Chine : pays à bas coût ou marché profitable ?
Souvent considérée comme terre de délocalisations ou d’approvisionnements à bas coût, la Chine devient aujourd’hui un marché clé sur lequel les entreprises françaises doivent définir des stratégies d’entrée et de croissance. Complexes certes mais combien profitables pour ceux qui savent faire les bons choix.
Deuxième marché mondial en 2020
On oublie que pendant plus de deux mille ans la Chine a été la première puissance économique mondiale avant d’être détrônée au xixe siècle par les grands pays qui s’engageaient dans la révolution industrielle, tour à tour européens, américains puis japonais. Depuis, grâce aux réformes économiques qui ont permis son ouverture à la libre entreprise et aux capitaux étrangers, la Chine connaît une croissance vertigineuse qui la place aujourd’hui au niveau de la France, au cinquième rang des économies mondiales. Cet immense marché est aujourd’hui ouvert aux investissements étrangers tant dans l’industrie que dans les infrastructures et les services.
Des contrastes encore saisissants
Si le revenu per capita est inférieur à 500 $ pour 50 % de la population, il est cependant supérieur à 1 000 $ dans les provinces côtières voire même à 3 500 $ autour de Shanghai. Les investissements étrangers qui représentent plus de 50 milliards annuels sont concentrés à plus de 80 % dans les provinces côtières de Liaoning à Guangdong. Les infrastructures archaïques des campagnes contrastent avec celles des zones urbaines où aéroports, métros et réseaux d’assainissement et de distribution d’eau ont reçu de fortes dotations de l’État. Les Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et l’Exposition universelle de Shanghai en 2010 donnent lieu à une course au modernisme des équipements. Enfin, l’outil de production qui se caractérisait par l’utilisation intensive d’une main-d’œuvre à bon marché est en train de s’industrialiser sous l’effet des investissements étrangers et des efforts importants de R & D financés par le gouvernement chinois.
Adopter une stratégie d’entrée et de croissance ad hoc
Les enseignements des travaux du cabinet en Chine montrent que les conditions de succès résident d’abord dans une compréhension approfondie des secteurs concernés, des règles du jeu et des moteurs de la consommation. Le choix des lieux de production, des moyens logistiques et des réseaux de distribution ainsi que la construction d’une relation forte tant avec le gouvernement central qu’avec ceux des provinces et des municipalités représentent la deuxième étape du parcours vers le succès. Enfin, une coentreprise est souvent nécessaire et le choix du partenaire chinois est primordial. Bien des lettres d’intention signées dans la hâte aboutissent à des déceptions lorsque l’entreprise occidentale s’aperçoit que le partenaire chinois n’apporte pas les éléments attendus et nécessaires au succès de la coentreprise.
Repenser ses fondamentaux occidentaux
Trop d’entreprises pensent qu’il suffit d’appliquer les recettes qui ont fait leurs preuves sur d’autres marchés pour réussir en Chine. La vérité est tout autre, il faut accepter que la taille du marché chinois et ses règles du jeu en affaires nécessitent de repenser complètement ses fondamentaux, de s’engager à long terme et de former et fidéliser des cadres locaux qui accompagneront la croissance. Les opportunités des cinq prochaines années seront nombreuses et tirées par la croissance économique et le développement des infrastructures. L’ouverture de nouveaux secteurs aux investissements étrangers et des leaders politiques aux niveaux central, régional et municipal progressistes et orientés vers le développement des affaires accroîtront les opportunités. La poursuite de la migration rurale et de la croissance urbaine va également entraîner, en complément d’un marché de biens industriels et de consommation déjà important, un développement exponentiel du secteur des services aux particuliers, aux entreprises et aux autorités locales particulièrement dans les domaines des loisirs, de l’environnement et de la santé.
Un retard à rattraper
Il est impératif de faire en sorte que l’année de la France en Chine soit l’occasion pour nos entreprises de rattraper le retard pris par rapport aux acteurs économiques des autres grands pays industrialisés.