Avant-propos
X-action a été fondé après le grand colloque du Bicentenaire de l’École polytechnique de 1994 pour mobiliser la communauté polytechnicienne sur les enjeux de la Société française. Plusieurs numéros de La Jaune et la Rouge ont été consacrés à l’emploi, à l’exclusion et à la formation. Ce sont les mutations sociales et les voies nouvelles qui font l’objet du présent dossier qui a été préparé par Jean Werquin (38), Lucien de Somer d’Assenoy et Jean-Noël Lhuillier (58), tous trois membres de X‑Action.
Les évolutions rapides de la technologie ont des conséquences sur les sociétés humaines et donc sur les mutations sociales que nous vivons actuellement et qui se développeront dans un futur proche. On pourrait envisager de ralentir ces évolutions : c’est pratiquement impossible en raison de la créativité des hommes dans un monde ouvert par les communications.
On peut observer le développement des moyens de transport et de télécommunication qui entraîne la mondialisation des échanges économiques et culturels. Les changements qui en résultent concernent à la fois la vie économique, les marchés des produits nouveaux et conduisent à une concurrence, qui peut déstabiliser des professions entières. Ce sont ces changements qui ont fait disparaître de nos pays riches des industries de main-d’œuvre comme le textile ou les industries minières.
L’évolution future aura des effets sur la nature de l’emploi. Dans les pays développés, les emplois liés aux progrès technologiques seront de plus en plus nombreux et demanderont une formation initiale ou continue, évoluant rapidement et de plus en plus performante. De ce fait, les élites des pays en voie de développement seront tentées par des carrières plus rémunératrices offertes par les pays développés. Ce type de rupture que l’on peut déjà observer peut entraîner de grands risques d’instabilité.
Par ailleurs, jusqu’à ces dernières années, les sociétés évoluaient suffisamment lentement pour que les anciens puissent transmettre leur expérience aux plus jeunes. Actuellement, la rapidité des changements fait qu’au cours de sa vie professionnelle un individu devra apprendre plusieurs fois de nouveaux concepts ou processus sur lesquels il devra acquérir lui-même son expérience.
Les mutations sociales seront forcément rapides donc difficiles à supporter par le corps social. Elles concerneront non seulement les pays développés mais plus encore les pays en voie de développement.
Les institutions classiques, naturellement stables et parfois rigides, auront de grosses difficultés à s’adapter. Il pourrait y avoir des ruptures, dangereuses pour la paix du monde.
Au vu de ce constat, il est important que de nouvelles voies applicables et supportables par le corps social soient définies et expérimentées rapidement. Le rôle des associations dans ces nouvelles voies sera essentiel en raison de leur souplesse et de leur proximité du terrain. Encore faut-il que leurs interventions s’effectuent dans un cadre politique accepté par tous. Il sera certainement difficile de se mettre d’accord sur cette sorte de constitution mondiale en raison des cultures différentes des grandes régions du monde, mais il faut s’atteler à cette tâche.
Le dossier qui est présenté dans ce numéro est une contribution à la réflexion sur les actions à mener pour adapter le mieux possible nos sociétés aux changements rapides actuels et futurs.
Je tiens à remercier les auteurs des articles et les trois organisateurs de ce dossier qui suscitera sans nul doute un abondant courrier de nos lecteurs.