Cinquante années de liberté et d’audace pour les femmes de Polytechnique
Nous voilà arrivés au demi-siècle de présence féminine à l’École polytechnique !
Pour une femme comme moi qui fait partie des toutes premières promotions féminisées et encore présentes sur la Montagne-Sainte-Geneviève, c’est un score vertigineux… Je suis donc très heureuse de pouvoir fêter ces « noces d’or » en vous offrant ce numéro de La Jaune et la Rouge spécial « 50 ans de femmes à l’X ». Ce fut un plaisir pour moi que de regrouper les nombreuses propositions d’intervention venues spontanément des « femmes de l’X ». D’autant que ces propositions ont permis, je crois, de couvrir les thèmes les plus essentiels pour la vie des femmes de l’X, ainsi que de nombreux secteurs professionnels dans lesquels elles se sont engagées après l’X.
Vous trouverez donc dans ce numéro deux parties, l’une relative aux élèves à l’École, notamment participant aux divers cycles actuellement présents sur le platâl, l’autre relative aux femmes du cycle ingénieur dans leurs carrières après l’X. Au fil de mes rencontres pour l’élaboration de ce numéro, j’ai été frappée de voir mes jeunes camarades si préoccupées par le fait d’être minoritaires dans la population des X. Il semble qu’elles le vivent comme une entrave à leurs projets. Ce n’était pas le cas pour les filles des toutes premières promotions, qui étaient pourtant encore plus minoritaires qu’aujourd’hui !
Naturellement nous ne sommes encore pas, cinquante ans après, dans une communauté paritaire (les femmes représentent globalement 12,4 % de la population des 50 promotions du cycle ingénieur depuis 1972 et, en moyenne sur les dix dernières années, 17,1 % de l’effectif des promotions) et je veux bien admettre que, dans une société qui est aujourd’hui agitée par divers types d’antagonisme homme-femme, cela ait pour résultat d’inquiéter pour l’avenir. Mais il me semble que nous sommes davantage face à une question de société qu’à une question de minorité de femmes à l’X.
Dans ce contexte, ce numéro permettra, je crois, de faire la part des choses et de surmonter cette inquiétude : se sentir libre, oser, saisir les opportunités, c’est ce que présentent les parcours diversifiés de nos auteures, sans masquer les difficultés qui se sont présentées à elles ici ou là.
Osez, Mesdames les X, osez toujours et sans attendre, cela sera le mieux pour vous-mêmes, puisque vous atteindrez vos objectifs de vie, comme pour l’ensemble de la société, car ainsi les femmes ne seront plus marginalisées…
Et n’oubliez jamais : cherchez bien à rendre, par vos activités en société et notamment envers toutes les femmes, tout ce que l’École vous a apporté et vous permet de réaliser et, en particulier, pensez à encourager les jeunes filles autour de vous à étudier les sciences.
Bonne lecture !