Beethoven : Les cinq concertos pour piano

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°748 Octobre 2019
Par Marc DARMON (83)

Le concer­to pour cla­vier (cla­ve­cin à l’époque) a été « inven­té » par Bach, d’abord au sein de ses Concer­tos bran­de­bour­geois de jeu­nesse. Puis au début de l’époque clas­sique, les fils de Bach, Haydn ont pro­lon­gé la tra­di­tion, jusqu’aux vingt-sept chefs‑d’œuvre de Mozart, piliers du réper­toire et de toute dis­co­thèque, même débutante.

Il fal­lait du cou­rage à Bee­tho­ven pour pro­duire cinq concer­tos après les réus­sites et le suc­cès de Mozart (il com­men­ça en 1788, avant la mort de Mozart, son concer­to qui porte le numé­ro deux, mais qu’il ne ter­mi­na qu’en 1795). Ses deux pre­miers concer­tos sont d’ailleurs « mozar­tiens » de style, même si on sent déjà la force archi­tec­tu­rale et d’orchestration du Bee­tho­ven de la maturité. 

Notons que dès son pre­mier concer­to écrit (donc, le numé­ro deux), Bee­tho­ven décide de mon­trer qu’il prend totale pos­ses­sion du cla­vier, en jouant les notes les plus aiguës puis les plus graves du cla­vier. Cet effet, per­sonne ne le sait, per­sonne ne le voit aujourd’hui, car sur un pia­no moderne cela passe tout à fait inaper­çu, ces notes ne sont plus du tout aux extré­mi­tés du cla­vier. Il faut une inter­pré­ta­tion sur un pia­no­forte du début du XIXe siècle pour qu’on réa­lise le mes­sage pas­sé par Beethoven.

Les Qua­trième (1806) et Cin­quième (« l’Empereur », com­po­sé en 1808) Concer­tos sont incon­tes­ta­ble­ment par­mi les tout plus impor­tants chefs‑d’œuvre du XIXe siècle. Bee­tho­ven ne com­po­sa plus de concer­tos pen­dant les vingt der­nières années de sa vie, une fois sa sur­di­té bien établie.

L’exploit de Barenboim

Diri­ger l’orchestre depuis le pia­no a été popu­la­ri­sé par Baren­boïm dans les années soixante, lorsque à la tête de l’English Cham­ber Orches­tra il diri­gea et enre­gis­tra l’intégralité des concer­tos de Mozart (Edwin Fischer le fai­sait éga­le­ment avant-guerre). Mais diri­ger l’orchestre bee­tho­ve­nien, bien plus riche et four­ni que l’orchestre de Mozart, tout en se concen­trant sur la par­ti­tion phé­no­mé­nale pour le pia­niste est un incroyable exploit. Ce que fait Baren­boïm pen­dant ces concerts fil­més à Ber­lin en 2008 (et par cœur, comme tou­jours !) est for­mi­dable, car l’ensemble est d’un remar­quable niveau musi­cal. L’orchestre est la Staats­ka­pelle de Ber­lin, le plus vieil ensemble d’Allemagne (1570 !), dont les direc­teurs musi­caux ont été Spon­ti­ni, Meyer­beer, Richard Strauss, Erich Klei­ber, Cle­mens Krauss, Her­bert von Kara­jan, orchestre dont Baren­boïm est chef « à vie » depuis vingt ans.

Magni­fique publication.


Daniel Baren­boïm, pia­no et direction
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