Cap sur l’international

Dossier : Dossier FFEMagazine N°700 Décembre 2014
Par Jean-Philippe CATTIN

Quel est votre cœur de métier ?

De manière géné­rale, nous effec­tuons tout type de tra­vaux de génie civil, tra­vaux sou­ter­rains, ter­ras­se­ment, génie urbain, bar­rages, tra­vaux mari­times et fluviaux.

RAZEL-BEC, le pôle TP du Groupe FAYAT, 4e acteur du BTP en France, est divi­sé en cinq pôles : Afrique (toutes acti­vi­tés), Direc­tion régio­nale (pour le nord et le sud de la France), Direc­tion génie civil et ouvrage d’art (génie civil indus­triel et nucléaire…), Infra­struc­tures linéaires (auto­routes, LGV, ter­ras­se­ments…), Direc­tion des grands pro­jets exports (tra­vaux sou­ter­rains et barrages).

Pourquoi avez-vous décidé d’évoluer dans ce secteur ?

Dans la famille, nous évo­luons tous dans le domaine de la construc­tion, notam­ment à l’international, et c’est ce qui m’a tou­jours plu. Voi­là pour­quoi, j’ai inté­gré Spie Bati­gnolles où j’ai tra­vaillé pen­dant 20 ans. Puis, avec le chan­ge­ment de stra­té­gie, j’ai dû reve­nir en France.

Sou­hai­tant évo­luer vers un poste plus ouvert sur le monde, j’ai déci­dé d’intégrer RAZEL qui cher­chait, en 2010, un direc­teur pour le déve­lop­pe­ment des acti­vi­tés à l’étranger, et ain­si élar­gir son champ d’action tra­di­tion­nel qui se situait en Afrique subsaharienne.

Quelles évolutions ont marqué ce secteur, ces dernières années ?

En rai­son de la conjonc­ture, l’activité en France dans le domaine des infra­struc­tures tourne au ralen­ti. Aujourd’hui, 70 % de notre acti­vi­té est réa­li­sée en France, mais le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal repré­sente un véri­table enjeu pour l’entreprise, notam­ment dans le Sud-Est asia­tique qui est extrê­me­ment por­teur, avec pour pays cibles : la Bir­ma­nie, l’Indonésie, le Laos et la Malaisie.

De réelles oppor­tu­ni­tés existent pour expor­ter notre savoir-faire dans des domaines à forte valeur ajou­tée tech­nique, prin­ci­pa­le­ment tra­vaux sou­ter­rains et bar­rages (béton com­pac­té au rouleau).

Pourquoi les barrages, et en particulier, en BCR ?

Le bar­rage en béton com­pac­té au rou­leau (BCR) offre l’avantage de pro­po­ser un volume de béton infé­rieur à un bar­rage terre, ce qui per­met de le construire plus rapi­de­ment avec une résis­tance bien meilleure.

Et, c’est là que notre valeur ajou­tée tech­nique s’exprime plei­ne­ment, car on sait dimen­sion­ner et ins­tal­ler les moyens de pro­duc­tion pour construire ce type de bar­rage, avec un niveau de qua­li­té très important.

Quel est l’avenir des projets de barrage et hydrauliques ?

La ten­dance aujourd’hui est au déve­lop­pe­ment des bar­rages construits selon cette tech­nique qui conti­nue d’évoluer vers les bar­rages- voûtes.

Car, si le BCR est par­ti­cu­liè­re­ment adap­té aux ouvrages hauts, leur don­ner la forme arquée contri­bue à aug­men­ter encore leur sta­bi­li­té. De fait, l’effet de voute par­ti­cipe davan­tage à la sta­bi­li­té de l’ouvrage.

Par ailleurs, nous pen­sons qu’avec les besoins crois­sants en éner­gie dans les pays émer­gents, il faut être capable de pro­po­ser une com­plé­men­ta­ri­té d’expertises : la construc­tion de bar­rages et les tra­vaux sou­ter­rains, néces­saires pour trans­por­ter l’eau et les usines hydro­élec­triques. L’idée est donc de faire coïn­ci­der les deux métiers.

Avez-vous un exemple de réalisation en cours ?

Nous pou­vons citer le bar­rage de Tabel­lout, le 5e en Algé­rie en matière de capa­ci­té de sto­ckage de l’ordre de 294 mil­lions de m3, et situé à l’est d’Alger. Ce bar­rage n’a pas de voca­tions hydro­élec­triques, mais d’irrigation et d’adduction en eau potable.

CHIFFRES CLÉ

  • S 2013 815 millions d’euros de chiffre d’affaires
  • 6 000 collaborateurs
  • 300 chantiers par an
  • 900 000 m² de tablier de ponts construits
  • 150 km d’ouvrages souterrains creusés
  • 2 600 km d’autoroutes et de voies de chemin de fer terrassées
  • 74 barrages
  • 350 millions d’euros de valeur de matériel.

Il s’inscrit dans un grand pro­jet de trans­fert d’eau à l’est du pays vers les hauts pla­teaux Séti­fiens, à tra­vers des bar­rages, des tun­nels et des conduits.

Cet ouvrage hydrau­lique est un bar­rage dont le volume est d’un mil­lion de m3 de béton BCR, avec une hau­teur de 120 mètres, 405 mètres de lon­gueur et 8 mètres de lar­geur en crête. Il com­prend un éva­cua­teur de crue à seuil libre en esca­lier d’une lar­geur utile de 60 mètres et deux gale­ries de déri­va­tion pro­vi­soire de six mètres de dia­mètre et de 400 mètres de long chacune.

Une gale­rie de trans­fert de 13,5 km de long et de 4,30 mètres de dia­mètre exca­vés fait éga­le­ment par­tie du mar­ché. Elle est réa­li­sée entiè­re­ment avec un tun­ne­lier qui tra­ver­se­ra des ter­rains de géo­lo­gie variable (et peu recon­nus). Le creu­se­ment se fait à par­tir d’un endroit iso­lé à envi­ron 30 km du site du bar­rage et remon­te­ra jusqu’au bar­rage. Les vous­soirs sont aus­si pré­fa­bri­qués sur le chan­tier à côté de l’attaque du tunnelier.

Ce bar­rage a connu beau­coup d’évolutions. À l’origine, le pro­jet était conçu en pro­fil droit. Mais, le desi­gn ini­tial a dû être modi­fié par le bureau d’étude COYNE et BELLIER afin de prendre en compte une faille géo­lo­gique active à deux cents mètres en amont du bar­rage et les nou­veaux para­mètres de sismicité.

La forme arquée a dû être adop­tée pour évi­ter d’augmenter le volume du barrage.

Comment vous êtes-vous adaptés aux préconisations de ce bureau d’études ?

Avec ce chan­ge­ment de desi­gn, nous avons revu tout ce qui concer­nait la consti­tu­tion du béton pour tenir compte de l’augmentation de sa résis­tance à 12 Mégas Pas­cal (MPa) contre 8 ini­tia­le­ment, notam­ment au niveau des ins­tal­la­tions de pro­duc­tion des sables et des fines, car on uti­lise des allu­vions de l’oued.

Nous avons dû réim­plan­ter éga­le­ment le sys­tème de trans­port par bandes trans­por­teuses de la cen­trale à béton jusqu’au bar­rage lui-même.

Enfin, nous avons dû reprendre tous les sys­tèmes de mise en œuvre du cof­frage de la face amont du bar­rage, les dis­po­si­tions construc­tives des joints simples et de contrac­tion, bien plus nom­breux que sur un bar­rage rec­ti­ligne, entre autres.

Quel potentiel commercial s’est ainsi créé, notamment à l’international ?

Cette réfé­rence de bar­rage BCR arqué pré­sente un avan­tage concur­ren­tiel cer­tain dans ces nou­velles contrées. Elle nous per­met de cibler des sujets simi­laires (taille et volume de BCR signi­fi­ca­tifs, forme arquée, etc.) ouverts à un nombre res­treint de concur­rents dans les appels d’offres internationaux.

Pour accompagner ce développement, cherchez-vous à renforcer vos équipes ?

Bien sûr. Dans le domaine à la fois com­mer­cial et celui de la réa­li­sa­tion, car nous aurons tou­jours besoin d’un noyau d’expatriés pour enca­drer la main‑d’œuvre locale. Par exemple, sur le pro­jet algé­rien qui compte 1 000 per­sonnes, 35 sont des enca­drants français.

Quel type de profil s’adapte rapidement à l’esprit de votre division ?

Il faut avoir le goût des grands pro­jets – 100 à 200 mil­lions d’euros –, de ces types d’ouvrages à construire, mais éga­le­ment une grande dis­po­ni­bi­li­té, requise par les nom­breux déplacements.

Il convient par ailleurs d’être ouvert d’esprit, anglo­phone, et de s’adapter rapi­de­ment à un nou­vel envi­ron­ne­ment tout en étant tou­jours très pro­fes­sion­nel pour bâtir des ouvrages de qualité.

Emis­saire du del­ta du fleuve Sénégal.

Piste de l’aéroport de Bamako au Mali.
Piste de l’aéroport de Bama­ko au Mali. © Jérôme Cabanel

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