Sfil

Un parcours, des enjeux, des succès et des rencontres !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°797 Septembre 2024
Par François LAUGIER (X85)

Fran­çois Lau­gier (X85), direc­teur géné­ral adjoint de Sfil, revient sur son par­cours et son pas­sage à l’École poly­tech­nique. Il nous en dit éga­le­ment plus sur Sfil, cette banque publique de déve­lop­pe­ment qui est aujourd’hui à la croi­sée d’enjeux essentiels.

Des bancs de Polytechnique au monde de la finance, quelles ont été les étapes de votre carrière ? 

Diplô­mé de Poly­tech­nique et des Ponts & Chaus­sées, j’ai débu­té ma car­rière pro­fes­sion­nelle dans un cabi­net de conseil. Cette pre­mière expé­rience pro­fes­sion­nelle a été par­ti­cu­liè­re­ment struc­tu­rante, car elle m’a per­mis de com­plé­ter et d’élargir ma for­ma­tion d’ingénieur en déve­lop­pant des capa­ci­tés de com­mu­ni­ca­tion, de syn­thèse, d’animation… et d’adaptation.

Au bout de quatre ans, j’ai rejoint le Cré­dit Local de France. À l’époque, je n’avais pas for­cé­ment d’appétence par­ti­cu­lière pour le finan­ce­ment des col­lec­ti­vi­tés locales. Ce choix a été avant tout le fruit de la ren­contre de plu­sieurs per­sonnes qui m’ont don­né envie de tra­vailler avec elles. Cette dimen­sion humaine est, d’ailleurs, un fil conduc­teur impor­tant dans ma car­rière. J’ai, en effet, tou­jours accor­dé une impor­tance pri­mor­diale aux hommes et aux femmes avec qui je tra­vaille et col­la­bore au quotidien ! 

J’ai eu l’opportunité d’occuper diverses fonc­tions de siège et de réseau au CLF, avant de par­tir tra­vailler à l’étranger pen­dant 5 ans en Ita­lie. De retour en France en 2004, Cré­dit Local de France était deve­nu Dexia.

« Le parcours de Sfil depuis sa création est clairement une grande réussite, une « épopée partagée » avec nos collaborateurs et nos partenaires qui fait la fierté de toutes celles et ceux qui y ont participé. »

Dans le cadre de mon par­cours, j’ai été confron­té aux deux crises finan­cières de 2008 et 2011, qui ont notam­ment conduit à la réso­lu­tion de Dexia ; un contexte évi­dem­ment très dif­fi­cile, mais « ce qui ne te tue pas te rend plus fort » ! J’ai bien sûr beau­coup appris en matière de ges­tion de crise, mais aus­si beau­coup sur moi-même : cette période a éga­le­ment consti­tué une expé­rience humaine unique qui se tra­duit encore aujourd’hui dans des ami­tiés et des rela­tions de confiance solides !

J’ai ensuite coor­don­né, à par­tir d’une feuille blanche, le pro­ces­sus de créa­tion de Sfil, ini­tia­tive de l’État en par­te­na­riat avec La Banque Pos­tale et la Caisse des Dépôts. J’en suis le Direc­teur géné­ral adjoint depuis l’origine.

Nous avons récem­ment fêté notre 10e anni­ver­saire. Mal­gré le scep­ti­cisme ini­tial qui régnait autour de ce pro­jet sin­gu­lier, le par­cours de Sfil depuis sa créa­tion est clai­re­ment une grande réus­site, une « épo­pée par­ta­gée » avec nos col­la­bo­ra­teurs et nos par­te­naires qui fait la fier­té de toutes celles et ceux qui y ont participé.

DGA de Sfil, quelle est votre feuille de route ? 

C’est évi­dem­ment de veiller à la bonne marche de l’entreprise. Mais au-delà de la ges­tion des affaires, je qua­li­fie la mis­sion d’un DGA d’« inter­sti­tielle » : iden­ti­fier et ani­mer les mis­sions et stra­té­gies qui ne relèvent pas du péri­mètre cou­rant des équipes. Et en par­ti­cu­lier enga­ger et sti­mu­ler les trans­for­ma­tions sus­cep­tibles d’impacter notre envi­ron­ne­ment et nos métiers. 

Dans le contexte actuel, la capa­ci­té à s’adapter rapi­de­ment et avec agi­li­té à son envi­ron­ne­ment exté­rieur est un vec­teur de per­for­mance et de péren­ni­té pour les entre­prises, quel que soit leur domaine d’activité. Par exemple c’est dans cette logique que j’ai pous­sé les ini­tia­tives pour Sfil ayant per­mis une trans­for­ma­tion digi­tale pré­coce, le déploie­ment dans les équipes de nou­veaux modes de tra­vail et de coopé­ra­tion au sor­tir de la crise sani­taire, ou actuel­le­ment une adop­tion à la fois rapide et rai­son­née de l’IA générative. 

Enfin, il s’agit aus­si de veiller à ce que l’entreprise offre des condi­tions de tra­vail épa­nouis­santes et des par­cours de car­rière sti­mu­lants à l’ensemble de ses col­la­bo­ra­teurs afin de déve­lop­per l’intelligence col­lec­tive indis­pen­sable à la réus­site de nos pro­jets et, par suite, des pro­jets ancrés dans l’économie réelle que nous sou­te­nons financièrement. 

Banque publique de développement au service des territoires et des exportations, en une décennie, Sfil est devenue un acteur incontournable du financement de l’économie. Dites-nous en plus. 

Jeune banque créée en 2013, Sfil est la 8e banque fran­çaise au regard de la taille de bilan, s’y exercent par consé­quent tous les métiers variés et sophis­ti­qués de ges­tion de bilan et des risques ban­caires, mais dans un cadre et avec une culture de PME puisqu’en termes d’effectifs nous sommes 350 CDI. Cela per­met aux col­la­bo­ra­teurs d’accéder à des péri­mètres d’intervention plus vastes que dans d’autres plus grandes ins­ti­tu­tions, et de déve­lop­per leur polyvalence.

Depuis 2020, Sfil fait par­tie du groupe Caisse des Dépôts, à l’issue d’une phase de mon­tée en puis­sance avec l’État comme action­naire majo­ri­taire et de référence. 

Sfil a un sta­tut spé­ci­fique de banque publique de déve­lop­pe­ment, ce qui signi­fie que toute son acti­vi­té a voca­tion à concou­rir à des objec­tifs de poli­tique publique. 

Dans cette logique, nous avons essen­tiel­le­ment deux mis­sions. La pre­mière, qui nous a été confiée à notre créa­tion, est d’apporter des finan­ce­ments à long terme au sec­teur public local, c’est-à-dire les col­lec­ti­vi­tés locales et les hôpi­taux publics : nous finan­çons l’accès de la popu­la­tion à des ser­vices essen­tiels tels que la san­té, l’éducation, une eau et des éner­gies propres, des trans­ports en com­muns effi­caces et res­pec­tueux de l’environnement.

Depuis 2015, nous avons une seconde mis­sion qui est d’apporter nos finan­ce­ments à long terme en sup­port aux grands contrats d’exportation : nous accor­dons ain­si nos finan­ce­ments aux clients des grands expor­ta­teurs fran­çais, avec la garan­tie de l’État.

Sur ces deux métiers, Sfil est lea­der en France. 

Nous sommes ain­si le pre­mier prê­teur sur le sec­teur public local avec 20 à 25 % de part de mar­ché : depuis 2013, en par­te­na­riat avec La Banque Pos­tale, récem­ment rejointe par la Banque des ter­ri­toires, nous avons appor­té 50 mil­liards d’euros de finan­ce­ments au secteur !

« Sfil apporte 40 % de la liquidité qui participe au financement des grands contrats export français. »

Sur l’activité export, nous appor­tons 40 % de la liqui­di­té qui par­ti­cipe au finan­ce­ment des grands contrats export fran­çais : nous avons per­mis la conclu­sion de plus de 30 grandes opé­ra­tions pour un total de 31 mil­liards d’euros, dans des domaines aus­si variés que les infra­struc­tures, les éner­gies renou­ve­lables, les trans­ports, etc. essen­tiels eux aus­si pour les popu­la­tions concer­nées tout comme pour l’économie et l’emploi en France.

En termes opé­ra­tion­nels, nous avons la par­ti­cu­la­ri­té d’avoir un modèle par­te­na­rial. Nous n’avons, en effet, pas notre propre réseau com­mer­cial. Les prêts que nous finan­çons sont dis­tri­bués par des par­te­naires : La Banque Pos­tale et La Banque des Ter­ri­toires sur le sec­teur local, et les grandes banques com­mer­ciales sur l’export.

Pour conduire cette acti­vi­té nous levons toutes nos res­sources sur les mar­chés obli­ga­taires inter­na­tio­naux, sur les­quels nous sommes un acteur de pre­mier plan recon­nu, notam­ment au titre de nos émis­sions vertes et sociales.

Depuis main­te­nant plus de sept ans, nous avons inté­gré la notion de déve­lop­pe­ment durable dans notre stra­té­gie. Nous avons ain­si déve­lop­pé une gamme de finan­ce­ments verts et sociaux des­ti­nés à finan­cer des inves­tis­se­ments concou­rant à des objec­tifs de déve­lop­pe­ment durable. Je tiens éga­le­ment à ce que l’engagement de Sfil dans le déve­lop­pe­ment durable se retrouve éga­le­ment dans nos poli­tiques internes (éga­li­té Femmes-Hommes, inclu­sion) et dans l’engagement indi­vi­duel des collaborateurs.

Alors que les transitions s’accélèrent, quels sont les enjeux d’un acteur comme Sfil ? 

En 2018, nous nous sommes dotés d’une rai­son d’être : Finan­cer un ave­nir durable. Notre enjeu, dans cette logique, est de favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment durable en met­tant à dis­po­si­tion de nos clients col­lec­ti­vi­tés et expor­ta­teurs, des finan­ce­ments thé­ma­tiques adap­tés, ados­sés ensuite sur des émis­sions elles aus­si thé­ma­tiques et ciblant les inves­tis­seurs inter­na­tio­naux sou­cieux de connaître l’utilisation de leurs fonds et de mesu­rer leur impact environnemental.

En paral­lèle, comme tous les sec­teurs d’activité, nous nous inté­res­sons à l’IA, à ses apports et à ses risques poten­tiels pour un acteur comme Sfil. Se pose bien évi­dem­ment aus­si la ques­tion de la cyber­sé­cu­ri­té qui repré­sente un enjeu stra­té­gique et cri­tique pour tout éta­blis­se­ment bancaire. 

La digi­ta­li­sa­tion et les récentes évo­lu­tions tech­no­lo­giques, mais éga­le­ment le poids crois­sant des régle­men­ta­tions, ont consi­dé­ra­ble­ment trans­for­mé le métier du ban­quier qui doit sans cesse faire face à une plus grande com­plexi­té. Les diri­geants et les mana­gers doivent apprendre à mieux gérer et appré­hen­der cette com­plexi­té pro­téi­forme afin d’insuffler à tous les niveaux de leur orga­ni­sa­tion des dyna­miques et des pro­ces­sus simples qui per­mettent à cha­cune et cha­cun de pra­ti­quer leur métier dans les meilleures condi­tions possibles. 

Sur un plan plus personnel, que retenez-vous de votre passage à l’X ?

Avant tout des ami­tiés très fortes et durables ! Nous conti­nuons par exemple à nous retrou­ver chaque mois pour un match entre anciens de la sec­tion foot. Au-delà de cette dimen­sion humaine, essen­tielle, je retiens évi­dem­ment la qua­li­té et la rigueur de la for­ma­tion qui m’a jus­te­ment appor­té la capa­ci­té à appré­hen­der cette com­plexi­té à laquelle je fai­sais réfé­rence précédemment. 

La for­ma­tion à l’X m’a don­né une base excep­tion­nelle sur laquelle j’ai pu construire mon iti­né­raire. Un iti­né­raire pro­fes­sion­nel enri­chis­sant, ori­gi­nal et varié durant lequel j’ai sans cesse appris, fait des ren­contres mar­quantes et accep­té de nom­breuses remises en ques­tion : cette capa­ci­té d’accéder à un tel par­cours, je la dois à l’X. 

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