Choose Paris Region développe l’attractivité de l’Île-de-France
Choose Paris Region se mobilise en faveur du développement de la région Île-de-France au travers du prisme de l’attractivité et de l’accompagnement des entreprises étrangères qui souhaitent investir sur le territoire. Lionel Grotto (X05), directeur de cette agence d’attractivité, nous en dit plus sur son positionnement et son périmètre d’action.
Choose Paris Region est une agence d’attractivité. Qu’est-ce que ce statut implique ?
Les agences d’attractivité, qui ont souvent le statut d’association, ont un objet et des missions largement méconnus du grand public. Concrètement, il s’agit d’un outil dont se dotent les territoires, les collectivités et en particulier les régions afin de gérer de manière plus agile leur développement économique. Dans ce cadre, ces agences opèrent à l’interface entre les pouvoirs publics et les entreprises, avec un ADN emprunté à chacun de ces deux mondes. Même si on parle d’associations, il s’agit souvent d’outils extrêmement rôdés et professionnalisés, et qui adoptent des modes de fonctionnement qui ressemblent plus à celui d’une entreprise qu’à celui d’une collectivité : on parle de marketing, pilotage financier et évolution des business models, parcours clients, fixation d’objectifs et de KPI, reporting, future of work, etc. Choose Paris Region compte 90 collaborateurs.
Dans cet écosystème, le métier de Choose Paris Region est d’agir en faveur de l’installation ou du développement d’entreprises internationales en Île-de-France et donc, in fine, de contribuer au développement économique et social de la région sur le long terme. Pour cela nous avons une mission de notoriété pour que l’Île-de-France vienne immédiatement à l’esprit (« top of mind ») des dirigeants dans les secteurs que nous ciblons.
« Le métier de Choose Paris Region est d’agir en faveur de l’installation ou du développement d’entreprises internationales en Île-de-France. »
Plus récemment, au cours des dernières années, de nouvelles missions nous ont été progressivement confiées : la mission d’attraction de productions audiovisuelles françaises et étrangères en 2019 et celle de promouvoir l’Île-de-France auprès des talents internationaux en 2022 pour les faire vivre et travailler dans notre région. Et à l’été 2023 est prévue une fusion avec le Comité Régional du Tourisme afin de pouvoir toucher nos différentes cibles d’une manière cohérente, qu’il s’agisse de visiteurs, d’investisseurs, de futurs habitants, de visiteurs de salons professionnels, de spectateurs de film, etc.
À noter que ce type d’outils n’est pas spécifique à la France : toutes les grandes métropoles mondiales sans exception ou presque se sont dotées d’un outil similaire. Cette année nous sommes particulièrement fiers car Choose Paris Region a été classée par fDi intelligence, la division « investissements directs étrangers » du Financial Times, comme l’agence qui a la meilleure stratégie d’attraction d’investissements internationaux en Europe, UK inclus.
Quel est le potentiel d’attractivité de l’Île-de-France à une échelle internationale ?
Malgré un contexte économique difficile marqué par la crise sanitaire, la région a conservé une dynamique d’attractivité extrêmement soutenue à tous les niveaux. Selon une étude sur la perception globale de l’attractivité des grandes métropoles mondiales que nous avons menée fin 2022 avec OpinionWay auprès de 400 entreprises implantées sur tous les continents et représentatives des principaux investisseurs internationaux, l’Île-de-France arrive en deuxième position des régions et métropoles les plus attractives dans le monde. C’est une étude que nous réalisons depuis plus de 10 ans et, en 2022, l’Île-de-France atteint son meilleur positionnement.
Mais plus largement, depuis 2017, L’Île-de-France est remontée dans tous les classements et de nombreux clichés et préjugés sont tombés.
« Malgré un contexte économique difficile marqué par la crise sanitaire, la région a conservé une dynamique d’attractivité extrêmement soutenue à tous les niveaux. »
Cela se retrouve dans les chiffres : entre 2003 et 2018, chaque année, on recensait en moyenne 250 projets par an, soit 7 300 emplois créés. Entre 2018 et 2022, on recense environ 400 projets et 11 000 emplois chaque année. À titre comparatif, nous attirons en Île-de-France le double du nombre de projets d’investissement étrangers que l’Italie attire chaque année. L’Île-de-France est aussi la région au monde qui accueille le plus de projets de centres de R&D, de recherche, de design… devant Singapour, les grandes villes indiennes, Londres et d’autres capitales européennes. Enfin, on note aussi de plus en plus une plus forte internationalisation des profils qui s’installent dans notre région.
Quels sont les enjeux et les sujets qui vous mobilisent dans le cadre de votre mission de promotion de l’attractivité de l’Île-de-France ?
Nous fonctionnons de manière contracyclique par rapport aux enjeux auxquels sont confrontés les collectivités et l’État. En effet, nos actions d’attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers s’inscrivent dans le temps long. En moyenne, les projets que nous accompagnons s’étendent sur 18 mois. Si l’État et les collectivités sont mobilisés sur des sujets d’actualité et de court terme pour soutenir le tissu économique et les entreprises, nous sommes plutôt dans une logique d’accompagnement et de facilitation des investissements sur le long terme.
Un enjeu qui nous mobilise concerne le développement de l’industrie. Entre 1990 et 2015, l’Île-de-France a perdu 50 % de ses emplois industriels, alors que la moyenne nationale est de 30 %. À l’instar des autres régions et territoires du pays, l’Île-de-France a besoin de retrouver une activité industrielle afin d’accompagner les transformations que connaissent des filières stratégiques comme celle de l’automobile, de l’aéronautique. L’implantation de grands projets industriels est pour nous une priorité et les atouts en termes de terrains disponibles malgré les fortes contraintes actuelles, et de disponibilité de main d’œuvre qualifiée, sont uniques en France.
Quels sont les axes économiques et technologiques qui peuvent contribuer au développement de la région ?
Ils sont nombreux car l’économie francilienne est très diversifiée. Les services aux entreprises et les fonctions de siège, de R&D et de logistique sont notre force. L’IA, le quantique, la cryptographie sont à la fois des forces et des axes de développement. Notre volonté est aussi de positionner l’Île-de-France comme un territoire incontournable dans la construction de l’aéronautique et du spatial de demain. Nous accordons aussi une attention particulière à la question de la mobilité, ainsi qu’aux projets sur les batteries, les véhicules électriques et autonomes, l’hydrogène, les projets dans le secteur de l’énergie.
Enfin, on retrouve également l’univers du luxe et de la cosmétique, la filière de la santé et des biotechnologies. Sans oublier le secteur de la construction bas carbone : le secteur étant aujourd’hui le premier émetteur de gaz à effet de serre. Le secteur de la finance occupe une place à part post Brexit : nous avons mené et menons encore de nombreuses actions pour enforcer l’attractivité de la place financière de Paris et cela commence à vraiment porter ses fruits : Paris distance toutes les autres capitales européennes sur le nombre d’emplois relocalisés, ce que la presse anglosaxonne commence à reconnaître.
Dans ce cadre, quelles actions déployez-vous ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Citons deux exemples.
Nous travaillons sur la mobilité aérienne volante et avons lancé en 2021 un appel à projets avec le Groupe ADP et la RATP et avons reçu 150 candidatures d’entreprises de 25 pays. La filière est en train de se développer et va bénéficier d’une importante visibilité dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024. Il y a par ailleurs déjà une zone de test sur l’aérodrome de Pontoise (95). Nous sommes assez fiers de ces développements auxquels nous avons contribués.
En parallèle, nous participons au MIPIM, le plus grand salon de l’immobilier qui se tient en mars à Cannes. Sur cet événement, le Grand Paris est le territoire avec la plus forte participation, et c’est l’agence qui coordonne la présence de près de 50 partenaires publics et privés pour un budget de près de 2 M€ sur cette opération.
Dans cette démarche, quel rôle joue le facteur humain ?
En 2017, Goldman Sachs annonçait que son développement européen post-Brexit serait piloté depuis Francfort. Toutefois, entretemps, la banque s’est développée de plus en plus fortement à Paris.
Il s’agit d’un exemple parmi beaucoup d’autres. Ce regain d’intérêt pour Paris s’explique notamment par le dynamisme croissant que j’ai précédemment mentionné, mais aussi par le fait que les collaborateurs de ces entreprises ont dorénavant la possibilité de choisir leur lieu de travail. En effet, dans un contexte de pénurie et de guerre des talents, les entreprises qui ont plusieurs hubs européens offrent à leurs collaborateurs la possibilité de choisir l’endroit d’où ils veulent travailler. Et Paris reste une ville qui attire !
Toutefois, au même titre que les grandes villes européennes, la métropole est confrontée à de forts enjeux de déficit de personnels sur des métiers très variés, à la fois technologiques mais aussi sur les services clés du quotidien. Nous avons un important vivier de talents grâce aux nombreuses écoles et universités prestigieuses mais l’enjeu est aussi de former plus et plus vite en développant des formations plus courtes.
Et pour conclure, quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?
Le principal enjeu auquel est confronté notre pays est la valorisation et le développement du « collectif ». Sur de nombreux sujets structurants, une forme de polarisation du débat freine notre développement et notre rayonnement à une échelle internationale.
En effet, on note d’importantes divisions entre l’État, les collectivités locales et les territoires, les entreprises et la société civile : les états des lieux, stratégies et plans d’actions gagneraient à être mieux alignés.
Cela implique une coordination plus efficiente dans la sphère publique, mais également vis-à-vis des acteurs privés, et notamment des entreprises. Pour relever ce défi, il est essentiel de dépasser les clivages et de promouvoir un débat rationnel et raisonné qui fasse primer la réussite du collectif et qui implique l’ensemble des parties prenantes. Cela paraît évident mais sur de nombreux sujets ce n’est pas de cette manière que les choses se passent.