Arianespace : un acteur incontournable de l’espace depuis 65 ans
2016 touche à sa fin. Comment s’est déroulée cette année pour Arianespace ?
2016 apparaît déjà comme une année remarquable, grâce à nos trois grands atouts : disponibilité, performance, fiabilité.
Avec nos trois systèmes de lancement Ariane 5, Soyuz et Vega, nous avons pu cette année encore fournir à nos clients, à la fois commerciaux et institutionnels, des services de lancement à l’heure et de qualité, pour tous types de satellites vers toutes les orbites.
Avec 8 lancements déjà effectués (au 8 novembre 2016), nous devrions être en mesure d’en réaliser 11 d’ici la fin de l’année, comme prévu.
Notre performance s’est illustrée quant à elle à travers deux records consécutifs de masse d’emport vers l’orbite de transfert géostationnaire, obtenus avec Ariane 5 (plus de 10,7 tonnes !).
Le lanceur lourd européen a par ailleurs confirmé sa fiabilité exceptionnelle, en signant le 5 octobre son 74e succès d’affilée depuis 2003, égalant le record établi par Ariane 4.
En près de 14 ans d’activité, Ariane 5 aura mis en orbite 145 satellites correspondant à plus de 623 tonnes ! Si tout se passe bien, nous devrions dépasser ce record lors du vol prévu le 17 novembre au service d’une mission emblématique pour l’Europe : Galileo.
Avec Soyuz, en coopération avec l’agence russe Roscosmos, nous avons désormais réalisé 41 lancements. S’agissant de Vega, nous avons confirmé la grande capacité du jeune lanceur léger, avec 7 missions, toutes réalisées avec succès.
Ces atouts nous ont permis de conserver notre leadership sur le marché commercial. Nous avons déjà signé 6 nouveaux contrats de lancement de satellites avec Ariane 5, dont 4 représentant près de 50 % du marché ouvert à la concurrence cette année, qui n’est pas encore terminée. À cela s’ajoutent 2 nouveaux contrats de lancement sur Vega et 2 autres sur Soyuz.
Notre carnet de commandes dépasse ainsi les 5 milliards d’euros et nous assure une activité intense pour les prochaines années : 21 Ariane 5, 27 Soyuz (dont 21 pour la constellation One Web) et 9 Vega.
Quelles sont les évolutions que vous avez pu observer sur le marché ?
Si certains de nos clients sont soumis à des contraintes économiques, nous voyons déjà apparaitre de nouveaux relais de croissance, qui devront être confirmés, notamment à travers les projets de constellations, mais aussi de nouvelles technologies de satellites liées à la propulsion électrique, ou encore aux satellites de télécommunication haut débit et multifaisceaux, dits “ High Throughput Satellites ”.
Y sont associées de nouvelles applications spatiales, comme la connectivité globale par satellite promettant de réduire la fracture numérique, ainsi que toutes les applications liées à la mobilité (internet dans les avions ou les bateaux), le Big Data et l’internet des objets.
De nouveaux acteurs souhaitent par ailleurs disposer de leurs propres satellites : ce n’est pas un hasard si cette année, nous avons lancé un satellite d’observation pour le Pérou, un satellite de connectivité globale pour l’Australie, et enfin le premier satellite entièrement dédié à des services financiers pour une grande banque indonésienne.
Comment vous y êtes-vous adaptés ?
Avec sa famille de trois lanceurs, Arianespace est en mesure d’accomplir une grande variété de missions et de satisfaire les besoins des gouvernements comme des opérateurs commerciaux.
AVEC SA FAMILLE DE TROIS LANCEURS, ARIANESPACE EST EN MESURE D’ACCOMPLIR UNE GRANDE VARIÉTÉ DE MISSIONS ET DE SATISFAIRE LES BESOINS DES GOUVERNEMENTS COMME DES OPÉRATEURS COMMERCIAUX. LA CONFIANCE DES OPÉRATEURS DE SATELLITE HISTORIQUES ET DES NOUVEAUX ENTRANTS EST UNE GRANDE FIERTÉ POUR ARIANESPACE.
La confiance des opérateurs de satellite historiques et des nouveaux entrants est une grande fierté pour Arianespace.
Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Malgré les récentes difficultés de nos compétiteurs, la concurrence est là, et nous impose une pression sans précédent sur les prix, sur tous les segments du marché.
Une nouvelle génération de lanceurs éclora lors de la prochaine décennie, issue d’entreprises privées américaines, mais aussi de nouvelles puissances comme l’Inde.
Notre réponse à ce contexte concurrentiel a deux noms : Ariane 6 et Vega C, plus compétitives et encore mieux adaptées aux besoins de nos clients.
À la différence d’Ariane 5, le nouveau lanceur Ariane 6 sera modulaire, avec une version lourde « Ariane 64 » pour lancer jusqu’à 10,5 tonnes vers l’orbite de transfert géostationnaire, ainsi qu’une version moyenne « Ariane 62 », particulièrement adaptée aux satellites institutionnels.
Grâce au moteur rallumable Vinci de son étage supérieur, Ariane 6 pourra « accrocher » le marché prometteur des méga-constellations, tout en répondant aux opportunités offertes par la propulsion électrique des satellites.
Quant à Vega C, elle sera plus flexible, plus performante que Vega, et parfaitement adaptée au marché des petits satellites.
À terme, elle se verra par ailleurs dotée d’un système de lancement multiple.
Où en êtes-vous de ces futurs lanceurs Ariane 6 et Vega C ?
2016 a été une année clé. Le Conseil de l’ESA a donné le coup d’envoi final du programme Ariane 6 le 13 septembre lors de la Program Implementation Review (« PIR »). Le contrat entre l’ESA et le maître d’œuvre industriel ASL a ainsi pu être signé le 9 novembre, avant même la conférence ministérielle de Lucerne, prévue en décembre.
Les planètes sont donc alignées pour que nous puissions débuter la commercialisation d’Ariane 6 et de Vega C dès la fin de l’année, pour un vol inaugural d’Ariane 6 en 2020, et de Vega C dès 2019. Je dois rappeler qu’à ces nouveaux lanceurs est associée une nouvelle gouvernance, marquée par le transfert de la compétence de conception des lanceurs des agences vers l’industrie, ainsi que par le rapprochement entre Arianespace et ses deux maîtres d’oeuvre industriels, Airbus Safran Launchers s’agissant de la famille Ariane, et Avio-ELV pour Vega.
Comment vous préparez-vous à l’avenir ?
Quels sont vos enjeux, mais aussi vos perspectives ?
L’évolution de la gouvernance d’Arianespace apparaît comme un nouveau départ. Elle promet une filière plus intégrée, assurant une meilleure continuité entre le produit et le marché, permettant de faire preuve de davantage d’agilité et de réactivité.
EN BREF
Pour mettre l’espace au service d’une vie meilleure sur Terre, Arianespace garantit l’accès à des services et solutions de transport spatial pour tout type de satellites, institutionnels et commerciaux, vers toutes les orbites.
Depuis 1980, Arianespace a mis en orbite plus de 540 satellites, grâce à ses 3 lanceurs (Ariane, Soyuz et Vega), depuis l’Amérique du sud en Guyane française et depuis l’Asie centrale à Baïkonour.
La société, dont le siège social se situe à Évry, France, est également implantée à Kourou (avec l’établissement de Guyane au Centre Spatial Guyanais, Port spatial de l’Europe), à Washington D.C., à Tokyo et à Singapour. CA en 2015 : 1,4 milliard d’Euros.
L’enjeu pour Arianespace est de maintenir dans ce contexte les facteurs clés qui ont fait son succès depuis plus de 35 ans. L’espace n’a jamais offert autant de possibilités et de promesses aux citoyens d’améliorer leur vie sur Terre, et l’Europe spatiale doit conserver une place centrale dans cette grande aventure humaine.
À ce titre, l’Union européenne a présenté, pour la première fois fin octobre, sa stratégie spatiale à long terme, consacrant l’espace comme un enjeu stratégique pour l’Europe.
Elle a rappelé la nécessité de poursuivre les programmes ambitieux que sont Galileo et Copernicus, mais pas seulement, avec des ambitions nouvelles au service de la connectivité globale, de la surveillance et de la protection de l’environnement ou encore de la défense et de la sécurité.
Et dans le prolongement d’Ariane 6, l’Europe des lanceurs réfléchit déjà à une nouvelle filière de propulsion à bas coûts. Bref, les projets ne manquent pas, et nous avons à coeur de relever les défis de l’avenir.