Bachelors (saison 2)
Vous les connaissez déjà : Abdelrahman, Agathe, Alexis, Maria et Raymond sont cinq étudiants que nous avions rencontrés à leur arrivée dans la toute première promotion du nouveau cursus Bachelor de l’École (voir JR n° 728 – octobre 2017). Nous sommes retournés les rencontrer un an après, au début de leur deuxième année sur le campus.
De gauche à droite : Abdelrahman, Alexis, Agathe, Maria et Raymond
Vous les connaissez déjà : Abdelrahman, Agathe, Alexis, Maria et Raymond sont cinq étudiants que nous avions rencontrés à leur arrivée dans la toute première promotion du nouveau cursus Bachelor de l’École (voir JR n° 728 – octobre 2017). Nous sommes retournés les rencontrer un an après, au début de leur deuxième année sur le campus.
Un vrai choc
De l’avis général, la première année a été dure : un vrai « crash test » ! Mais ils s’en sont sortis, même si ce fut au prix d’un travail acharné et quelquefois d’un peu de découragement, spécialement durant le premier hiver, long et gris sur le Platâl. Il faut dire que le manque d’activités extrascolaires, spécialement le week-end, aide pour s’investir dans le travail ! Alexis – pourtant visiblement habile à trouver les bons plans – compte « sur les doigts de la main » les occasions qu’ils ont eues de faire autre chose que bosser.
La charge de travail, très supérieure à celle dont ils avaient l’habitude au lycée, les a plutôt soudés entre eux : « Quand vous êtes sous la vague, c’est bon de voir que vos voisins dans le couloir sont dans le même état : ça rapproche ! » nous dit Maria. Mais c’est aussi la variété des matières abordées en première année qui les a surpris : pas moyen de se concentrer sur un sujet, il faut tout absorber ! « C’est aussi une richesse incroyable de cette formation », d’après Raymond : « Cette variété permet de mieux préciser notre projet pour les années à venir. »
À la sortie de première année, ils se rendent compte des progrès effectués, à une vitesse qui les impressionne eux-mêmes : « J’ai fait les mêmes choses que mon frère qui est en deuxième année à l’EPFL », dit Agathe, tandis qu’Alexis constate que leur programme se compare avec les prépas d’Henri-IV : « On a vraiment un niveau super, mais la reconnaissance n’est pas encore là. » Il leur faudra sans doute attendre pour cela que les premières promotions soient diplômées.
Il reste quand même peut-être un problème de langue : certains élèves n’ont pas vraiment le niveau nécessaire pour être à l’aise dans la vie courante en anglais. Ça contribue à l’isolement. Et aussi, le fait que beaucoup d’élèves sont francophones en première ou deuxième langue fait que ce qui devrait se passer en anglais bifurque souvent vers le français, au détriment de ceux qui ne maîtrisent pas bien le français.
La vie sur le Platâl : peut mieux faire
Ils se rendent compte qu’ils ont dû essuyer pas mal de plâtres : l’organisation générale, les cours, la vie étudiante… tout était nouveau pour eux comme pour l’École, mais ils reconnaissent volontiers que celle-ci n’a pas ménagé ses efforts pour résoudre les difficultés : « Tous les problèmes qui sont apparus ont été réglés. »
Bien sûr, ils vivent pour partie l’expérience de tous les jeunes de leur âge qui prennent leur envol et s’essaient à un début d’autonomie. Mais l’expérience de Palaiseau leur est particulièrement rude : « Quand on pense qu’il n’y a même pas de superette ! » s’indigne Maria. « Pour s’acheter le nécessaire, il faut partir en expédition la nuit à travers la forêt. » La difficulté se niche parfois dans des choses très pratiques : « Le vrai test, c’est d’avoir à faire sa lessive », avoue Alexis.
L’isolement leur pèse : leurs familles sont au loin, beaucoup n’ont pas de contacts à Paris, et restent le week-end sur le plateau, où il n’y a pas grand-chose à faire. Alors, ils travaillent, et travaillent encore… Heureusement, le sport, la gym, la piscine, le jogging autour du lac permettent de s’aérer un peu.
L’intégration à la vie étudiante de l’École n’est pas évidente : leur participation aux activités organisées par les élèves du cycle ingénieur s’est faite au cas par cas. Mais Maria se réjouit : « Cette année pour la première fois, nous allons pouvoir participer à la campagne de Caisse ! Les négociations avec la Kès pour organiser notre participation aux binets avancent bien, mais cela n’a pas été facile, et surtout très long ! » En fait, ils se rendent compte qu’il y a à l’École déjà deux communautés qui n’interagissent pas très spontanément, entre les élèves français et les étrangers, et que les bachelors viennent constituer un troisième groupe qui se situe un peu entre les deux.
Pour Agathe, « au début, c’était un peu comme si les élèves ingénieurs nous soupçonnaient de vouloir “resquiller” un accès à l’X sans passer par la case prépa. Mais en fait, la plupart d’entre nous sont sur un projet différent. »
“Partager une cuisine à 40
se révèle une expérience extra-ordinaire
de vivre ensemble”
Un groupe solidaire
Heureusement, le groupe des bachelors est bien soudé et il y règne une très bonne atmosphère. La vie commune dans leurs bâtiments actuels (pendant que se construit le bâtiment qui pourra regrouper tous les bachelors) est un point très positif. Pour Agathe, partager une cuisine à 40 semble au début un peu fou, mais se révèle une expérience extraordinaire de vivre ensemble. Et surtout, il n’y a pas de compétition entre eux : chacun peut aider l’autre en difficulté, sans se demander s’il y a vraiment intérêt : pas d’enjeux de concours entre eux !
Ils comptent bien profiter de leur expérience de cette première année pour aider la nouvelle promotion à trouver ses marques plus facilement : ils ont mis en place un système de parrainage entre eux pour aider les nouveaux à s’adapter, maintenant qu’ils savent où sont les difficultés et les pièges de cette première année.
Et ils abordent leur deuxième année avec plus de maturité et aussi optimisme : l’équilibre entre travail et temps libre s’améliore ; ils ont maintenant fait le choix de deux majeures, ce qui va leur permettre de travailler en ayant moins le sentiment de se disperser.
Et les filles ?
C’était visiblement un souci important de l’administration, qui a multiplié pour eux amphis d’information et autres mises en garde. Apparemment pour rien, et c’est heureux : les filles du groupe disent n’avoir jamais ressenti d’attitudes déplacées. Il faut dire qu’elles sont nettement plus nombreuses parmi les bachelors que dans le cycle ingénieur (35 %, contre moins de 20 % en général chez les X). La sociologie du groupe est aussi différente. Bref, pas de problème de ce côté-là, apparemment. Les filles ne semblent d’ailleurs pas trop désireuses qu’on les monte en épingle, sous ce motif ou sous un autre : « On ne nous a quand même pas recrutées uniquement pour faire monter les statistiques ! » s’amuse Agathe.
À suivre…
Ils commencent à penser à leur programme d’échange de troisième année : Maria s’imagine déjà au Mexique, tandis qu’Alexis voudrait aller à Toronto ou peut-être à l’EPFL et Agathe en Allemagne. Décidément, l’international est dans leurs chromosomes ! Mais certains resteront sans doute à Palaiseau pour valider leurs années d’études en France, et demander la nationalité française à l’issue.