Brésil : mépris ou passion ?
Depuis sa découverte en 1500, le Brésil n’a jamais laissé indifférent. Il attise les convoitises des migrants à la recherche de l’Eldorado et fait horreur aux champions de l’égalitarisme. Il séduit les grandes multinationales aux heures roses et les fait tout aussi bien fuir lors de crises à répétition. Ici, pas de moyenne, tout est grand ou petit, on dit en brésilien c’est « 8 » ou « 80 ». Dans le flou d’une pensée individuelle et collective plutôt intuitive et créatrice, les Brésiliens font aussi usage d’une logique parfois implacable. N’est-ce pas là un terrain de choix pour la formation polytechnicienne ?
Brésil, terre de contrastes
La beauté exotique de la faune et de la flore
Quelle image la majorité des étrangers a‑t-elle du Brésil ? Corruption ? Violence ? Favelas ? Trafic de drogues ? La perception erronée du pays, renommé pour son trio carnaval-samba-Rio de Janeiro, est le portrait trop souvent dénaturé, aux couleurs criardes, que la presse internationale diffuse dans les pages des journaux et les informations à la télévision. Ce qu’on oublie de révéler au monde est l’image d’un pays continental qui va bien au-delà de ses aspects négatifs – un lieu aux décors éblouissants, aux paysages, aux cultures et aux coutumes diversifiés, où l’accueil réservé aux visiteurs est empreint de gentillesse, de bonne humeur et du sens de l’hospitalité.
São Luis du Maranhão, ville fondée par les Français en 1612
Creuset d’influences de différents peuples, la diversité des habitudes et des traditions du peuple brésilien a, curieusement, prouvé, qu’en dépit des contrastes, il est possible qu’un pays garde sa personnalité propre. Fait qui, au Brésil, repose le plus fréquemment sur la capacité des individus à affronter les inégalités sociales, culturelles et économiques avec dignité et force créativité.
Cette caractéristique singulière a trouvé un écho international, qui définit les Brésiliens comme « originaux, hospitaliers et captivants ». Des enquêtes menées par Embratur (responsable de la promotion du tourisme), auprès de touristes étrangers, renforcent cette donnée. Dès leur arrivée sur le sol brésilien, les visiteurs sont, d’emblée et dans cet ordre, intéressés par les plages, le climat tropical et les beautés naturelles. Dans les réponses à la même question, posée cette fois au moment du départ, ces critères cèdent la place au Brésilien joyeux et charismatique.
Si nous essayions de retrouver l’origine de cette définition, probablement la retrouverions-nous dans les événements historiques, et plus spécifiquement, à l’époque de la découverte de la Terra Brazilis par les Portugais, en 1500. Dès lors, le Brésil a adopté une attitude « accueillante », attirant la venue de milliers d’immigrants riches d’une vaste expérience culturelle et de coutumes. Parmi les exemples, il est quasi impossible de ne pas citer la forte influence de la France, présente dans l’architecture, la gastronomie, le droit, les manifestations culturelles, voire même dans le vocabulaire national.
Une part visible de cet héritage se trouve à São Luís, la capitale de l’État du Maranhão, unique ville du Brésil fondée par les Français.
Dotée d’un des plus grands ensembles architecturaux d’origine européenne du monde, composé de 3 500 bâtiments, le lieu conserve, également, son nom originel – Saint-Louis – un hommage de l’expédition commandée par le navigateur Daniel La Touche, seigneur de La Ravardière, au roi Louis XIII, en 1612. Classée Patrimoine culturel de l’humanité, par l’Unesco, en 1997, São Luís abrite, dans deux points touristiques, deux grands monuments témoignant de la présence française – le Palais des Lions et le Palais de La Ravardière, ce dernier datant de 1689.
Tout comme la capitale du Maranhão, le Brésil réserve, à celui qui se propose de s’aventurer par-delà l’axe São Paulo-Rio de Janeiro, une grande diversité de sites – qui va du climat européen du Rio Grande du Sud à l’exubérance de l’Amazonie – et de traditions populaires. Ses 8 511 965 km² vont, sans nul doute, bien au-delà des dimensions qu’en donnent les médias, en le bornant à un environnement de violence, de drogues et autres problèmes sociaux.
En contrepoint de ce scénario réducteur, le pays affiche, aussi, des résultats surprenants en matière de développement et d’application de nouvelles technologies. Le Brésil de la modernité s’illustre par la mise en place à titre pionnier du vote électronique, ses récents investissements dans les biocarburants, sa position de tout premier plan dans les secteurs agricole, financier et aéronautique (4e avionneur mondial) et la présence internationale de ses entreprises, telles Vale do Rio Doce (mines), Gerdau (acier) et Votorantim (ciment et cellulose).
Il est intéressant, à cet égard, de mentionner les données d’une autre enquête réalisée par Embratur auprès de visiteurs étrangers, abordant, cette fois, le classement des points négatifs du pays. Contrairement à ce que beaucoup peuvent imaginer, la violence ne figure pas en tête de liste. L’absence de signalisation dans les villes et sur les routes, les déchets urbains, les services de téléphonie et d’Internet jugés insuffisants sont aux premiers rangs des facteurs les plus dérangeants.
Je vous fais donc, ici, une invitation formelle – venez au Brésil, tirez vos propres conclusions et sachez exactement ce que le pays est capable d’offrir à ses visiteurs.
Faire des affaires au Brésil ? Pourquoi pas !
Le théâtre de Manaus, capitale de l’Amazonie, où a joué Sarah Bernhardt à la Grande époque du caoutchouc. |
Venez et regardez vivre ses 180 millions d’habitants avec un PNB/habitant de US$ 9 100 à parité de pouvoir d’achat : un immense marché interne avec un grand potentiel de croissance et une possible plate-forme d’exportation, notamment sur l’Amérique latine et aussi l’Asie pour les minerais et l’agriculture.
À ceux qui vous diront que créer une société au Brésil est un parcours du combattant face à une législation surannée et une bureaucratie toute puissante, je répondrai qu’entre 1975 et 1978, j’ai créé plus de 10 sociétés anonymes sans devoir faire usage de canaux tortueux, faisant preuve simplement de beaucoup de patience pour vaincre les obstacles avec conviction et bonne humeur. Aujourd’hui, trente ans plus tard, les progrès sont immenses, il n’y a plus aucune distinction entre capital national et étranger (sauf quelques secteurs stratégiques) et beaucoup de formalités se font par voie électronique.
En ce qui concerne le secteur touristique proprement dit, aucune restriction aux activités d’hôtelleries, agences de voyages, opérateurs de tourisme ; seulement pour les compagnies d’aviation brésiliennes, la participation du capital étranger est limitée à 20 %. Toutefois, le Brésil a souffert jusqu’à un passé récent de lacunes dans ses infrastructures et d’une insuffisance de promotion qui, associée à une certaine image négative dans les médias, a limité les flux de tourisme international. Le nombre de touristes entrants est passé d’un point bas de 1 million en 1990 à 6 millions en 2006. C’est encore insuffisant et un plan national est en marche depuis 2002 pour faire du tourisme une activité essentielle.
De l’autre côté, les Brésiliens ont l’habitude par tradition culturelle de visiter l’Europe et maintenant les États-Unis de par la fascination exercée sur leur mode de vie. C’est d’ailleurs pour contrebalancer cette fascination que l’opération « Brésil, Brésils », nom donné à l’année du Brésil en France en 2005 a trouvé toute sa valeur en divulguant le Brésil et sa diversité (les Brésils !) auprès des Français, mais aussi la France auprès des Brésiliens. La réciproque, l’année de la France au Brésil, aura lieu en 2009 et toutes les bonnes volontés sont d’ores et déjà mobilisées pour en faire un succès semblable à 2005.
Enfin et en concluant, laissez-moi vous dire combien la création d’une entreprise au Brésil est un défi passionnant, car les embûches sont sans proportion avec les besoins du marché et la qualité des ressources humaines toujours disponibles, prêtes à apprendre si l’on veut bien leur apporter ce qui leur manque.Je suis sans doute un témoin partial, mais pour moi lorsqu’on parle du Brésil, il ne saurait y avoir de mépris ou condescendance, seulement attrait et passion.
PHOTOS : © CHAMBRE DE COMMERCE FRANCE-BRÉSIL, DIVULGATION.