Berthollet
“ La chimie doit être le flambeau qui éclaire la médecine. ” C’est par cette phrase écrite par Berthollet en 1779, que le professeur Pierre Potier, membre de l’Institut, ouvrait le 24 octobre 1998 une réunion organisée à la Maison de la Chimie afin de commémorer le 250e anniversaire de la naissance du savant chimiste. Et Pierre Potier dans son introduction soulignait l’étonnante intuition du savant : en un temps où la chimie commençait tout juste à se soumettre à des méthodes d’investigation rigoureuses, où les théories du phlogistique et de la génération spontanée comptaient encore de nombreux adeptes. Les quatre intervenants rassemblés autour de lui avaient choisi d’évoquer quelques aspects de l’activité de Berthollet avec sympathie, mais sans aveuglement. Le bulletin n° 24 de la SABIX qui donne en 28 pages le compte rendu de cette réunion ne se présente ni comme une biographie détaillée ni comme une apologie, mais propose au lecteur un commentaire à la fois objectif et critique sur l’œuvre de Berthollet.
L’article de Nicole Fleury-Heusghem rappelle les grandes étapes de la vie du chimiste, en insistant plus particulièrement sur son séjour à Aulnay-les-Bondy, entre 1789 et 1792, où il exerça “ les fonctions de Commandant de la Garde nationale et de juge de paix ” !
Emmanuel Constans, inspecteur général des Finances, chef de la mission Euro, évoque la mission de Berthollet à la Monnaie (1795−1798) à laquelle il apporta ses compétences de chimiste et de métallurgiste, et qui ne fut pas une sinécure.
Emmanuel Grison et Marcel Fétizon, qui ont l’un et l’autre enseigné la chimie à l’École polytechnique, s’intéressent à la substance même de l’œuvre de Berthollet, professeur et homme de science.
Le premier met en relief la longue amitié qui réunit Monge et Berthollet, associés dans la fondation de l’École polytechnique, en mission en Italie, lors de l’Expédition d’Égypte. Ceci l’amène à peser les réussites respectives des deux amis : Berthollet, expérimentateur de grand talent mais mal à l’aise dans les cours magistraux, ne fut pas un professeur très efficace. En revanche il se révèle comme un remarquable directeur de recherche, au regard même des conceptions d’aujourd’hui. Il construit un laboratoire dans sa propriété d’Arcueil où il accueille des élèves, il y organise avec Laplace des réunions auxquelles participent leurs disciples. C’est lui qui recommande à la direction de l’École polytechnique de confier à Gay- Lussac la chaire d’enseignement de la chimie.
Le second, dans un commentaire à caractère épistémologique sur l’Essai sur la statique chimique, analyse les efforts de Berthollet pour donner des bases rigoureuses au concept d’affinité. Son ambition était d’expliquer les règles qui déterminent l’évolution d’une réaction chimique par une théorie proche de la mécanique de Newton. Il visait à donner à la chimie une formulation mathématique, mais il venait trop tôt ; Marcel Fétizon explique pourquoi l’état des connaissances de l’époque ne lui permettait pas de réussir.
En résumé le bulletin n° 24 de la SABIX, qui rappelle avec concision les principaux événements de la biographie de Berthollet, éclaire de manière originale les conceptions et les travaux du savant.