Blaise Rastoin (X55) entrepreneur énergique, original et persévérant
Décédé le 12 janvier 2023, Blaise Rastoin a créé et développé une société, à partir d’un brevet racheté à un inventeur, et en a fait un leader dans son domaine. Il a fait preuve d’une grande originalité aussi bien dans la conduite de sa société que dans ses activités extraprofessionnelles.
Né en mai 1934, deuxième de six enfants, Blaise Rastoin est issu d’une famille d’industriels marseillais. Son père et ses deux oncles, dont Édouard Rastoin (X1919S), exploitaient une huilerie savonnerie créée par leur père. Esprit indépendant et entrepreneur de nature, Blaise refusa, à sa sortie de l’X, d’entrer dans un groupe où ses cousins se disputaient un peu les différents postes de pouvoir. Il préféra voler de ses propres ailes. Il avait découvert, au cours de ses lectures, l’existence d’un « inventeur » (Émile Taupin) qui avait conçu un appareil astucieux destiné à servir au transport des produits pulvérulents (ce terme recouvre toutes les semoules dans le secteur alimentaire, mais aussi un grand nombre de produits chimiques et produits pharmaceutiques, et d’autres encore).
Faisant preuve d’un discernement et d’une capacité de décision peu communs, il racheta son brevet à l’inventeur car il avait immédiatement compris les applications industrielles innombrables que cette invention permettrait, en particulier le transfert des pulvérulents dans des lieux sans bâti industriel (par exemple : un tas de sable dans un camion). Il faut savoir que ce sujet embarrassait depuis fort longtemps les acteurs du secteur.
En bleu de travail
Installé dans un petit atelier prêté par des amis, revêtu d’un bleu de travail, il s’appliqua à rendre l’outil tout à fait utilisable et il développa également à des outils complémentaires en amont et en aval (notamment un système pour brasser les semoules). Après deux ou trois ans de cet exercice, Blaise commença à organiser la fabrication et la distribution de son produit, ainsi que sa promotion.
Étant pionnier dans son activité, il n’engagea pas de vendeurs et préféra traiter par le moyen de concessions exclusives et de versements de royalties à son profit. Ayant acquis rapidement une avance et une expérience importantes, il put s’entourer, dans chacun des pays investis, d’une fine équipe de juristes experts à le défendre férocement, et son produit, en face de la concurrence ou de la simple copie que pouvait engendrer cette formule de liberté.
Enfin, et pour renforcer précisément cet « esprit d’équipe », il créa un journal interne qui, au fur et à mesure de la parution des numéros, faisait état des améliorations techniques et des résultats de la recherche que continuait à mener Blaise « dans le silence de son atelier provençal ».
Telle quelle, son entreprise, portant le nom de Transitube Projet, a connu une expansion continue sur les plans français et international. Expansion qui se poursuit encore aujourd’hui.
Un sportif aux goûts éclectiques
Nous, ses frères et sœurs, avons admiré ses dons sportifs : champion de ping-pong et de croquet, membre de l’équipe de France de ski avec Bonlieu, judoka titulaire du cinquième dan, véliplanchiste émérite engagé dans des compétitions locales… Nous avons été amusés par le coulis de tomates maison qu’il préparait en petits bocaux individuels ; nous l’avons vu se consacrer à « réapprendre » le latin et le grec parce qu’il s’intéressait à l’alchimie et au « dépassement de soi » et qu’il fallait lire les livres ; nous avons assisté à ses départs pour participer au Club de Rome ; nous l’avons aidé à ramasser « ses olives » quand il décida d’en faire son huile personnelle comme son grand-père.
Nous, associés à sa femme Marie, à ses deux filles, Virginie et Nathalie, et à ses six petits-enfants, avons du mal à considérer qu’il a fini par mourir comme tout le monde. Il n’était pas si jeune, mais il était incomparable.