Bruno Couder © Collections École polytechnique (Palaiseau)

Bruno Couder (X71) une vie engagée avec les plus démunis

Dossier : TrajectoiresMagazine N°787 Septembre 2023
Par Thierry VIARD (X71)

Décé­dé le 17 décembre 2022, Bru­no Cou­der a eu une vie pro­fes­sion­nelle entiè­re­ment dédiée à la soli­da­ri­té avec les plus dému­nis au sein de l’association ATD Quart Monde. Il a pu ain­si réa­li­ser son rêve d’innover et de créer de nou­veaux pro­jets avec des per­sonnes et des familles vivant dans la grande pau­vre­té et de chan­ger le monde avec elles.

Né le 19 décembre 1950 à Ver­sailles, fils d’ingénieur, Bru­no Cou­der a fait ses études secon­daires et sa pré­pa au lycée Hoche de Ver­sailles. À l’X, à la suite d’une ren­contre avec Joseph Wre­sins­ki, fon­da­teur d’ATD Quart Monde, un petit groupe d’élèves a ani­mé des acti­vi­tés pour des pré­ado­les­cents d’une cité de pro­mo­tion fami­liale à Noi­sy-le-Grand. Ces acti­vi­tés se sont pro­lon­gées d’une pro­mo­tion à l’autre jusqu’au démé­na­ge­ment de l’X à Palai­seau en 1976. 

À la fin de ses études, nous nous sommes enga­gés ensemble dans le volon­ta­riat ATD Quart Monde. Les diverses mis­sions au sein d’ATD Quart Monde ont conduit Bru­no à Reims, pour par­ti­ci­per à un pro­jet pilote euro­péen de lutte contre l’exclusion sociale. Avec son épouse, il s’est lié avec des familles à l’écart de tout, dans un quar­tier coin­cé entre trois voies fer­rées, des familles usées, bri­sées par­fois par un trop-plein de mépris venant des autres. 

Un promoteur du RMI

Puis Bru­no Cou­der a, en par­ti­cu­lier, repré­sen­té ATD Quart Monde au niveau natio­nal pour que le rap­port du Conseil éco­no­mique et social : « Grande pau­vre­té et pré­ca­ri­té éco­no­mique et sociale », de Joseph Wre­sins­ki, soit mis en œuvre. Il s’agissait de créer une dyna­mique natio­nale pour une loi d’orientation glo­bale, cohé­rente et pros­pec­tive contre la grande pau­vre­té, à l’opposé de poli­tiques d’assistance qui ne per­mettent pas aux plus dému­nis d’en finir avec la pau­vre­té. Avec de nom­breux par­te­naires ins­ti­tu­tion­nels et asso­cia­tifs, ce pre­mier effort a conduit à l’adoption du RMI (reve­nu mini­mum d’insertion).

Après cette période très publique, il est repar­ti à la base pour créer une antenne d’ATD Quart Monde à Madrid, avec son épouse et leurs cinq enfants. Après la mort de Joseph Wre­sins­ki, il s’est impli­qué pour qu’ATD Quart Monde arrive à faire le deuil de son fon­da­teur et adopte une nou­velle orga­ni­sa­tion. Puis, pen­dant huit années, il a fait par­tie du groupe de trois per­sonnes qui consti­tuait la délé­ga­tion géné­rale de l’association. Mal­gré son emploi du temps char­gé, Bru­no met­tait un point d’honneur à par­ti­ci­per aux Uni­ver­si­tés popu­laires Quart Monde, qui sont des lieux de dia­logue entre des per­sonnes vivant dans la pau­vre­té et des citoyens de tous milieux, car il tenait à bien res­ter en phase avec la vie et la pen­sée des plus pauvres pour ne pas les trahir.


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Le goût de la montagne

Bru­no Cou­der et sa famille se sont ensuite ins­tal­lés en Isère où, tout en pro­fi­tant de la mon­tagne, son autre pas­sion, il a conti­nué son com­bat en par­ti­cu­lier avec le Secours popu­laire. Là, leur enga­ge­ment s’est nour­ri de nou­velles expé­riences spi­ri­tuelles, dans leur paroisse et avec la com­mu­nau­té du Sappel. 

Yolaine, son épouse, rap­pelle ce long com­bat : « Avec Bru­no, nous nous sommes lan­cés dans une vie d’engagement à ATD Quart Monde, une aven­ture intense pen­dant 40 ans. Son fon­da­teur, Joseph Wre­sins­ki, nous a entraî­nés à aimer comme des frères et des sœurs ceux et celles qui ont la vie très dif­fi­cile et à faire avec eux, route com­mune. “Les pauvres sont nos maîtres”, “Tout naît d’une vie par­ta­gée”, disait-il. Nous y avons gagné beau­coup d’amis de tous hori­zons et de toutes condi­tions et vécu des moments d’une humani­té exceptionnelle. 

Bru­no Cou­der tirait sa force de sa foi, de sa vie spi­ri­tuelle et de sa pra­tique reli­gieuse. » Grand-père atten­tif, Bru­no aimait pas­ser du temps avec ses enfants et petits-enfants, à inven­ter des his­toires et à les leur racon­ter. Il est mort en pra­ti­quant sa pas­sion du ski, au cours d’une ran­don­née col­lec­tive, dans la chaîne de Bel­le­donne, une mon­tée pai­sible, sans avalanche. 

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