Aspirant Lucie MOULIN, mon stage FHM au GIGN
L’envie, lors de la formation militaire et humaine, d’avoir un stage militaire lui offrant un milieu radicalement différent, a été particulièrement comblée avec le choix du GIGN. Selon ses propos, Lucie s’est retrouvée dans une « meute » plutôt que dans un groupe, mais semble s’en être bien tirée.
Dès la première semaine de l’« inkhorporation » à l’X, j’avais pris très à cœur le choix de mon stage militaire : je voulais changer radicalement de milieu, me confronter à des personnes très différentes.
Avant de me plonger pour plusieurs années dans le monde des ingénieurs, il me fallait une aventure particulière, une sensation unique, et surtout un apprentissage qui ne serait pas académique pour une fois…
Le GIGN m’apparut comme une évidence : depuis mon enfance, j’ai toujours été plus à l’aise au sein de milieux « masculins », en recherche perpétuelle de défis et de sensations fortes.
Après deux mois passés à l’École des officiers de la Gendarmerie nationale, j’intégrais enfin le GIGN en qualité de stagiaire au sein de la cellule R & D, où mon travail s’articulerait principalement autour de la veille technologique et de la politique d’équipement.
APPRENTISSAGE
Dès mon premier jour, les yeux et les oreilles grands ouverts, je restais à l’écoute de tout ce qu’on pouvait m’apprendre sur le comportement à tenir, selon les bons conseils reçus lors de ma formation.
Toutefois, au sein d’une unité spéciale, je n’avais pas seulement affaire à un groupe, mais à une « meute » où ce n’est pas la hiérarchie, mais bien le mérite et le courage qui font foi. Inutile de préciser que ce n’étaient ni ma carrure, beaucoup moins imposante que celles des opérationnels, ni mon graton d’aspirant qui me permettraient de me faire une place.
J’entends encore un adjudant-chef me dire en me tendant un badge : « Tiens ! Tu es polytechnicienne, tu devrais bien deviner à quoi il sert. » Me faire accepter par ce milieu très fermé a sûrement constitué l’un de mes plus grands défis.
ACQUÉRIR DES RESPONSABILITÉS
Après plusieurs semaines d’observation, je commençais à entrevoir le fonctionnement implicite de l’unité. Mon travail au sein de la cellule R & D du GIGN me permettait de côtoyer les différentes cellules spécialisées de l’unité.
Et peu à peu, je recevais des dossiers de la part de différents opérationnels, ce qui me permettait de gagner leur confiance et de leur montrer mon utilité. Je fus alors autorisée à participer à des exercices, tantôt otage, tantôt terroriste.
Ces jeux de rôle peuvent paraître distrayants – beaucoup de vols en hélicoptère, d’exfiltration, j’apprenais à tirer – mais je les exerçais toujours avec beaucoup de sérieux : s’il y a bien une chose à garder en tête à chaque entraînement, c’est qu’il s’agit de leur seule préparation avant le feu du terrain.
Ce qu’ils font aujourd’hui, ils peuvent être amenés à le faire demain, et cette fois pour sauver des vies.
SE DÉCOUVRIR
Vous vous demandez peut-être comment gagner sa place en tant que femme au sein d’une unité d’élite ? Je répondrais qu’il y a certes une « place à gagner », mais être un homme ou une femme n’y change rien : il faut démontrer ses qualités physiques, et surtout morales, montrer que l’on partage les mêmes valeurs indispensables à la pratique d’un métier à haut risque : l’esprit de groupe, l’abnégation, le goût de l’effort, la bravoure.
J’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de montrer que je partageais ces valeurs, notamment lors d’un entraînement adapté aux non-opérationnels de l’unité, au cours duquel saut de pont, traversée de buse, mission d’exfiltration, parcours de tirs et d’obstacles permettaient de tester la volonté de chacun.
Toutes ces valeurs, juste entrevues à La Courtine, n’ont pris un véritable sens que lors de mon passage au GIGN. Si je ne devais en retenir qu’une seule, ce serait l’esprit de groupe et de camaraderie.
Cette valeur est essentielle dans les missions. J’entends encore l’ex- commandant du GIGN, le général Bonneau, s’adressant à ses troupes, affirmer que « tout seul, on n’est rien. En opération, c’est le collectif qui fait notre force. »
Bien que dans les différentes missions, les opérationnels se retrouvent souvent confrontés à eux-mêmes, la réussite se joue avant tout dans le groupe.