Avis de tempête sur le climat
Les 26 et 27 décembre 1999, deux ouragans comme on n’en avait pas vu de mémoire d’homme ravageaient la France, le premier au nord, le second au sud. Qui ne s’est à l’époque posé la question : et si c’était de notre faute à nous, l’espèce humaine ? Certes, on avait déjà attribué des anomalies du climat aux inventions (guerrières) de l’humanité. La bombe atomique comme… la bombarde ont été ainsi en leur temps mises en examen.
Qu’en est-il aujourd’hui, alors qu’au cours du dernier demi-siècle nos connaissances sur l’atmosphère, sa constitution et sa dynamique se sont considérablement accrues ? Chroniqueuse scientifique appréciée des auditeurs de Radio France, Marie-Odile Monchicourt a décidé de mener l’enquête. Et, comme dans toute affaire policière, elle va interroger un témoin. Pour lui extorquer des aveux ? un peu vers la fin ; mais surtout pour lui faire dire dans un langage accessible à tous quels sont les faits, leurs causes présumées, leur enchaînement et leurs conséquences probables.
Robert Kandel, climatologue de réputation internationale, s’est prêté à ce jeu. Soumis à la question, il démonte en termes simples le mécanisme qui, grâce à l’apport d’énergie du rayonnement solaire, maintient en équilibre thermique notre vaisseau spatial, la Terre. Il explique au passage le cycle de l’eau, l’effet de serre et l’effet parasol. Puis, il nous fait reconnaître les indices d’un changement en cours : ampleur inusitée à la fin du XXe siècle du phénomène connu sous le nom d’El Nino, augmentation de la teneur de l’atmosphère en CO2 depuis les débuts de l’ère industrielle, réchauffement faible mais avéré ; après avoir longtemps stagné, la température moyenne de la Terre s’est élevée de 0,5 °C entre 1975 et aujourd’hui.
Peut-on alors identifier des coupables ? Au banc des accusés figurent : l’activité solaire, le volcanisme et le développement des sociétés humaines qui entraînent une consommation intensive de combustibles fossiles, gigantesque pourvoyeuse de gaz à effet de serre. Mais pour prononcer un jugement, l’information manque. Le climatologue modélise avec ses connaissances du moment. La capacité des plus puissants ordinateurs disponibles est encore insuffisante. Les prédictions sont incertaines. Il existe cependant des mesures à prendre pour éviter le pire qui serait une évolution incontrôlée du climat. La principale est de bon sens : diminuer une consommation irresponsable de combustibles fossiles.
En cinquante pages, l’essentiel est exposé, les certitudes comme les incertitudes, et le lecteur dispose d’une information exprimée sans formules dans un style clair et rendu vivant par le jeu des questions et réponses. C’est du condensé mais validé par la qualité de l’expert interrogé.
Ce petit livre fait partie d’une récente série de fascicules bon marché, tous bâtis sur le même modèle. Ils visent à faire, sous la forme d’une enquête rondement menée par Marie-Odile Monchicourt auprès d’un chercheur à la compétence reconnue, le tour d’un sujet de science ou de technique associé à des problèmes de société. Les questions sont inspirées par les ignorances, les enthousiasmes ou plus souvent les craintes du citoyen lambda. C’est à ce dernier que la série est destinée même si le scientifique loin de son domaine d’expertise peut y trouver son compte.
En résumé, voici une entreprise originale de popularisation de la science à recommander autour de soi.