EDF intervient auprès de ses clients pour les aider à convertir leurs usages grâce à l’électrification dans les domaines de l’industrie, du transport, du bâtiment…

Bâtir le monde électrique de demain

Dossier : RéindustrialisationMagazine N°799 Novembre 2024
Par Luc RÉMONT (X88)

La décar­bo­na­tion néces­saire de notre monde éco­no­mique amè­ne­ra l’électricité à jouer un rôle cen­tral dans la vie future. La pro­duc­tion élec­trique va donc devoir croître dans de grandes pro­por­tions, tout en étant de plus en plus décar­bo­née. Cela demande des inves­tis­se­ments consé­quents, tant dans les moyens de pro­duc­tion que dans les sys­tèmes de dis­tri­bu­tion. Cela demande aus­si le recru­te­ment de nom­breux ingé­nieurs, qui devront être de plus en plus fémi­ni­sés. La filière nucléaire est dans ce contexte relan­cée en France, de la même manière qu’elle avait jadis connu d’éclatants succès.

Décar­bo­na­tion de l’industrie, des trans­ports, des bâti­ments… aujourd’hui, en France et dans le monde, plu­sieurs pro­jets sont por­tés en paral­lèle pour atteindre la neu­tra­li­té car­bone. À chaque pays sa propre stra­té­gie, avec une cer­titude com­mune, celle que l’électricité a un rôle majeur à jouer dans la réus­site de la tran­si­tion éner­gé­tique. En rejoi­gnant le groupe EDF en 2022, je suis arri­vé à un moment char­nière. Pour l’ingénieur que je suis, qui a tou­jours rêvé de ser­vir l’industrie fran­çaise, c’est une vraie fier­té de par­ti­ci­per, aux côtés de l’ensemble des sala­riés et de nos par­te­naires indus­triels, à cette révo­lu­tion électrique.

La révolution électrique est lancée !

Dis­cours de Bel­fort en 2022 annon­çant la relance du nucléaire, déci­sions euro­péennes (green deal, modes de finan­ce­ment et d’échange d’électricité)… La France et l’Europe prennent le che­min de la décar­bo­na­tion. Aujourd’hui, 60 % de l’électricité consom­mée en France est d’origine fos­sile. Pour faire bais­ser cette part, les acteurs du sec­teur de l’électricité doivent accom­pa­gner leurs clients, en France comme à l’étranger, en leur pro­po­sant des solu­tions de décar­bo­na­tion et d’efficacité éner­gé­tique. L’objectif clé est de les aider à conver­tir leurs usages grâce à l’électrification dans les domaines de l’industrie, du trans­port, du bâti­ment… Cette élec­tri­fi­ca­tion concerne les par­ti­cu­liers qui se tournent vers les voi­tures élec­triques, les pompes à cha­leur, mais aus­si les entre­prises qui sou­haitent élec­tri­fier leur pro­cess de pro­duc­tion par exemple. Chez EDF, nous sommes plei­ne­ment mobi­li­sés auprès de nos clients pour les aider dans leur tran­si­tion énergétique.

Une adaptation nécessaire

Pour atteindre la neu­tra­li­té car­bone en 2050, une élec­tri­fi­ca­tion mas­sive des usages est néces­saire, entraî­nant un dou­ble­ment de la demande en Europe et dans le monde à cet hori­zon. Nous accom­pa­gnons cette élec­tri­fi­ca­tion avec une poli­tique com­mer­ciale per­met­tant de sta­bi­li­ser les prix et de don­ner de la visi­bi­li­té à nos clients à moyen et long terme. Cette visi­bi­li­té est béné­fique pour nos clients, elle leur donne confiance dans l’électricité et leur offre la pos­si­bi­li­té d’investir dans la décar­bo­na­tion. Elle nous est éga­le­ment indis­pen­sable pour mener les inves­tis­se­ments qui nous attendent de l’ordre de 25 mil­liards d’euros par an pour accom­pa­gner la réa­li­sa­tion du pro­gramme de 6 nou­veaux EPR et le déve­lop­pe­ment des renou­ve­lables, ain­si que ceux néces­saires à l’adaptation du réseau.

Vers une production 100 % décarbonée

La décar­bo­na­tion nous concerne en pre­mier lieu, chez EDF. En tant qu’électricien, notre inté­rêt est de répondre aux besoins de nos clients avec le bon mix de pro­duc­tion dans tous les pays où nous opé­rons. Ce mix doit tendre vers les 100 % d’énergies décar­bo­nées. Chaque éner­gie a ses mérites.

“Chaque énergie a ses mérites.”

À l’avenir, nous conti­nue­rons d’associer une pro­duc­tion renou­ve­lable par essence inter­mit­tente à une pro­duc­tion décar­bo­née com­man­dable, assu­rée par l’hydraulique et le nucléaire majo­ri­tai­re­ment. C’est l’ensemble de ces moyens de pro­duc­tion qu’il nous faut déve­lop­per pour 2035. Dans le domaine des renouve­lables, nous menons des pro­jets de dévelop­pement sur de grands sites indus­triels de type éolien en mer. En paral­lèle, dans le domaine du nucléaire, nous assu­rons la main­te­nance et la pro­lon­ga­tion de notre parc exis­tant, la pré­pa­ra­tion des condi­tions de réus­site de la construc­tion des six réac­teurs EPR 2 et l’accompagne­ment des pays qui sou­haitent déve­lop­per de nou­veaux pro­jets nucléaires.

Pour un système électrique résilient

Décen­tra­li­sa­tion, inter­mit­tence, pro­blé­ma­tiques de ten­sion et de fré­quence… les nou­velles manières de pro­duire et de consom­mer nous obligent à trans­for­mer et adap­ter notre sys­tème élec­trique. Ce sys­tème doit être au ren­dez-vous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour assu­rer sa mis­sion, celle de four­nir en toutes cir­cons­tances de l’électricité décar­bo­née com­pé­ti­tive aux clients. Pour y arri­ver, des flexi­bi­li­tés sont indis­pen­sables. C’est dans cette optique que nous main­te­nons notre volon­té de relan­cer l’investissement dans l’hydroélectricité, pour trans­for­mer par exemple cer­tains ouvrages en sta­tion de trans­fert d’énergie par pom­page, afin de béné­fi­cier de meilleures capa­ci­tés de sto­ckage. L’équilibre du sys­tème repose éga­le­ment sur les com­por­te­ments des consom­ma­teurs, avec le dépla­ce­ment ou l’effacement de cer­taines consom­mations domes­tiques ou indus­trielles, ain­si que le pilo­tage plus fin de la charge des véhi­cules électriques.

La filière électrique, une filière d’avenir

Nos défis sont nom­breux pour réus­sir la tran­si­tion éner­gé­tique. Ils mobi­li­se­ront un volume de com­pé­tences consi­dé­rables. En 2024, le groupe EDF pré­voit de recru­ter en CDI envi­ron 4 500 sala­riés dans le nucléaire en France, jusqu’à 1 000 sala­riés dans les renou­ve­lables (hydrau­lique, EDF Renou­ve­lables et EDF ENR), 3 000 dans les ser­vices éner­gé­tiques (dont la majo­ri­té chez Dal­kia) et 1 500 dans les réseaux chez Ene­dis. Cette dyna­mique sera pour­sui­vie pour les dix ans qui viennent pour EDF et la filière nucléaire. 

Tra­vailler à la valo­ri­sa­tion des métiers de l’industrie me rap­pelle mes années d’études et mon choix d’orientation pour deve­nir ingé­nieur. Par­tout où je vais, sur nos sites de pro­duc­tion, dans nos centres d’ingénierie, chez nos par­te­naires indus­triels, je vois la diver­si­té des métiers et la richesse des par­cours pro­fes­sion­nels que la filière de l’industrie peut offrir. J’espère que les actions que nous menons sus­ci­te­ront des voca­tions auprès des col­lé­giens, des lycéens et des étu­diants de toutes for­ma­tions. En tout cas, nos portes leur sont grandes ouvertes.

Nous devons tous, indus­triels, opé­ra­teurs, col­lec­ti­vi­tés, citoyens, être prêts pour cette révo­lu­tion élec­trique néces­saire à l’objectif cli­ma­tique, celui d’atteindre la neu­tra­li­té car­bone en 2050.


Le site de Flamanville accueille trois réacteurs nucléaires dont un de technologie EPR.
Le site de Fla­man­ville accueille trois réac­teurs nucléaires dont un de tech­no­lo­gie EPR. © EDF

La relance du nucléaire, un défi industriel et humain

En France, la construc­tion de six réac­teurs de tech­no­lo­gie EPR 2 de 1 670 MWe est envi­sa­gée sur trois sites déjà exis­tants : Pen­ly, Gra­ve­lines et Bugey. Plu­sieurs pays euro­péens se posent actuel­le­ment la ques­tion de déve­lop­per des pro­jets nucléaires. Cette relance du nucléaire, nous l’abordons avec une ambi­tion indus­trielle, une volon­té de construire vite et bien du pre­mier coup. Ce que nous nous apprê­tons à enga­ger avec l’ensemble de la filière nucléaire, nous ne l’avons pas fait depuis plus de 25 ans. Et, comme nous le savons, dans l’industrie, la série crée la performance.

Valoriser l’expérience

C’est bien avec l’expérience que nous reti­rons de la construc­tion des réac­teurs de Tai­shan, d’Olkiluoto, d’Hinkley Point et de Fla­man­ville que nous conce­vons aujourd’hui le pro­gramme EPR 2, en amé­lio­rant tout ce que nous pou­vons amé­lio­rer et en stan­dar­di­sant tout ce que nous pou­vons stan­dar­di­ser, tout en garan­tis­sant un niveau maxi­mal de sûre­té. Nous avons appris com­ment sim­pli­fier sans affai­blir. L’EPR 2 dis­po­se­ra par exemple d’un desi­gn sim­pli­fié, qui aura un impact direct sur le génie civil et donc sur le plan­ning et le coût de construc­tion. Nous pre­nons donc le temps de bien défi­nir les plans des réac­teurs EPR 2 pour lan­cer les tra­vaux le moment venu dans les meilleures condi­tions et béné­fi­cier de l’effet de série, clé du suc­cès de tout pro­gramme industriel.

Raccourcir les délais

Réac­teur après réac­teur, notre prin­ci­pal objec­tif est de rac­cour­cir le délai entre le cou­lage du pre­mier béton nucléaire et le rac­cor­de­ment, pour arri­ver rapi­de­ment à une durée de 70 mois. Avec cette durée, nous répon­drons à nos besoins de com­pé­ti­ti­vi­té. En construi­sant bien la pre­mière paire de réac­teurs, nous aurons la capa­ci­té de gagner en pro­duc­ti­vi­té dès la deuxième paire, par la répé­ti­tion des gestes et par l’optimisation de l’ensemble des acti­vi­tés des dif­fé­rents corps de métiers. C’est le tra­vail que nous menons avec notre chaîne d’approvision­nement et l’ensemble de nos par­te­naires, en remon­tant notre filière de construc­tion à l’échelle industrielle.

Recruter tout en féminisant

En tant qu’industriel et pour garan­tir la com­pé­ti­ti­vi­té de notre acti­vi­té, nous avons aus­si besoin d’avoir un plan de charge, un car­net de com­mandes suf­fi­sam­ment sou­te­nu. Nous devons rele­ver notre cadence de construc­tion à deux réac­teurs par an à l’échelle euro­péenne. C’est à cette condi­tion que nous pour­rons finan­cer le pro­gramme et assu­rer un prix du méga­watt­heure qui per­mette une éner­gie acces­sible à tous les Fran­çais. Dans la filière nucléaire, nous cher­chons à recru­ter 100 000 per­sonnes dans les dix ans qui viennent, du CAP à l’ingénieur, dans tous les domaines de spé­cia­li­té. Nous devons donc ame­ner les jeunes, en par­ti­cu­lier les jeunes femmes, à choi­sir les métiers de l’industrie et les métiers du nucléaire. Aujourd’hui, dans l’enseigne­ment supé­rieur tech­nique long, il n’y a que 20 % de femmes et, dans l’enseignement supé­rieur tech­nique court, seule­ment 10 %. Cela doit évoluer.

Il y a 25 ans, nos anciens ont su construire un parc nucléaire de 58 réac­teurs, dont 54 réac­teurs en 15 ans. Nous sau­rons donc aus­si rele­ver ce défi ! 

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