César Franck : Symphonie en Ré
Darius Milhaud : Le Bœuf sur le toit
Après avoir célébré en 2022 le bicentenaire de César Franck (1822−1890), nous recommandons cette interprétation de sa célèbre Symphonie en ré mineur, créée en 1889 dans la magnifique salle du premier Conservatoire (comme la Symphonie fantastique soixante ans auparavant), où ne se produit plus désormais que l’ensemble Le Palais royal.
On le sait, César Franck a composé toute sa vie, mais seules ses œuvres de sa dernière décennie sont encore jouées régulièrement et lui ont donné une réputation de compositeur tardif. Pourtant, au-delà de ses œuvres les plus célèbres (cette symphonie, Sonate pour violon, Quintette avec piano, Variations symphoniques, grandes œuvres pour orgue…), j’invite à découvrir d’autres compositions plus anciennes, notamment ses quatre trios avec piano.
La symphonie est en trois mouvements, le dernier mouvement reprenant de façon cyclique des thèmes des deux premiers. Le second mouvement, d’une rare intensité, élabore sur un thème magnifiquement émouvant énoncé au hautbois, merveilleux.
L’année du début de la composition de cette symphonie est aussi celle de la composition de la fameuse Troisième Symphonie de Saint-Saëns et de la Symphonie cévenole de Vincent d’Indy. Elle est un chef‑d’œuvre incontestable, même si son style « germanique » lui a valu un accueil mitigé du fait du sentiment anti-allemand de l’époque.
Le chef d’orchestre Leonard Bernstein était un musicien complet. Compositeur de musicals célèbres de Broadway (West Side Story…) et d’œuvres de musique « sérieuse » (symphonies, ballet…), mais aussi un grand pédagogue (ayant fait découvrir la musique classique à des millions de jeunes téléspectateurs américains) et surtout un des plus grands chefs d’orchestre du XXe siècle, dirigeant avec succès et authenticité trois siècles de musique depuis Haydn jusqu’aux contemporains américains. À la fin de sa carrière, après sa démission du Philharmonique de New York, Leonard Bernstein dirigea et enregistra beaucoup en Europe, à Vienne principalement mais aussi à Tel Aviv, à Munich et comme ce soir-là à Paris. Et, en ce qui concerne les enregistrements, il en fit au moins quelques-uns avec presque tous les grands orchestres d’Europe.
Cet enregistrement de la symphonie de Franck est issu d’un concert en direct en 1981 avec l’Orchestre national de France, qui était relativement nouveau sous cette forme (1974). L’interprétation de Bernstein est saisissante, de la première note à la dernière. C’est une approche très romantique, avec des tempos très larges, mêmes vraiment alanguis dans le second mouvement, magnifique. Tout le style de Bernstein chef d’orchestre est là, silences, apesanteur, lenteur, romantisme échevelé. Et l’orchestre, avec notamment ses quatre cors solaires, son hautbois plaintif, répond parfaitement aux souhaits du Bernstein parisien.
En complément de ce DVD Franck, Bernstein a enregistré, également à Paris, Le Bœuf sur le toit de Darius Milhaud (1920), musique de ballet légère et dansante où l’on voit le chef, exception-nellement barbu à cette période, swinguer avec la musique, faisant preuve comme toujours d’un enthousiasme communicatif.
Ce DVD très recommandé est disponible pour l’instant uniquement au sein d’un coffret commenté ici en février 2009 de cinq DVD comprenant aussi la Neuvième Symphonie de Bruckner, les Symphonies n° 1 et 3 de Brahms, Mozart (dirigé depuis le piano) et la Neuvième de Beethoven enregistrée sur les ruines fumantes du mur de Berlin. Uniquement des DVD de référence.
Orchestre National de France, direction Leonard Bernstein
Un coffret Euroarts