Christian Brossier (56) Le sage des transports
Enfant boulimique de lectures, adolescent brillant élève, il réussit l’X et Normale sup. À l’École, il part à la découverte de la peinture abstraite, de la musique contemporaine, de toujours plus de littérature. C’est un sportif accompli… jusqu’à sa maladie.
Sa profonde attention aux autres lui vaut médiations réussies et indéfectibles dévouements
À sa sortie du Val-de-Grâce, il entre au CEA dans l’équipe de physique mathématique sur la fusion. Mais en 1965 il devient clair que celle-ci n’est pas pour demain ! Christian s’interroge sur son utilité sociale. Il intègre alors, par choix car il veut rester homme de réflexion, le service des études économiques et financières de la direction des ports. Il maîtrise vite tous les aspects de la construction et de l’exploitation des ports et acquiert une expertise qui le mènera à la tête de cette direction. Il y aura participé ou présidé aux plus grandes réalisations : Fos, Antifer, Grande Écluse du Havre.
Les hommes que ses fonctions de directeur des pêches puis des ports placent à son contact entre 1976 et 1990 découvrent son altruisme et son humanisme. L’attention qu’il porte à ceux qu’il rencontre lui vaut d’indéfectibles fidélités.
Le statut des dockers
Ses qualités font merveille face à des questions sociales majeures : le statut des dockers et la survie de la pêche. Bravant son handicap, il sort en mer avec les pêcheurs, les écoute, gagne leur confiance et les convainc d’adopter des solutions ouvertes sur l’avenir. Se dépensant sans compter à Bruxelles, il fait reconnaître ces solutions. Pour lui l’action publique c’est aussi le rapport aux hommes.
Son ouverture et ses synthèses lui valent l’écoute des plus hauts responsables des transports
En 1990, nommé président de la section économique au Conseil général des ponts, il y est vite reconnu comme le sage de la politique des transports. Plusieurs rapports qui portent son nom font date : ses propositions aux ministres de décisions sur les réalisations des LGV Méditerranée et Est, du canal Seine-Nord, ses suggestions pour une politique française des transports dans les Alpes1. Sa capacité à saisir toutes les dimensions d’un problème, sa rigueur intellectuelle, ses qualités de contact et son dévouement lui permettent une franchise sans compromission avec tous les ministres.
Compétence économique et compréhension sociale
Ils lui confient des responsabilités de premier plan : la présidence du Comité 8 du FDES, juge en dernier ressort des investissements publics en matière d’équipement et d’environnement, le secrétariat à la Marine marchande, la vice-présidence des conseils d’administration d’Air France et de SNCF.
Voilà comment, avec sa volonté d’acier, Christian Brossier a dépassé la terrible épreuve de ses 20 ans en vouant sa vie au service de la nation.
Pour ceux qui l’ont côtoyé, qui partagent la tristesse de ses proches, il laisse le souvenir d’un être distingué et fin, d’une intelligence rare, d’un esprit élevé. Aimant la vie, et, en bon Sarthois, les voitures, les plaisirs de la table, les bons crus et les whiskies vieillis, sa camaraderie était légendaire : raconter, discuter… et rire ! Ah ! Ces explosions tonitruantes de franche rigolade ! Adieu Ami.
1. Ce rapport lui vaut les félicitations de la ministre de l’Environnement.