Célia de Lavergne, polytechnicienne et députée

Célia de LAVERGNE (99) : faire de la politique “ autrement ”

Dossier : TrajectoiresMagazine N°729 Novembre 2017
Par Célia de LAVERGNE (99)

Après un par­cours diver­si­fié dans le domaine asso­cia­tif ou au cabi­net d’un élu, elle a pro­fi­té de l’op­por­tu­ni­té ouverte par « En marche » per­met­tant à des membres de la socié­té civile de s’engager dans la trans­for­ma­tion du pays pour se faire élire dans la cir­cons­crip­tion de Her­vé Mari­ton (77) qui ne se repré­sen­tait pas. 

Célia de Lavergne nous reçoit dans son pied-à-terre exi­gu de l’Assemblée natio­nale, au 101, rue de l’Université : » Mon enga­ge­ment récent en poli­tique est l’aboutissement d’une curio­si­té insa­tiable, natu­relle et culti­vée à l’X, puis pen­dant mon par­cours pro­fes­sion­nel d’aller, tou­jours plus loin, vers de nou­veaux sujets « . 


Mon pas­sage au cabi­net de Jean-Louis Mis­si­ka, adjoint de la maire de Paris, per­son­na­li­té d’ouverture non encar­tée poli­ti­que­ment, m’a don­né l’envie de pra­ti­quer la poli­tique “ autrement ”.

J&R : En effet, c’est un engagement un peu impromptu, que rien ne laissait présager dans votre parcours ?

En véri­té, il y a eu quand même quelques pré­mices. Ain­si, la diver­si­té de mon par­cours, avec des res­pon­sa­bi­li­tés suc­ces­sives dans le domaine asso­cia­tif, en entre­prise, ou comme conseillère tech­nique au cabi­net d’un élu, m’a don­né envie de m’engager en faveur de l’intérêt général. 

Et la fibre sen­sible pour la poli­tique que j’avais bel et bien en moi depuis tou­jours s’est brus­que­ment révé­lée au tra­vers de mon pas­sage au cabi­net de Jean-Louis Mis­si­ka, adjoint de la maire de Paris, per­son­na­li­té d’ouverture non encar­tée poli­ti­que­ment, auprès de qui j’ai décou­vert l’envie de pra­ti­quer la poli­tique « autre­ment » et qui m’a trans­mis une vision de la poli­tique trans­par­ti­sane au pro­fit de déci­sions enga­gées, vision­naires et ambitieuses. 

Et, bien sûr, il y a eu pour finir cette extra­or­di­naire oppor­tu­ni­té ouverte par la démarche inédite d’« En marche » de per­mettre à des membres de la « socié­té civile » de s’engager pour la trans­for­ma­tion du pays. 

En fait, je n’ai pas réagi tout de suite. C’est quand j’ai vu que, le pre­mier appel n’ayant ame­né que 15 % seule­ment de can­di­dats femmes, le mou­ve­ment relan­çait un deuxième appel plus spé­ci­fi­que­ment adres­sé aux femmes, que je me suis déci­dée. Ça a été le déclic ! 

Ensuite tout s’est très vite enchaî­né. Nous sommes à un tour­nant pour notre pays : il y a un vrai besoin d’un lea­der­ship poli­tique atten­tif à de nou­velles dimen­sions, comme la trans­for­ma­tion numé­rique, l’écologie ou la construc­tion d’une Europe plus ambi­tieuse, en rup­ture avec les anciennes concep­tions de notre monde, que j’ai plei­ne­ment retrou­vé dans le pro­jet du Président. 

J&R : Pourquoi la Drôme ?

Ça va paraître un peu incroyable, mais c’est vrai­ment un coup de foudre pour cette région, durant notre lune de miel pas­sée avec mon mari sur les che­mins de la Drôme il y a quelques années. 

Et après avoir eu une acti­vi­té « ter­ri­to­riale » à Paris, j’ai eu envie de m’investir dans un ter­ri­toire dif­fé­rent, cette fois très rural, où nous nous sommes ins­tal­lés avec mon mari et mes enfants par convic­tion et choix de vie. La cir­cons­crip­tion sur laquelle je suis élue est passionnante. 

Le ter­ri­toire est vaste et très divers : on y trouve un éven­tail d’activités très éten­du, qui va du monde agri­cole aux zones mon­ta­gnardes, en pas­sant par les pro­blé­ma­tiques liées au nucléaire avec Tricastin ! 

J&R : Vous êtes un X en politique, ce qui n’est pas fréquent, une femme X en politique ce qui est encore plus rare, et en plus vous succédez dans votre circonscription à un autre X (Hervé Mariton, de la 77), ce qui est – pour le coup – absolument exceptionnel. C’était un plan prémédité ?

Abso­lu­ment pas ! C’est le hasard le plus com­plet qui m’a fait suc­cé­der à un cama­rade, dont je n’étais nul­le­ment la dau­phine, et dont je ne par­tage d’ailleurs pas les options poli­tiques, en par­ti­cu­lier sur les ques­tions sociétales. 

J&R : Vous n’êtes pas une élue « à l’ancienne », habituée des marchés et rompue aux comices agricoles. Cependant, il vous faut bien maintenant vous enraciner dans ce territoire.
Comment vous y prenez-vous ?

Oui, c’est le revers d’être une per­sonne nou­velle en poli­tique. Il faut se faire connaître. Je suis issue de la par­tie nord de ma cir­cons­crip­tion, qui est l’une des plus éten­dues, des plus diverses et en même temps des plus com­plètes de France : 241 com­munes à connaître, trois heures de voi­ture pour la traverser ! 

Célia de Lavergne sur le terrain
Célia de Lavergne ren­contre aus­si bien les acteurs ins­ti­tu­tion­nels que la population.

J’ai par­cou­ru des mil­liers de kilo­mètres pen­dant la cam­pagne. Main­te­nant, je ren­contre aus­si bien les acteurs ins­ti­tu­tion­nels (j’ai entre­pris notam­ment de ren­con­trer tous les maires et les élus d’ici Noël) que la popu­la­tion au tra­vers de ren­contres sur les mar­chés, d’organisation de cafés citoyens, de réunions publiques et de ren­dez-vous à ma per­ma­nence, pour prendre contact avec ce ter­ri­toire et ses habi­tants dans toute sa diversité. 

J&R : Quels sont vos projets comme députée ?

J’ai la chance d’avoir été dési­gnée coor­di­na­trice des États géné­raux de l’alimentation, ce qui cadre bien avec le carac­tère très rural de ma cir­cons­crip­tion. Je m’investis aus­si dans le domaine de l’énergie, puisque j’ai été nom­mée rap­por­teure pour avis de la loi Hulot. 

Et, bien sûr, je reste très atta­chée à la dimen­sion scien­ti­fique et tech­nique, en par­ti­ci­pant aux audits de l’Office par­le­men­taire d’évaluation des choix scien­ti­fiques et tech­no­lo­giques (OPECST), dont Cédric Vil­la­ni vient de prendre la présidence. 

Je suis enthou­siaste à l’idée de tra­vailler avec lui sur des sujets qui seront déter­mi­nants pour notre socié­té, comme l’arrivée des véhi­cules auto­nomes, la trans­for­ma­tion que l’impression 3D va induire dans le monde de l’entreprise, ou l’avènement de l’intelligence artificielle. 

J&R : Avec le recul, quel est l’apport de votre formation à l’École dans votre parcours ?

La force de l’École réside dans son excel­lence scien­ti­fique, et sa capa­ci­té à faire émer­ger des pro­fils extra­or­di­nai­re­ment variés, qui vont inves­tir tous les sec­teurs de la société. 

Tout cela se retrouve dans l’envie, qui ne m’a jamais quit­tée, de m’intéresser à plein de sujets différents.

3 Commentaires

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j de bodmanrépondre
12 novembre 2017 à 17 h 32 min

Lavergne
Il y a si peu de poly­tech­ni­ciennes élues dépu­tées qu’il aurait été peut-être cour­tois de citer celle qui a été hono­ra­ble­ment bat­tue, NKM…

OBERTOrépondre
14 novembre 2017 à 11 h 12 min
– En réponse à: j de bodman

Lavergne : la poli­tique autrement

Oui Jean, NKM a aus­si été dépu­tée, mais le sujet c’est aus­si faire de la poli­tique autrement… 

Humble pour soi même et ambi­tieux pour les pro­jets que l’on porte ! 

Amitiés

Chau­vinrépondre
13 novembre 2017 à 10 h 52 min

enga­ge­ment poli­tique d’une poly­tech­ni­cienne
Bra­vo, Célia, et bonne chance ! Entraî­nez d’autres cama­rades sur cette voie.
Bien cor­dia­le­ment, JMC (X51)

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