Choc de cultures et relation de confiance
Saint-Quentin est une charmante ville au bord de la Somme. C’est là que s’est installé l’un des centres Epide (Établissement public d’insertion de la défense), au sein duquel 120 jeunes de 18 à 22 ans suivent le dispositif » Défense, 2e chance « . Deux jeunes de la promo 2008 y suivent leur stage de formation humaine depuis décembre dernier.
Kouros & Romain
Romain et Kourosh sont moniteurs, chacun au sein d’une des cinq sections dans lesquelles sont répartis les » VI « , nom donné aux jeunes volontaires à l’insertion. En tant que moniteurs, ils participent à l’encadrement quotidien et à la formation comportementale des volontaires qui leur sont confiés. Ce suivi quasi permanent leur permet d’établir une relation de confiance qui assure aux jeunes un véritable soutien pédagogique. C’est le dialogue avec les volontaires qui est vraiment intéressant. Ils se livrent plutôt le soir d’ailleurs, raconte Romain. Ici, j’ai découvert toutes les possibilités offertes aux jeunes qui ont arrêté leur scolarité avant la troisième ou n’ont aucune formation ajoute Kourosh. Un choc de cultures et une ouverture réciproque puisque les jeunes du centre de Saint-Quentin ignorent généralement ce qu’est l’École polytechnique.
Un projet éducatif global
La mission de l’Epide consiste à favoriser l’insertion sociale et professionnelle de ces jeunes en difficulté scolaire, en risque de marginalisation, et volontaires, au terme d’un projet éducatif global. Il favorise leur entrée dans la vie active en leur proposant un parcours adapté, en concertation avec de nombreux partenaires de l’insertion professionnelle, les entreprises notamment.
C’est ainsi que 60 000 jeunes sur un total de 800 000 sont identifiés chaque année comme étant dans cette situation, lors des Journées d’appel de préparation à la Défense (JAPD). Un pourcentage de 10 à 15 % de ceux que nous accueillons ici iront d’ailleurs rejoindre les rangs des armées au terme de leur formation, commente Michel Devisscher, directeur du centre de Saint-Quentin. Les volontaires signent un contrat avec l’Epide, d’une durée moyenne comprise entre huit et douze mois, mais seront accompagnés à leur sortie.
Cours, sport et instruction civique
Les journées types sont composées des cours (maths, français, informatique), du sport, du code de la route – la plupart des postes proposés requièrent le permis – et l’instruction civique.
Les volontaires sont aussi responsabilisés, ils votent lors des commissions de discipline, secondent les moniteurs à l’arrivée des nouveaux, etc. L’objectif de tout cela est bien sûr l’intégration en entreprise.
Un certificat reconnu par l’Éducation nationale
La présence de Kourosh et Romain apporte une aide précieuse à plusieurs niveaux. Ils assistent les enseignants dans le suivi personnalisé des élèves, une autre façon de faire l’école, souvent synonyme d’échec pour les volontaires. Les volontaires passent un certificat d’études reconnu par l’Éducation nationale, qui les revalorise.
Ils les aident également dans leur recherche d’emploi sur Internet, dans la rédaction de leur CV et lettres de motivation, accompagnent les sorties culturelles, toujours très préparées, etc. Au terme de cette phase d’immersion, ces deux polytechniciens seront chargés de rédiger un projet d’établissement – document qui définit et met en oeuvre la politique globale de l’établissement, en prenant en compte son environnement économique, culturel et social.
Une expérience enrichissante : La rencontre entre jeunes d’horizons complètement différents est au cœur de notre stage. Même si elle n’est pas facile tous les jours, elle invite à la remise en question de soi et change notre regard sur ce qui nous entoure. L’Epide est placé sous la tutelle des ministères de la Défense, de l’Emploi et de la Ville.