Claude Cheysson (40), la force de conviction
Une carrière exceptionnelle
Après l’X (promotion 40), Claude rejoint les Forces françaises libres et participe en 1944 au débarquement et aux combats de libération de la France au sein de la 2e DB.
Il désire alors s’orienter vers la diplomatie et entre à l’ENA. Il passera ensuite quatre ans à Bonn puis deux à Saïgon où il est conseiller du Président du gouvernement du Viêt-Nam. En 1954, chef de cabinet de Pierre Mendès France, il participe à la conférence de Genève sur l’Indochine.
En 1957, mis à l’écart à la suite de son rapport sur l’indépendance de l’Algérie, il occupe pendant cinq ans le poste de secrétaire général de la CCTA, organisme de coopération technique basé à Lagos, ce qui lui fera découvrir l’Afrique.
Conseiller Kennedy
Pas diplomate, Claude Cheysson ? C’est vite dit : en 1962, alors qu’il était un simple fonctionnaire français en poste à Alger, il était reçu par le président Kennedy qui voulait connaître son avis sur l’avenir des pays africains indépendants depuis peu.
En 1962, il est convoqué par le général de Gaulle qui le charge de diriger l’Organisme saharien constitué après la signature des accords d’Évian. En 1966, il est nommé ambassadeur en Indonésie puis devient, en 1973, Commissaire européen, en charge des relations avec les pays en développement.
Là, il deviendra l’artisan des accords de Lomé qui fixeront de nouvelles relations entre la Communauté européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP).
Il devient, en mai 1981, ministre des Relations extérieures, poste qu’il conservera jusqu’en 1985. Il rejoint ensuite de nouveau la Commission européenne où il est responsable des relations Nord-Sud, puis est, de 1989 à 1994, député européen.
Un diplomate atypique
« Il est extraordinaire de voir un spécialiste de la diplomatie aussi peu diplomate », lui déclarait François Mitterrand en lui remettant la cravate de la Légion d’honneur. Certes, Claude Cheysson était un diplomate atypique. Il ne s’embarrassait pas de formules alambiquées. Pour le dire en un mot, c’était un fonceur. Certains s’en formalisaient.
Parlait-on de ses gaffes, il n’en avait cure. L’essentiel pour lui était d’être efficace, d’obtenir des résultats. L’homme d’action, chez Cheysson, l’emportait sur le diplomate, et le polytechnicien apparaissait souvent dans la clarté de ses analyses et la précision de ses conclusions.
Le meilleur des patrons
On peut se procurer le livre Claude Cheysson, une force de conviction sur Internet
et y consulter des documents complémentaires. Tous ceux qui l’ont connu sont invités à publier sur le site leur témoignage ou, s’ils en ont, des documents et des photos.
Pour ses collaborateurs, Claude Cheysson était un patron exigeant, tyrannique même, disaient certains. Travailleur infatigable, il demandait aux équipes sous ses ordres un engagement de chaque instant. Difficile à convaincre, il devenait, une fois convaincu, le meilleur défenseur des dossiers les plus difficiles. Bref, c’était le meilleur des patrons.
Claude Cheysson est décédé le 15 octobre 2012. Il s’était refusé, malgré la pression exercée par ses amis, à écrire ses mémoires, exercice qu’il qualifiait d’autosatisfaction.
Après son décès, son épouse a entrepris avec l’aide des proches, famille et anciens collaborateurs, de combler une lacune. Danièle Cheysson a rassemblé en un volume un certain nombre de témoignages, venant de personnalités prestigieuses (Boutros Boutros-Ghali, Jacques Delors, Jean-Pierre Chevènement, Abdou Diouf, Stéphane Hessel, bien d’autres encore) ou de proches collaborateurs, ainsi que plusieurs notes ou interviews de Claude Cheysson du plus grand intérêt.
3 Commentaires
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Claude CHEYSSON
Merci à Daniel Vincent de cette nécrologie élogieuse, très largement méritée par Claude Cheysson. Je verse au crédit de l’intéressé la constitution d’une documentation colossale sur l’Afrique, sans barrières politiques. Cette documentation a été d’une utilité très grande au moment des indépendances.
A titre d’exemple beaucoup de choses techniquement (éco-techniquement devrais-je dire) intéressantes se faisaient en Afrique du Sud mais à cause de la politique de l’apartheid les contacts étaient très difficiles.
Sans aucune sympathie de sa part pour une telle politique, Claude Cheysson a fait valoir que la technique pouvait passer par dessus les barrières politiques.
Une remarque : il me semblait que le premier président de l’Organisation commune des Régions Sahariennes était Olivier Guichard et non Claude Cheysson comme le dit Daniel.
Cheysson à l’X
Cheysson était GénéK il serait dommage de ne pas le mentionner… http://claude.cheysson.fr/2014/01/claude-cheysson-a-lx/
Hommage
Claude Cheysson a succombé à des suites d’une longue maladie à son domicile parisien à l’âge de 92 ans, a annoncé sa famille.
http://www.avis-de-deces.com/deces-celebrites/1387/Claude-CHEYSSON