Cellprothera : développer la thérapie régénératrice cardiaque

Dossier : Dossier FFEMagazine N°726 Juin 2017
Par Matthieu De KALBERMATTEN

Comment CellProthera a vu le jour ?

Cell­Pro­the­ra a été fon­dée à Mul­house en 2008, notam­ment par le pro­fes­seur Phi­lipe Hénon, un spé­cia­liste en héma­to­lo­gie. Entre 2002 et 2007, il a mené une étude pour démon­trer que la thé­ra­pie cel­lu­laire appli­quée à la régé­né­ra­tion du muscle car­diaque peut fonctionner. 

Il a décou­vert que les cel­lules souches pré­sentes dans le sang péri­phé­rique per­mettent de régé­né­rer le muscle car­diaque ain­si que les artères qui le perfusent. 

En s’appuyant sur les résul­tats, Cell­Pro­the­ra a vu le jour pour per­mettre l’industrialisation de cette décou­verte et en faire béné­fi­cier le plus grand nombre de patients. 

Vous êtes spécialisés dans la thérapie régénératrice cardiaque. Qu’est ce que cela implique ?

Les cel­lules mus­cu­laires du cœur n’ont pas ou très peu la capa­ci­té de se renou­ve­ler. Quand elles sont endom­ma­gées par un infarc­tus, par exemple, elles se nécrosent et ne sont pas remplacées. 

Le cœur s’affaiblit menant à une insuf­fi­sance car­diaque qui se réper­cute sur la qua­li­té de vie et la mortalité. 

L’objectif de notre thé­ra­pie cel­lu­laire régé­né­ra­trice est d’isoler et d’amplifier les cel­lules souches mobi­li­sées dans le sang péri­phé­rique et de les injec­ter direc­te­ment dans le cœur. Ces cel­lules souches dénom­mées CD34+ vont d’une part contri­buer à recréer le muscle car­diaque et redon­ner une fonc­tion contrac­tile au cœur et d’autre part pro­lon­ger l’effet de régé­né­ra­tion dans le temps puisque tout en se dif­fé­ren­ciant, elles sont capables de se renou­ve­ler au long cours. 

Nous avons déjà un recul de plus de 14 ans sur les pre­miers patients trai­tés lors de l’étude pilote et le suc­cès de notre thé­ra­pie repose sur 4 axes : 

  • l’efficacité du type de cel­lules souches utilisées ; 
  • la quan­ti­té de cel­lules injectées ; 
  • la méthode d’injection intra-myocardique ; 
  • le trai­te­ment des patients direc­te­ment après leur infarc­tus : il faut trai­ter rapi­de­ment la zone enflam­mée et pas encore cica­tri­sée pour que les gref­fons de cel­lules souches prennent. 

En misant sur cette thérapie, vous êtes à la pointe de l’innovation clinique …

Inno­ver, c’est aller là où per­sonne ne s’est encore ren­du. Dans notre domaine, à l’heure actuelle, il n’y a encore aucune thé­ra­pie approu­vée qui uti­lise les cel­lules souches pour trai­ter les pro­blèmes cardiaques. 

Nous avan­çons étape par étape, tout comme les auto­ri­tés régle­men­taires qui n’ont encore que peu de recul sur un tel sujet. 

Quels sont les principaux enjeux auxquels vous êtes confrontés ?

L’enjeu est de pou­voir gérer l’aspect régle­men­taire propre au domaine du gref­fon, qui est consi­dé­ré comme un médi­ca­ment de thé­ra­pie inno­vante (MTI). Aujourd’hui, il n’y a qu’un seul MTI qui a reçu une auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché (AMM). Nous devons nous concen­trer sur ces auto­ri­sa­tions pour réa­li­ser nos essais cliniques. 

Actuel­le­ment, nous sommes en phase II de déve­lop­pe­ment cli­nique : il s’agit de recru­ter 44 patients en France et au Royaume-Uni. Nous tra­vaillons sur une étude ran­do­mi­sée pour com­pa­rer les patients qui vont être trai­tés avec notre thé­ra­pie à ceux qui ont pris un trai­te­ment de routine. 

Cette étude devrait nous per­mettre de lan­cer une étude plus large en Europe et aux États-Unis. 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous sommes en train de mettre en place une étude pilote à Sin­ga­pour pour faci­li­ter les auto­ri­sa­tions de mise sur le mar­ché en Asie, tout en conti­nuant notre déve­lop­pe­ment cli­nique en Europe et en Amé­rique du Nord. 

Avec nos par­te­naires fran­çais, nous accé­lé­rons aus­si l’industrialisation de notre pre­mière ver­sion d’automate et de kits pour pro­duire les gref­fons qui seront injectés. 

Aujourd’hui, Cell­Pro­the­ra n’est plus tout à fait une start-up. Elle est un acteur recon­nu de son sec­teur qui a fait ses preuves, et a réus­si à lever plus de 28 mil­lions d’euros.

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