Biographies et autobiographies
Biographies
Louis de Launay (1879), quand il rédige sa vie de Gaspard Monge ou celle du grand Ampère, en fait des chefs-d’oeuvre car il évoque des personnages dont il peut sentir les raisonnements et les désirs, la volonté de comprendre et d’enseigner, la réflexion sur l’éducation au service d’une société ou d’un pays.
Les auteurs de la biographie d’Albert Caquot, Savant, soldat et bâtisseur (1899), sont son gendre Jean Kérisel (29) et son petit-fils Thierry (61).
Alexandre Ossadzow (55), expert dans l’histoire du métro parisien, est l’auteur d’une vie de son fondateur, Fulgence Bienvenüe (1870).
Félix Julien (1842) rédigea une émouvante vie de Doudart de Lagrée, de la même promotion, archéologue et explorateur.
Le site Internet des Annales des Mines doit beaucoup à Robert Mahl (63).
Éloges funèbres
Parmi les textes-bilans rédigés par des camarades sur des camarades, les éloges funèbres sont particulièrement nombreux. Certes, ils soulignent plus souvent les qualités que les défauts, les succès que les échecs. Mais on y trouve toujours de l’émotion et souvent du style.
Ainsi quand Jomard (1794) parle devant le cercueil de Villiers du Terrage (1796) ; Louis Leprince- Ringuet (20 N) de Louis Armand (24) ; ou quand André Giraud (44) alors ministre de la Défense évoque dans la cour d’honneur des Invalides la figure de son ami Georges Besse (48).
Autobiographies
Un polytechnicien a‑t-il une manière spécifique d’écrire sa vie, de relater l’émergence de son moi, de replacer le récit de son aventure personnelle dans l’évolution d’une entreprise, d’une discipline scientifique, ou pourquoi pas dans le siècle, pour reprendre le beau titre de la longue autobiographie de Jacques Lesourne (48) : Un homme dans le siècle ?
Ou encore, en utilisant cette fois le titre d’un livre de Ferdinand Foch (1871) Mémoires pour servir à l’histoire de la guerre, de contribuer à l’écriture de l’histoire ?
Jean Tupinier (1794) est un surdoué, admis dans cette première promotion ébouriffante par les talents repérés et rassemblés.
Serge Ravanel (39) intitulera sa propre autobiographie L’Esprit de Résistance. Serge a voulu témoigner d’un état d’esprit et d’une option politique qu’il ne reniera jamais : c’est ce qui rend passionnant son récit, comme le sont ceux des autres X Compagnons de la Libération.
Roger Martin (35) donne l’exemple d’une autobiographie d’entrepreneur, Patron de droit divin. En fait, l’autoportrait qu’on trouve dans cet ouvrage témoigne d’abord du parcours d’un jeune homme de famille modeste, intelligent et travailleur, peu à peu devenu un chef d’entreprise d’incontestable vision et de qualités managériales hors normes.
Robert Dautray (49) propose ses Mémoires : du Vél” d’Hiv à la bombe H. Nous lisons cette fois les souvenirs d’un scientifique, mais comment ne pas souligner tout de suite que le lecteur est d’abord saisi par le récit des années d’enfance d’un petit garçon, issu d’une pauvre famille juive arrivée de Russie, échappant de peu aux rafles et aux déportations qui n’épargneront pas son père, ensuite réfugié dans un village cévenol et y gardant des moutons.
Jacques Lesourne (48) décrit dans Un homme de notre siècle un parcours à la fois classique et hors normes. Mais ce long récit aborde aussi des aspects plus intimes sur la formation d’une personnalité et d’une famille ; il dresse à l’occasion une fresque ambitieuse des progrès et des ratés de la science économique ; il cherche enfin à expliciter l’évolution géopolitique d’un monde qu’il a eu l’occasion de parcourir et dont il se plaît toujours à analyser les transformations.
Les plus intéressantes de toutes les autobiographies sont bien celles qui arrivent à présenter ce qu’est le Métier d’homme, intitulé d’un ouvrage de Raoul Dautry (1900), tout en contribuant à apprendre et comprendre une époque et un environnement.
Et, sans apporter la réponse, conduire à se poser de temps en temps cette question qui se trouve en titre d’un ouvrage de souvenirs de Lionel Stoléru (56) : C’est quoi la vie, Monsieur le Ministre ?