à Paris. Nous travaillons avec les plus grands laboratoires pharmaceutiques du monde, et ambitionnons de devenir nous-mêmes une techpharma.
Quelle est votre technologie ?
Notre technologie, issue de la recherche fondamentale, est unique au monde. Nous nourrissons une intelligence artificielle générative par de la physique pour identifier de nouveaux candidats-médicaments de manière plus rapide et plus efficace. Le calcul physico-chimique au cœur d’Aqemia permet de prédire si un médicament virtuel est actif 10 000 fois plus rapidement que la technologie du leader mondial, sans perdre de précision. Cela nous permet de travailler sur de nombreux projets de recherche de médicaments efficacement et en parallèle, dans de multiples domaines thérapeutiques. La technologie, testée depuis 2 ans avec de grands laboratoires pharmaceutiques (J&J, Sanofi et Servier par exemple), a donné lieu à de belles avancées thérapeutiques et quelques millions de revenus, prouvant le rôle potentiel d’Aqemia dans la recherche pharmaceutique. Nous ne vendons pas notre technologie aux laboratoires : Aqemia utilise sa technologie pour inventer les médicaments de demain en collaboration avec les laboratoires pharmaceutiques, ou pour son propre compte.
“Nous nourrissons une intelligence artificielle générative par de la physique quantique pour inventer des médicaments plus rapidement et efficacement.”
Comment votre notoriété a‑t-elle été acquise ?
En 2021, nous collaborons pour la première fois avec un leader mondial du médicament : Sanofi. Les excellents résultats thérapeutiques nous font renouveler plusieurs fois nos contrats, et nous avons maintenant des collaborations avec J&J (USA) ou Servier (France). Notre notoriété résulte d’excellents résultats de nos collaborations avec les laboratoires pharma : des molécules thérapeutiques actives et innovantes.
En parallèle, nous avons lancé début 2022 une douzaine de projets propriétaires de recherche de médicaments, principalement en oncologie et immuno-oncologie : on veut soigner des cancers !
Dans le monde, êtes-vous les seuls ?
De nombreuses start-up et laboratoires pharmaceutiques utilisent l’intelligence artificielle pour améliorer la recherche de médicaments. La différence d’Aqemia réside dans son approche basée sur de la physique fondamentale unique au monde. Cela nous permet de ne pas avoir besoin de résultats expérimentaux du passé sur lesquels entrainer l’IA. On peut donc trouver des médicaments pour des maladies ou cibles thérapeutiques nouvelles ou très peu étudiées. On a déjà prouvé notre capacité à trouver des molécules actives pour des cibles thérapeutiques dites « impossibles », par exemple avec Servier. C’est grâce à ces preuves concrètes que nous avons fait, si vite, plusieurs millions de chiffres d’affaires et avons levé 30M € pour développer nos propres médicaments.
Quelle est la force de vos collaborateurs ?
Emmanuelle Martiano et moi avons choisi, dès notre premier recrutement avec Quentin Chamayou (X2015), de parier sur une équipe resserrée, dense en talents. Des femmes et hommes très forts, capables de travailler en trans-disciplinaire, et soudés par le sens de notre mission : trouver des médicaments. Nous les appelons « T‑shaped » : la barre verticale symbolise la connaissance du métier métier, la barre horizontale symbolise la capacité à se connecter aux autres. Un tiers de notre équipe est issu de l’École polytechnique, un tiers nous a rejoints depuis l’étranger.
“L’équipe AQEMIA est extraordinairement forte techniquement et soudée par le sens de notre mission : trouver des médicaments, pour soigner.”
Recrutez-vous ?
Nous étions 20 au début 2022. Nous sommes 50 début 2023, nous pouvons doubler de taille d’ici la fin 2023, si nous trouvons les bonnes personnes.
Quel profil recherchez-vous ?
Nous recrutons en machine learning, physique, data, software engineering, chimie médicinale, chimie de synthèse, biologie… à tous les niveaux de séniorité. L’adhésion forte à la mission commune – soigner des gens malades – fait partie de notre ADN. Ça parait naïf de le dire, mais ça change tout pour nous.
Souhaitez-vous vous étendre dans d’autres régions du globe ?
Nous travaillons avec les plus grands laboratoires pharmaceutiques du monde, y compris ceux américains. Aqemia aura sans doute des bureaux à Boston en 2024.
Pourquoi avez-vous levé des fonds ?
Nous avons annoncé une levée de fonds de 30M € en septembre 2022. L’objectif est simple :
développer nos propres ccandidats-médicaments avec une douzaine de projets internes contre des cancers ;
continuer de grandir l’équipe et la technologie pour être les meilleurs au monde en recherche de médicaments, et pour augmenter notre empreinte aux États-Unis.
Que va permettre l’intelligence artificielle dans les années à venir ?
La recherche de médicaments est un processus long, qui peut prendre jusqu’à 12 ans et 2 milliards d’euros. Je crois que l’intelligence artificielle sera utilisée à toutes les étapes pour rendre plus efficace le processus de recherche et développement d’un médicament. Notre approche et notre technologie uniques au monde. Issues de la recherche fondamentale à l’ENS et au CNRS, nous positionnent comme pionniers et leaders dans ce domaine.
EN BREF :
Aqemia est une société pharmaceutique de nouvelle génération qui génère l’un des pipelines de découverte de médicaments à la croissance la plus rapide au monde. Notre mission est de concevoir des candidats-médicaments pour des dizaines de maladies. Ce qui nous distingue, ce sont des algorithmes uniques de mécanique quantique et statistique qui alimentent une IA générative pour concevoir de nouveaux candidats-médicaments.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.aqemia.com