Château Olivier, retour vers le futur
Contrairement à de nombreux domaines viticoles, la récente renaissance de Château Olivier n’est pas due à un changement de propriétaire. Le château est en effet dans la même famille depuis pas moins de cent dix-huit ans. Un ancêtre fut maire de Bordeaux, un autre posséda le Château Gruaud-Larose. L’actuel propriétaire, Jean-Jacques de Bethman, est celui qui a su poser les fondements de la renaissance du cru, notamment par le recrutement en 2002 d’un jeune ingénieur agronome et oenologue, Laurent Lebrun, qui, dès son arrivée, a commandé une étude pédologique et géologique. Cette étude a mis au jour, outre la diversité des sous-sols, l’existence d’une croupe particulièrement qualitative et riche en graves. Elle constitue une parcelle de 8 ha du nom de Bel-Air, et atteint 55 mètres de hauteur (le point culminant du domaine) à l’extrême ouest du vignoble. Sa composition (60% de graves agglomérées par une matrice sablo-argileuse) est celle du terroir archétypique qui a fait la réputation des vins de Bordeaux. On connaît les atouts des graves, ces galets roulés qui réfléchissent la lumière sur les grappes tout en emmagasinant la chaleur du jour pour la restituer la nuit. L’argile, quant à elle, fournit l’approvisionnement hydrique nécessaire, sans excès.
Curieusement, la parcelle Bel-Air est actuellement plantée de pins. L’histoire du vignoble de Château Olivier est en effet inextricablement mêlée à celle de ses forêts. Il a été difficile d’arbitrer entre ces deux richesses pour une famille pénétrée de principes de bonne gestion (n’oublions pas qu’il y a seulement quarante ans le vin de bordeaux se vendait à un très faible prix. La hausse des grands crus a réellement commencé il y a environ vingt ans, avec le millésime 1982).
Sur les 220 hectares de la propriété, 180 sont classés en appellation Pessac-Léognan mais seulement 55 sont en production. Les zones boisées, quant à elles, sont pour la plupart des Espaces boisés à conserver. La chance est pourtant du côté de Château Olivier car en 2003 le Plan local d’urbanisation de la commune de Léognan était en révision. M. de Bethman a donc demandé la levée des servitudes sur certaines zones boisées et l’a obtenue en décembre, après une étude d’impact sur l’environnement. Dès avril 2004, 2 des 8 ha de la parcelle déboisée sont plantés en cabernet sauvignon ; le reste sera planté par tranches de 2 ha tous les ans. Le choix du cépage s’est imposé de lui-même, d’abord parce que l’on avait beaucoup planté de merlot à Olivier ces dernières années, ensuite et surtout parce que le terroir est idéal pour le cabernet sauvignon.
Château Olivier connaît donc un vrai renouveau. L’intérêt porté au terroir va de pair avec une rénovation du cuvier. Les cuves en inox inaugurées pour les vendanges 2003 sont de forme tronconique, de tailles variées et échelonnées de 80 à 100 hl. Elles sont alignées dans une superbe halle du XVIIIe à laquelle les vieilles poutres confèrent beaucoup de charme. Associée à des pratiques qui ont fait leurs preuves (vendanges en cagette, pigeage, transport du raisin par gravitation, macération à froid etc.), la nouvelle cuverie permet une vinification parcellaire plus pointue. Ainsi, en 2003, 25 lots ont été vinifiés séparément, en fonction du cépage et du sol. Le processus de sélection des meilleurs lots est facilité depuis 2000 par la création d’un second vin baptisé “ la seigneurie d’Olivier ”.
L’accent est clairement mis sur les rouges qui représentent 80% de la production, même si le cru est classé dans les deux couleurs. Château Olivier est sans doute le “ nouvel espoir ” des Graves, car la mise en production progressive d’un très grand terroir aura forcément un impact très fort sur la qualité du vin. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut boire avec plaisir un vin déjà excellent et qui a un grand avenir devant lui…