Chine : la réforme autoritaire Jiang Zemin et Zhu Rongji
En s’attachant au récit parallèle des deux vies entrecroisées de Jiang Zemin et de Zhu Rongji, Henri Eyraud a rendu un éminent service à la compréhension du destin de la Chine. Il n’en est pas d’ailleurs à son coup d’essai : le général Eyraud a pris la suite de nos grands sinologues de formation militaire, Chassin puis Jacques Guillermaz, et son érudition précise comme son jugement toujours sobre mais jamais dissimulé sont rarement en défaut…
Connaissant parfaitement la Chine officielle et militaire, il n’en est pas moins sensible, comme le montre ce livre, aux bouleversements formidables de la société, et son ouvrage peut se lire aussi comme la chronique de la montée en puissance d’une ville, Shanghai, et d’un modèle de développement, le capitalisme autoritaire.
Que sortira-t-il de cette phase de modernisation accélérée mais souffrante ? Un début de démocratie, populeuse et décentralisée comme en Inde, hésitante comme en Russie, ou encore un régime mixte dominé par des cliques régionales et militaires comme le Japon impérial des années 1929–1939 ?
À ces questions, dont certaines sont parfaitement angoissantes pour notre avenir à court terme, Henri Eyraud ne répond pas en clôturant le débat, mais au contraire en l’élargissant. Et en parfait imitateur de la littérature classique chinoise, il préfère le portrait moral de deux individus aux généralisations trop hâtives ou emphatiques.