Bâtir le monde électrique de demain
La décarbonation nécessaire de notre monde économique amènera l’électricité à jouer un rôle central dans la vie future. La production électrique va donc devoir croître dans de grandes proportions, tout en étant de plus en plus décarbonée. Cela demande des investissements conséquents, tant dans les moyens de production que dans les systèmes de distribution. Cela demande aussi le recrutement de nombreux ingénieurs, qui devront être de plus en plus féminisés. La filière nucléaire est dans ce contexte relancée en France, de la même manière qu’elle avait jadis connu d’éclatants succès.
Décarbonation de l’industrie, des transports, des bâtiments… aujourd’hui, en France et dans le monde, plusieurs projets sont portés en parallèle pour atteindre la neutralité carbone. À chaque pays sa propre stratégie, avec une certitude commune, celle que l’électricité a un rôle majeur à jouer dans la réussite de la transition énergétique. En rejoignant le groupe EDF en 2022, je suis arrivé à un moment charnière. Pour l’ingénieur que je suis, qui a toujours rêvé de servir l’industrie française, c’est une vraie fierté de participer, aux côtés de l’ensemble des salariés et de nos partenaires industriels, à cette révolution électrique.
La révolution électrique est lancée !
Discours de Belfort en 2022 annonçant la relance du nucléaire, décisions européennes (green deal, modes de financement et d’échange d’électricité)… La France et l’Europe prennent le chemin de la décarbonation. Aujourd’hui, 60 % de l’électricité consommée en France est d’origine fossile. Pour faire baisser cette part, les acteurs du secteur de l’électricité doivent accompagner leurs clients, en France comme à l’étranger, en leur proposant des solutions de décarbonation et d’efficacité énergétique. L’objectif clé est de les aider à convertir leurs usages grâce à l’électrification dans les domaines de l’industrie, du transport, du bâtiment… Cette électrification concerne les particuliers qui se tournent vers les voitures électriques, les pompes à chaleur, mais aussi les entreprises qui souhaitent électrifier leur process de production par exemple. Chez EDF, nous sommes pleinement mobilisés auprès de nos clients pour les aider dans leur transition énergétique.
Une adaptation nécessaire
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, une électrification massive des usages est nécessaire, entraînant un doublement de la demande en Europe et dans le monde à cet horizon. Nous accompagnons cette électrification avec une politique commerciale permettant de stabiliser les prix et de donner de la visibilité à nos clients à moyen et long terme. Cette visibilité est bénéfique pour nos clients, elle leur donne confiance dans l’électricité et leur offre la possibilité d’investir dans la décarbonation. Elle nous est également indispensable pour mener les investissements qui nous attendent de l’ordre de 25 milliards d’euros par an pour accompagner la réalisation du programme de 6 nouveaux EPR et le développement des renouvelables, ainsi que ceux nécessaires à l’adaptation du réseau.
Vers une production 100 % décarbonée
La décarbonation nous concerne en premier lieu, chez EDF. En tant qu’électricien, notre intérêt est de répondre aux besoins de nos clients avec le bon mix de production dans tous les pays où nous opérons. Ce mix doit tendre vers les 100 % d’énergies décarbonées. Chaque énergie a ses mérites.
“Chaque énergie a ses mérites.”
À l’avenir, nous continuerons d’associer une production renouvelable par essence intermittente à une production décarbonée commandable, assurée par l’hydraulique et le nucléaire majoritairement. C’est l’ensemble de ces moyens de production qu’il nous faut développer pour 2035. Dans le domaine des renouvelables, nous menons des projets de développement sur de grands sites industriels de type éolien en mer. En parallèle, dans le domaine du nucléaire, nous assurons la maintenance et la prolongation de notre parc existant, la préparation des conditions de réussite de la construction des six réacteurs EPR 2 et l’accompagnement des pays qui souhaitent développer de nouveaux projets nucléaires.
Pour un système électrique résilient
Décentralisation, intermittence, problématiques de tension et de fréquence… les nouvelles manières de produire et de consommer nous obligent à transformer et adapter notre système électrique. Ce système doit être au rendez-vous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour assurer sa mission, celle de fournir en toutes circonstances de l’électricité décarbonée compétitive aux clients. Pour y arriver, des flexibilités sont indispensables. C’est dans cette optique que nous maintenons notre volonté de relancer l’investissement dans l’hydroélectricité, pour transformer par exemple certains ouvrages en station de transfert d’énergie par pompage, afin de bénéficier de meilleures capacités de stockage. L’équilibre du système repose également sur les comportements des consommateurs, avec le déplacement ou l’effacement de certaines consommations domestiques ou industrielles, ainsi que le pilotage plus fin de la charge des véhicules électriques.
La filière électrique, une filière d’avenir
Nos défis sont nombreux pour réussir la transition énergétique. Ils mobiliseront un volume de compétences considérables. En 2024, le groupe EDF prévoit de recruter en CDI environ 4 500 salariés dans le nucléaire en France, jusqu’à 1 000 salariés dans les renouvelables (hydraulique, EDF Renouvelables et EDF ENR), 3 000 dans les services énergétiques (dont la majorité chez Dalkia) et 1 500 dans les réseaux chez Enedis. Cette dynamique sera poursuivie pour les dix ans qui viennent pour EDF et la filière nucléaire.
Travailler à la valorisation des métiers de l’industrie me rappelle mes années d’études et mon choix d’orientation pour devenir ingénieur. Partout où je vais, sur nos sites de production, dans nos centres d’ingénierie, chez nos partenaires industriels, je vois la diversité des métiers et la richesse des parcours professionnels que la filière de l’industrie peut offrir. J’espère que les actions que nous menons susciteront des vocations auprès des collégiens, des lycéens et des étudiants de toutes formations. En tout cas, nos portes leur sont grandes ouvertes.
Nous devons tous, industriels, opérateurs, collectivités, citoyens, être prêts pour cette révolution électrique nécessaire à l’objectif climatique, celui d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
La relance du nucléaire, un défi industriel et humain
En France, la construction de six réacteurs de technologie EPR 2 de 1 670 MWe est envisagée sur trois sites déjà existants : Penly, Gravelines et Bugey. Plusieurs pays européens se posent actuellement la question de développer des projets nucléaires. Cette relance du nucléaire, nous l’abordons avec une ambition industrielle, une volonté de construire vite et bien du premier coup. Ce que nous nous apprêtons à engager avec l’ensemble de la filière nucléaire, nous ne l’avons pas fait depuis plus de 25 ans. Et, comme nous le savons, dans l’industrie, la série crée la performance.
Valoriser l’expérience
C’est bien avec l’expérience que nous retirons de la construction des réacteurs de Taishan, d’Olkiluoto, d’Hinkley Point et de Flamanville que nous concevons aujourd’hui le programme EPR 2, en améliorant tout ce que nous pouvons améliorer et en standardisant tout ce que nous pouvons standardiser, tout en garantissant un niveau maximal de sûreté. Nous avons appris comment simplifier sans affaiblir. L’EPR 2 disposera par exemple d’un design simplifié, qui aura un impact direct sur le génie civil et donc sur le planning et le coût de construction. Nous prenons donc le temps de bien définir les plans des réacteurs EPR 2 pour lancer les travaux le moment venu dans les meilleures conditions et bénéficier de l’effet de série, clé du succès de tout programme industriel.
Raccourcir les délais
Réacteur après réacteur, notre principal objectif est de raccourcir le délai entre le coulage du premier béton nucléaire et le raccordement, pour arriver rapidement à une durée de 70 mois. Avec cette durée, nous répondrons à nos besoins de compétitivité. En construisant bien la première paire de réacteurs, nous aurons la capacité de gagner en productivité dès la deuxième paire, par la répétition des gestes et par l’optimisation de l’ensemble des activités des différents corps de métiers. C’est le travail que nous menons avec notre chaîne d’approvisionnement et l’ensemble de nos partenaires, en remontant notre filière de construction à l’échelle industrielle.
Recruter tout en féminisant
En tant qu’industriel et pour garantir la compétitivité de notre activité, nous avons aussi besoin d’avoir un plan de charge, un carnet de commandes suffisamment soutenu. Nous devons relever notre cadence de construction à deux réacteurs par an à l’échelle européenne. C’est à cette condition que nous pourrons financer le programme et assurer un prix du mégawattheure qui permette une énergie accessible à tous les Français. Dans la filière nucléaire, nous cherchons à recruter 100 000 personnes dans les dix ans qui viennent, du CAP à l’ingénieur, dans tous les domaines de spécialité. Nous devons donc amener les jeunes, en particulier les jeunes femmes, à choisir les métiers de l’industrie et les métiers du nucléaire. Aujourd’hui, dans l’enseignement supérieur technique long, il n’y a que 20 % de femmes et, dans l’enseignement supérieur technique court, seulement 10 %. Cela doit évoluer.
Il y a 25 ans, nos anciens ont su construire un parc nucléaire de 58 réacteurs, dont 54 réacteurs en 15 ans. Nous saurons donc aussi relever ce défi !