Partage des données bancaires (DSP2) pour faciliter l'accès au crédit

Banaliser l’accès au crédit

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°766 Juin 2021
Par Jonathan DAHAN

Fon­dée en 2019, Fydem a déve­lop­pé un outil finan­cier faci­le­ment inté­gré et auto­ma­ti­sé qui, s’appuyant sur la data, per­met en quelques secondes d’accéder au cré­dit. Ce fai­sant Fydem démo­cra­tise l’accès au cré­dit. Ren­contre avec Jona­than Dahan, son CEO.

Quelle est la pertinence de votre outil de credit scoring ? 

Notre outil ana­lyse en quelques secondes la cré­di­bi­li­té finan­cière d’un emprun­teur, lui per­met­tant, en quelques clics, d’obtenir immé­dia­te­ment un cré­dit de manière inté­gra­le­ment digi­ta­li­sée. Ce type d’outil per­met à la fois de réduire les coûts d’exploitation des banques, pré­cieux avan­tage pour elles, de séduire les nou­velles géné­ra­tions qui en appré­cient la flui­di­té d’usage et d’accroître la fidé­li­té des consommateurs.

De notre côté, en maxi­mi­sant le recours à la data, notre objec­tif est de faci­li­ter la tran­si­tion d’une pra­tique de prêt tra­di­tion­nelle à des options de cré­dit alter­na­tives et par là même de bana­li­ser l’accès au crédit. 

Quel est aujourd’hui votre plafond d’emprunt ?

Les mon­tants emprun­tés se situent essen­tiel­le­ment en-deçà de 5 000 euros mais peuvent aller jusqu’à 50 000 euros.

Pour des rai­sons légales, ce type d’outil entiè­re­ment numé­rique ne peut tou­te­fois adres­ser pour l’heure que des cré­dits à la consom­ma­tion et non, par exemple, des cré­dits immobiliers.

Il répond par ailleurs à l’une des pro­blé­ma­tiques du com­merce élec­tro­nique sou­cieux de trou­ver des leviers inno­vants pour aug­men­ter la valeur moyenne du panier. 

Sur quelles solutions repose votre outil ?

L’outil se divise en deux par­ties. D’une part de l’onboarding, une solu­tion de véri­fi­ca­tion de l’IDentité en ligne qui per­met de s’assurer que la per­sonne en face de l’écran est bien celle qui appa­raît sur la pho­to du titre d’identité pré­sen­té. Pour ce faire, nous acti­vons un « Live­ness », un outil d’identification bio­mé­trique qui demande à l’emprunteur de bou­ger la tête laté­ra­le­ment et de haut en bas pour s’assurer que le visage cor­res­ponde bien à la pho­to pré­sen­tée. Cette tech­no­lo­gie de pointe per­met d’empêcher l’usurpation d’identité des consom­ma­teurs et d’améliorer l’expérience de leur enre­gis­tre­ment à distance.

Pour ce qui est du jus­ti­fi­ca­tif de domi­cile, nous l’obtenons direc­te­ment depuis l’espace per­son­nel télé­pho­nique de l’emprunteur, ce qui nous per­met de nous assu­rer que les infor­ma­tions qui y sont conte­nues sont bien conformes à celles décla­rées dans le for­mu­laire. La RGPD est res­pec­tée dès lors que le consen­te­ment est recueilli pour l’usage annon­cé : une demande de crédit.

Enfin, pour éva­luer la sol­va­bi­li­té, nous nous appuyons sur la direc­tive sur les ser­vices de paie­ment n°2 (DSP2).

La DSP2 contraint une banque à four­nir à une par­tie tierce ses don­nées client, si ce der­nier l’autorise évi­dem­ment. Les don­nées n’appartiennent donc plus de façon exclu­sive à la banque mais peuvent être par­ta­gées via des connexions sécu­ri­sées avec un ser­vice externe.

“En maximisant le recours à la data, notre objectif est de faciliter la transition d’une pratique de prêt traditionnelle à des options de crédit alternatives et par là même de banaliser l’accès au crédit.”

Une fois récu­pé­rées, elles vont nous per­mettre d’analyser un cer­tain nombre d’éléments : capa­ci­tés de rem­bour­se­ment, sol­va­bi­li­té, pro­fil de risque, endet­te­ment, cash-flow et autres indi­ca­teurs de risques (com­mis­sions d’intervention, jeux d’argent, chèques impayés…). C’est donc en nous appuyant sur un ensemble d’informations objec­tives que nous sommes capables d’estimer la pro­ba­bi­li­té de défaut de l’emprunteur.

La seconde par­tie de la solu­tion concerne le paie­ment en temps réel par l’émission d’une carte sécu­ri­sée à usage unique, conforme à la norme PCI-DSS. L’utilisation de la carte pré­sente les avan­tages sui­vants : expé­rience-client fluide (le client a l’habitude), pas d’intégration néces­saire dans le sys­tème de paie­ment du mar­chand et fonc­tion­ne­ment à l’international.

En s’appuyant sur les solu­tions Ban­king-as-a-Ser­vice (BaaS), la solu­tion est la seule sur le mar­ché qui per­met aux éta­blis­se­ments finan­ciers de s’affranchir des dif­fi­cul­tés liées aux délais de rétractation.

Votre outil, en ce qu’il est à même de faire parler les chiffres différemment, rebat-il les cartes face à l’accès au crédit ?

Il per­met effec­ti­ve­ment d’ouvrir l’accès au cré­dit à des typo­lo­gies d’emprunteurs qui habi­tuel­le­ment en sont exclus, notam­ment les tra­vailleurs en free-lance dont les reve­nus ne sont pas régu­liers. En effet, faute de don­nées et de temps, les banques ana­lysent des mil­lions de pro­fils d’emprunteurs sur la seule base de quelques indi­ca­teurs (reve­nus, taux d’endettement, reste à vivre…). 

Or désor­mais, le reve­nu et sa fré­quence ne sau­raient être les seuls élé­ments d’évaluation du risque. 

La fiabilité des profils jugés sûrs est-elle avérée ?

Oui car nous nous appuyons sur près de cen­taines de mil­liers d’historiques tran­sac­tion­nels ban­caires, enri­chis en per­ma­nence de nou­velles sources de don­nées aux­quelles nous pou­vons avoir accès, et qui per­mettent une vue com­plète de la situa­tion finan­cière de l’emprunteur et donc une grande per­ti­nence de notre évaluation. 

Par ailleurs, les back-tests menés avec nos clients pour juger de la per­ti­nence de notre outil ont don­né de très inté­res­sants résultats.

Le fait est que les banques uti­lisent encore des modèles d’apprentissage sta­tis­tique issus de l’actuariat. Datant des années 70, ils sont bien moins per­for­mants que ceux que nous uti­li­sons, qui eux datent des années 2010 et sont issus du machine lear­ning. La pré­sence de poly­tech­ni­ciens dans nos équipes nous per­met un fort poten­tiel en la matière.

Émission de la carte à usage unique pour faciliter l'accès au crédit.
Émis­sion de la carte à usage unique.

Quelles sont les banques aujourd’hui intéressées par votre outil et quels sont vos axes de croissance ?

Les banques sont nom­breuses à être inté­res­sées dont cer­taines sont fran­çaises. Pour notre part, nous nous foca­li­sons essen­tiel­le­ment sur l’Europe, tout en déve­lop­pant quelques acti­vi­tés à l’international, notam­ment au Bré­sil où nous tra­vaillons déjà avec une filiale de Meilleurtaux.com.

Les taux d’intérêt par­ti­cu­liè­re­ment bas en rai­son de poli­tiques moné­taires très accom­mo­dantes et des clients qui désor­mais pré­fèrent mul­ti­plier les ser­vices et s’avèrent de moins en moins fidèles à leur banque contri­buent à for­te­ment secouer le busi­ness model de la banque de détail. Paral­lè­le­ment, 6 clients ban­caires sur 10 viennent aujourd’hui pour un cré­dit. Il reste donc pour les banques le moyen le plus sûr d’acquérir des clients. Elles ont donc besoin d’octroi mais aus­si d’estimer la valeur d’un client pour à la fois juger s’il est oppor­tun de l’intégrer dans son por­te­feuille et déter­mi­ner com­bien dépen­ser pour l’attirer. Déve­lop­per ces indi­ca­teurs d’aide à la déci­sion est pour nous un nou­vel axe de crois­sance. Pour sécu­ri­ser notre déve­lop­pe­ment, nous sommes en cours de levée de fonds, pour plu­sieurs dizaines de mil­lions d’euros.

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