Asset Impact facilite l’accès à de la donnée ESG indépendante et transparente pour les acteurs de la finance

Dossier : Vie des entreprises, FintechMagazine N°798 Octobre 2024
Par Noémie KLEIN

Pour accé­lé­rer la tran­si­tion vers la neu­tra­li­té car­bone, les acteurs finan­ciers doivent repen­ser et opti­mi­ser les stra­té­gies d’investissement et d’accompagnement des entre­prises. Dans cette démarche, la don­née cli­ma­tique joue un rôle cru­cial. Noé­mie Klein, CEO and Chief Impact Offi­cer d’Asset Impact, nous explique com­ment son entre­prise faci­lite l’accès à une don­née gra­nu­laire, indé­pen­dante et trans­pa­rente au sec­teur de la finance afin de mieux sou­te­nir la tran­si­tion écologique.

Qu’est-ce qu’Asset Impact ?

Dans la conti­nui­té des rap­ports publiés par le GIEC autour de l’urgence cli­ma­tique, l’enjeu col­lec­tif est de limi­ter le réchauf­fe­ment de la pla­nète à 1,5° et d’atteindre la neu­tra­li­té car­bone à hori­zon 2050. Le mon­tant glo­bal des inves­tis­se­ments néces­saires est aujourd’hui esti­mé à près de 9 tril­lions par an jusqu’en 2050. 

Dans cette tran­si­tion, les ins­ti­tu­tions finan­cières ont un rôle cri­tique à jouer. Les banques, les ges­tion­naires d’actifs, les assu­rances et les fonds de pen­sion notam­ment ont besoin de bien com­prendre les entre­prises dans leurs por­te­feuilles pour mieux éva­luer les risques et oppor­tu­ni­tés cli­ma­tiques, flé­cher leurs inves­tis­se­ments et accom­pa­gner les entre­prises dans leurs efforts de décarbonation.

Dans ce contexte, le cœur de métier d’Asset Impact est jus­te­ment de mettre à dis­po­si­tion de ces acteurs finan­ciers des don­nées détaillées, com­pa­rables, et pros­pec­tives sur les entre­prises et les actifs phy­siques qu’elles détiennent, pour leur per­mettre de déve­lop­per une meilleure com­pré­hen­sion et visi­bi­li­té de la com­po­si­tion de leurs por­te­feuilles finan­ciers et de leur impact dans l’économie réelle. Aujourd’hui, nous tra­vaillons avec de nom­breux acteurs ban­caires en France, comme la Socié­té Géné­rale ou encore BNP Pari­bas, et à l’international avec Bar­clays, HSBC, ING ou encore BBVA, ain­si qu’avec des inves­tis­seurs comme MassMutual.

Asset Impact, qui emploie près de 25 per­sonnes, fait, par ailleurs, par­tie du groupe GRESB, réfé­rence en matière de bench­mark ESG pour les inves­tis­se­ments en immo­bi­lier et en infrastructure.

En quoi consiste votre activité concrètement ? 

Asset Impact col­lecte des don­nées sur plus de 336 000 actifs phy­siques, essen­tiel­le­ment des sites indus­triels et des actifs mobiles, de 11 sec­teurs (éner­gie, trans­port, indus­trie lourde…) et relie ces actifs à plus de 66 000 entre­prises dans le monde entier. Nos don­nées couvrent les entre­prises (cotées, non-cotées, publiques, joint-ven­tures, etc.) res­pon­sables de plus de 75 % des émis­sions glo­bales de gaz à effet de serre.

Pour cha­cun de ces actifs, tels qu’un parc éolien ou une usine de pro­duc­tion auto­mo­bile, Asset Impact est en mesure de four­nir des infor­ma­tions sur leur loca­li­sa­tion, leur struc­ture action­na­riale, l’année de mise en ser­vice et l’année pré­vue de fer­me­ture, leur pro­duc­tion et, bien évi­dem­ment, leurs émis­sions de gaz à effet de serre pas­sées, pré­sentes, et futures. Nous conso­li­dons ensuite ces infor­ma­tions au niveau de cha­cune des entre­prises liées à ces actifs.

Afin de four­nir ces don­nées à nos clients, nous nous appuyons sur divers métiers com­plé­men­taires struc­tu­rés autour de pôles de com­pé­tences. Nous avons ain­si un pôle dédié à la R&D. Dans le cadre de notre acti­vi­té, nous avons opté pour une approche dite « asset based » qui s’appuie sur des don­nées déri­vées des actifs phy­siques. Cette approche est unique, les acteurs du mar­ché et autres four­nis­seurs de don­nées s’appuyant encore majo­ri­tai­re­ment sur des don­nées agré­gées com­mu­ni­quées par les entre­prises elles-mêmes. Les don­nées divul­guées par les entre­prises sont hété­ro­gènes, chaque entre­prise uti­li­sant sa propre métho­do­lo­gie de col­lecte des don­nées et de cal­cul, alors que les hypo­thèses uti­li­sées ne sont pas tou­jours expli­ci­tées. Notre approche apporte de la com­pa­ra­bi­li­té entre les entre­prises et de la trans­pa­rence, deux aspects impor­tants dans notre secteur.

En paral­lèle, nous menons de nom­breuses recherches pour étendre notre cou­ver­ture sec­to­rielle d’actifs phy­siques. Nous déve­lop­pons éga­le­ment d’autres métho­do­lo­gies de conso­li­da­tions finan­cières et de cal­cul des émis­sions d’actifs de sec­teurs sup­plé­men­taires, et nous nous pen­chons sur d’autres sujets urgents tels que la pro­tec­tion de la bio­di­ver­si­té. Asset Impact est le fruit des recherches d’un think tank, et l’approche scien­ti­fique ain­si que les par­te­na­riats avec des uni­ver­si­tés et orga­nismes de recherche res­tent au cœur de notre approche.

Notre second pôle se concentre sur les pro­duits, c’est-à-dire la don­née, les indi­ca­teurs, les ana­lyses que nous met­tons à dis­po­si­tion des acteurs finan­ciers. Concrè­te­ment, nos « pro­duits » prennent notam­ment la forme de don­nées brutes liées aux entre­prises et d’analyses acces­sibles en fichier Excel ou direc­te­ment sur notre pla­te­forme en ligne.

On retrouve bien évi­dem­ment aus­si chez Asset Impact tous les métiers de la data, des data ana­lysts, des data scien­tists, des data engi­neers et des front-end déve­lop­peurs, qui tra­vaillent à l’optimisation conti­nue de notre base de don­nées, contri­buent à la pro­duc­tion et la livrai­son de nos don­nées aux clients, ain­si qu’à la ges­tion de notre plateforme.

En plus, nous avons une équipe char­gée d’acquérir de la don­née chez dif­fé­rents four­nis­seurs ou direc­te­ment sur le web, ain­si qu’une équipe qui va gérer le volet juri­dique afin de sécu­ri­ser les négo­cia­tions autour des licences com­mer­ciales pour l’achat et la vente des données.

Enfin, nous avons aus­si des res­sources dédiées au busi­ness deve­lop­ment, à la com­mer­cia­li­sa­tion et au marketing.

Vous mettez donc la donnée et l’ESG au service d’un pilotage plus fin des transitions et notamment des questions relatives au climat. Dites-nous en plus sur cette dimension. 

En effet, les acteurs finan­ciers uti­lisent ces don­nées pour cal­cu­ler l’empreinte car­bone de leur por­te­feuille ain­si que l’alignement de celui-ci avec la tra­jec­toire car­bone « net zéro », éva­luer leur expo­si­tion aux actifs émet­teurs déte­nus par les entre­prises et les plans de tran­si­tion de celles-ci, ou encore pour déter­mi­ner des objec­tifs de décar­bo­na­tion de leur portefeuille.

Dans ces démarches, Asset Impact met à leur dis­po­si­tion des don­nées indé­pen­dantes afin de com­plé­ter, ques­tion­ner et confron­ter leurs propres don­nées dans une logique d’optimisation du pilo­tage de leurs por­te­feuilles et, in fine, de leur impact sur les tran­si­tions en cours.

Dans un contexte de forte pres­sion régle­men­taire et du dur­cis­se­ment des exi­gences, notam­ment celles de l’Autorité ban­caire euro­péenne au titre du pilier 3 pour les risques ESG ou encore la direc­tive euro­péenne CSRD (Cor­po­rate Sus­tai­na­bi­li­ty Repor­ting Direc­tive), nos don­nées sont éga­le­ment uti­li­sées par les entre­prises pour répondre aux nou­velles obli­ga­tions de repor­ting ou de divul­ga­tion d’information sur le cli­mat. Nous col­la­bo­rons, d’ailleurs, avec les banques cen­trales et les auto­ri­tés de super­vi­sion finan­cière pour amé­lio­rer ces dif­fé­rents processus.

Aujourd’hui, quel est le niveau de maturité des entreprises sur ces questions ? Quels sont les efforts qu’il faut encore fournir pour une pleine conscience et prise en compte de ces enjeux ?

Au lan­ce­ment d’Asset Impact, il y a déjà plus de 5 ans, nous tra­vail­lions essen­tiel­le­ment avec les dépar­te­ments RSE autour de la pro­duc­tion de leurs rap­ports annuels de déve­lop­pe­ment durable ou cli­mat. Alors que les ins­ti­tu­tions finan­cières gagnent en matu­ri­té sur ces sujets et replacent ces ques­tions au cœur de leurs pré­oc­cu­pa­tions stra­té­giques, nos inter­lo­cu­teurs ont chan­gé. De plus en plus, nous tra­vaillons avec les dépar­te­ments de ges­tion des risques, le front office qui est en charge de la rela­tion client…. Cette évo­lu­tion s’explique aus­si par le fait que les acteurs finan­ciers ont pris conscience que ce sujet impacte toute leur orga­ni­sa­tion et qu’ils doivent donc l’appréhender de manière col­lec­tive et globale.

À ce niveau, notre enjeu est de mettre à leur dis­po­si­tion des don­nées tou­jours plus pré­cises, trans­pa­rentes et indé­pen­dantes afin qu’ils puissent les inté­grer dans leur cœur de métier.

Dans un contexte réglementaire où le reporting extra-financier pose aujourd’hui un enjeu de conformité, comment vous projetez-vous sur le marché ? 

L’obligation régle­men­taire autour du repor­ting extra-finan­cier a voca­tion à faci­li­ter la prise d’action cli­ma­tique et envi­ron­ne­men­tale. Pour se mettre en confor­mi­té, les acteurs finan­ciers, à l’instar de tous les sec­teurs et les entre­prises concer­nées, vont devoir mobi­li­ser des res­sources, des infra­struc­tures et mettre en place des métho­do­lo­gies et des pro­ces­sus. En notre qua­li­té de four­nis­seur de don­nées, notre rôle est de mettre à leur dis­po­si­tion des pro­duits qui vont faci­li­ter et amé­lio­rer ce tra­vail de repor­ting, notam­ment dans le cadre des règle­men­ta­tions pré­cé­dem­ment men­tion­nées. Cette dimen­sion repré­sente donc une véri­table oppor­tu­ni­té busi­ness pour Asset Impact.

Et dans ce contexte qui replace la data et l’ESG au cœur des enjeux, comment vous projetez-vous ? 

Asset Impact découle du think tank 2° Inves­ting Ini­tia­tive (2DII) qui tra­vaille à l’alignement du sec­teur finan­cier avec l’Accord de Paris et qui, dans ce cadre, a lan­cé il y a quelques années un pro­jet de recherche pour aider les ins­ti­tu­tions finan­cières à éva­luer l’alignement de leur por­te­feuille avec les tra­jec­toires bas car­bone. À cette époque, c’était encore un sujet tota­le­ment inédit pour le sec­teur de la finance qui avait essen­tiel­le­ment accès à des don­nées com­mu­ni­quées par les entre­prises, des don­nées agré­gées qui ne pou­vaient pas être rap­pro­chées ou com­pa­rées. Le fruit de ces recherches a per­mis de créer la pre­mière base de don­nées « asset-based » glo­bale ain­si et l’outil gra­tuit et open source PACTA (Paris Agree­ment Capi­tal Tran­si­tion Assess­ment). Asset Impact a vu le jour dans cette conti­nui­té pour mettre ces don­nées à dis­po­si­tion du marché,

La recherche de plus de gra­nu­la­ri­té, de com­pa­ra­bi­li­té et de trans­pa­rence se pour­suit actuel­le­ment. Les récentes régle­men­ta­tions en la matière viennent légi­ti­mer notre approche et confirment la néces­si­té d’avoir accès à des don­nées qui reflètent la réa­li­té sur le ter­rain afin de mieux pilo­ter et moni­to­rer la per­for­mance extra-finan­cières des entre­prises et, in fine, mettre en place les bonnes stra­té­gies et actions en retour notam­ment en termes de réduc­tion des émis­sions. En tant que four­nis­seur de don­nées, notre mis­sion pre­mière et notre ambi­tion sont d’étendre la cou­ver­ture de nos don­nées pour accom­pa­gner les acteurs finan­ciers dans les dif­fé­rents aspects de la tran­si­tion, et de leur pro­po­ser des outils qui leur per­mettent de se concen­trer sur leur cœur de métier, le finan­ce­ment de la tran­si­tion. 

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