L’astronaute Claudie Haigneré, marraine du prix X‑Impact Tech 2022
Claudie Haigneré est la marraine du prix X‑Impact Tech 2022 porté par les alumni de l’Executive Master de Polytechnique. Depuis 2020, ce prix récompense l’entrepreneuriat dans les innovations technologiques environnementales mais aussi sociales et sociétales portées par des étudiants ou de jeunes diplômés de l’X et des autres écoles membres de l’Institut Polytechnique de Paris. Astronaute et scientifique de renommée internationale, première femme française et européenne dans l’espace, Claudie Haigneré insiste sur la notion d’impact du prix dans sa dimension holistique, valeur résolument portée par l’Europe plus que partout ailleurs.
Nous avons accueilli avec joie que vous acceptiez d’être la marraine du prix X‑Impact Tech 2022. Quel est pour vous le sens cet engagement ?
Claudie Haigneré : Tout d’abord, j’ai été la marraine de la promotion 4 de l’Executive Master qui porte cette année le prix X‑Impact Tech. J’ai trouvé intéressant de rencontrer les alumni de l’Executive Master qui ont des profils expérimentés dans des domaines divers et s’investissent professionnellement sur des trajectoires d’excellence et de rigueur comme je l’avais évoqué dans mon discours de la cérémonie des diplômes au mois de février 2022. J’ai accepté aussi d’être marraine du prix X‑Impact Tech parce qu’il s’inscrit dans la continuité de cette diversité et porte une vision holistique de l’entrepreneuriat technologique. On y trouve la notion d’accompagnement par les alumni, riches de leurs propres parcours et projets. Aujourd’hui il est indispensable d’être dans le partage d’expériences pour l’accompagnement de l’innovation et la transmission des connaissances C’est cette particularité du lien avec les alumni au service de la transmission et du partage que je trouve intéressante. Ça fait écho à la notion d’équipage, de cohésion et de complémentarité pour mener correctement une mission comme j’ai pu le vivre en tant qu’astronaute.
Le deuxième point intéressant réside dans la notion de « prix » qui témoigne de la reconnaissance de l’engagement entrepreneurial, au-delà de la simple capacité à faire. Un engagement entrepreneurial fondé sur l’usage des sciences, des technologies, de l’ingénierie, comme outil de construction d’un avenir à dessiner, cet entrepreneuriat technologique est essentiel dans notre société en mutation.
« Au XXIᵉ siècle, l’innovation nécessite de penser son impact. »
Et troisième point, c’est aussi un prix avec la notion d’« impact », qui a un écho particulier avec mon parcours. C’est à travers mes différentes carrières que la notion d’impact a pris tout son sens. Je fais partie de la génération Apollo, période où la recherche, l’ingénierie et l’innovation technologique étaient synonymes de progrès. Nous portions avec conviction une innovation « technocentrée », convaincus de sa toute-puissance. Alors qu’aujourd’hui, au XXIᵉ siècle, l’innovation a besoin de penser son impact. Je dirais que nous entrons dans une ère où l’innovation est « anthropocentrée » et questionne la place de l’Homme au centre des défis à relever. La notion d’impact du prix se décline selon trois composantes : le social, le sociétal et l’environnemental.
À mon avis, ces trois composantes doivent imprégner et inspirer l’innovation et l’entrepreneuriat technologique. Il faut pouvoir répondre aux quatre questions suivantes : pourquoi ? comment ? avec qui ? pour qui ? C’est ainsi que nous avancerons sur le chemin d’un entrepreneuriat technologique qui soit responsable et sage. Désormais, la compétition dans l’innovation technologique doit inclure ce différenciateur en se positionnant vers des solutions plus wise and sustainable que simplement smart. De mon point de vue, on retrouve le « pourquoi » dans la composante sociale. La question est de savoir pourquoi veut-on l’innovation technologique ? Que va-t-elle nous apporter ? Est-elle vraiment au service d’un progrès dans les conditions de vie et de travail, dans un développement maîtrisé et partagé. Ensuite le « comment » correspond à l’impact environnemental, incontournable aujourd’hui. Nous faisons face à des défis contradictoires que sont ceux de la sobriété désirable versus une croissance illimitée. Et puis par le « avec qui » et le « pour qui », on aborde l’aspect sociétal : quels sont les nouveaux partenaires et parties prenantes ? comment fait-on en sorte que la société adhère et s’approprie l’innovation, comment trouver l’équilibre entre intérêt particulier et intérêt général, comment conjuguer éthique de la pensée et morale de l’action ?
École polytechnique Executive Master – Un diplôme unique en technologie, management et innovation
L’Executive Master de l’X est une formation diplômante destinée aux dirigeants et managers ayant en moyenne 18 ans d’expérience professionnelle. Les enseignements sont tournés vers la technologie et l’innovation et permettent aux dirigeants de développer leurs capacités à designer et développer des projets dans des industries variées et avec une perspective internationale.
Dans la quête vers l’innovation technologique, doit-on considérer les trois composantes sociale, sociétale et l’environnementale du prix au même niveau ?
Claudie Haigneré : Je pense que l’impact environnemental est incontournable aujourd’hui, on ne peut pas penser la technologie sans penser à ses externalités au niveau de l’environnement qu’elles soient négatives ou positives, en termes de gestion des ressources, impact sur le changement climatique, la biodiversité… C’est une corde de rappel indispensable dans la conduite des mutations technologiques qu’imposent les transitions numérique, énergétique et autres. L’impact environnemental doit être une priorité aujourd’hui, partout et par tous, mais cela n’est pas au centre de tous les agendas politiques. L’Europe démontre une volonté déterminée à innover pour un monde soutenable.
En Europe, il y a un consensus sur la nécessité de prendre en compte l’impact environnemental dans les processus d’innovation. Cela me tient à cœur, et lucidement cela doit inclure l’accompagnement de pays en développement pour lesquels le pas à franchir n’est pas simple, tant culturellement qu’économiquement. L’impact social et l’impact sociétal sont deux composantes interconnectées. Ces impacts font rarement l’objet d’un consensus et sont même parfois sources de débats très contradictoires. Avec l’importance prise par les nouveaux modes de communication, ces impacts ne peuvent plus aujourd’hui être strictement traités dans une négociation interne à l’entreprise, ils sont ouverts et discutés très largement, d’autant plus que l’innovation technologique a aujourd’hui une puissance et un rythme qui bouleversent considérablement notre société globalement et chaque individu (place de l’IA et transformation du travail, répartition des richesses, temps libre, retraite…).
« En Europe, il y a un consensus sur la nécessité de prendre en compte l’impact environnemental dans les processus d’innovation. »
La composante sociale de l’innovation se retrouve dans les changements qui nécessitent la création de nouveaux métiers ou induisent de nouvelles formes de travail. Il faudra notamment être attentif aux potentielles fractures sociales entre ceux qui auraient la possibilité de transformer leur vie et ceux qui n’auraient pas la possibilité de cette transformation. Impacts social et sociétal doivent prendre en compte l’adhésion, l’approbation de la société à propos des avancées technologiques. Le mot « acceptabilité » est important mais insuffisant, car il sous-entend que d’autres auraient décidé pour vous, ce qui est questionné aujourd’hui dans nos sociétés. La société actuelle a évolué et doit être partie prenante dans l’organisation du processus d’innovation pour en favoriser son acceptation et ses chances de réussite. Le mot acceptabilité doit donc évoluer lui aussi pour englober l’adhésion, l’appropriation du participatif.
On a vu les conséquences d’une non-concertation participative avec les Gilets jaunes ou encore les manifestations antivaccin. Ces deux exemples illustrent l’évolution de la société qui souhaite être impliquée dans la codécision et rejoignent les questions « pour qui » et « avec qui » on fait ces innovations. Je rencontre encore assez souvent des interpellations sur l’exploration spatiale habitée notamment quand j’interviens dans des écoles d’ingénieurs où on me dit : « Mais aujourd’hui, on ne peut plus se le permettre ? ». Mais au contraire, par l’exploration, on peut penser autrement en pensant l’ailleurs (économie circulaire, gestion de ressources rares, stockage de l’énergie, automatisation des processus qui sont des champs d’innovation essentiels aux enjeux globaux terrestres). Pour cela, il faut élargir notre champ de vision. Le dialogue ainsi que le partage sont essentiels et c’est un des intérêts de la structure de l’Executive Master, au sein duquel vous ne faites pas exclusivement de la techno push, ni de la « techno solutionniste ». Ce master comporte toute une diversité de profils où on retrouve des profils socio-économiques, juridiques… ce qui est un véritable atout lié à la diversité autour de votre prix. C’est ce que j’inclus dans une vision holistique et transversale à porter sur l’innovation et ses impacts.
Quel est votre opinion sur le sens d’urgence pour l’innovation technologique appliquée à des sujets à impact positif ?
Claudie Haigneré : Au-delà de l’urgence environnementale à agir, j’associe la notion d’urgence à celle de la compétition technologique internationale et de l’aide à l’émergence des talents, qui exigent de l’Europe une impulsion nouvelle et différenciée. C’est important d’élargir la portée de ces sujets technologiques et de leur impact au niveau européen. Ce prix valorise et reconnaît la capacité de ces jeunes entrepreneurs qui se lancent dans le défi de l’innovation responsable à faire rayonner leurs valeurs et ces principes d’impact positif sur notre territoire européen et à l’extérieur. Il est important de les reconnaître et de les accompagner et c’est ce qu’encourage ce prix X‑Impact Tech. C’est aussi une façon de les inciter à rester en Europe et ne pas être aspiré par des sirènes outre-Atlantique. C’est une mise en visibilité qui a aussi valeur pédagogique. Une éducation par l’exemplarité est indispensable même si, bien sûr, c’est sans doute antinomique d’évoquer une urgence à long terme.
Concernant la partie européenne, vous avez été ministre déléguée aux Affaires européennes en 2004. Nous voudrions connaître votre avis sur les mécanismes qu’on peut enclencher au niveau de l’Europe pour aider également les start-up à un stade très early stage. Nos start-up n’attirent pas encore assez les investisseurs car la rentabilité de leur modèle n’est pas visible à court terme.
L’Europe n’aurait-elle pas son rôle à jouer pour propulser nos start-up ?
Claudie Haigneré : Par expérience, je dirais qu’il n’est pas simple de mobiliser une volonté unanime au niveau européen. Mais on peut constater que l’analyse de l’impact positif de l’innovation y est bien engagée : une réflexion sur la régulation ou l’éthique, que ce soit sur la transition numérique (GPRD, DMA, DSA) ou sur la transition écologique et énergétique et le leadership environnemental. L’Europe, engagée dans la twin transition (c’est-à-dire concilier transition numérique et transition écologique), doit apporter une meilleure reconnaissance de la notion d’impact comme principe de départ de l’innovation. Elle doit en faire un atout et un outil, tant pour encourager l’audace de ces entrepreneurs d’un nouveau genre que pour promouvoir des investissements publics ciblés et des investissements privés accompagnant les risques de ces initiatives de valeurs.
Cette notion liée à l’impact positif est beaucoup moins mise en valeur et reconnue en Chine ou aux États-Unis. Cette ambition couplant l’audace à la responsabilité, exprime une voie et une voix européenne. C’est un levier au service de cette vision plus wise d’une innovation anthropocentrée, attentive à la place et au devenir de l’humain (human inside), revivifiant la phronesis d’Aristote aux côtés des notions d’épistémé et de techné. Si on se soucie de l’impact, alors on doit obligatoirement sortir de son silo d’expertise pour développer une vision holistique. Je n’exclus pas la recherche d’innovation technologique disruptive émergeant d’un silo, et elle est encore plus exigeante en termes d’anticipation de l’impact.
« L’Europe pourrait apporter une meilleure reconnaissance de la notion d’impact comme principe de départ de l’innovation. »
La maturité que j’ai acquise avec mes différentes expériences professionnelles, que ce soit en tant qu’astronaute (en étant à distance de la planète avec cette perception de la complexité et de l’interconnexion des fragilités, l’appréciation de la nécessaire solidarité), soit dans les responsabilités ministérielles sur les politiques de recherche et d’innovation, soit dans mes fonctions de présidente d’Universcience (Cité des sciences et de l’industrie et Palais de la découverte) m’autorise à penser qu’il nous manque un langage commun utile à la pédagogie tout autant qu’au dialogue constructif. Le langage scientifique ou celui de l’ingénieur doit être simplifié et traduit pour être accessible par le plus grand nombre.
Si vous souhaitez promouvoir l’impact, vous devez trouver un langage commun pour une conversation audible, car vous n’impactez pas une seule filière, une seule communauté, vous vous préoccupez d’avoir un impact plus holistique (environnemental, social et sociétal) qui touche jusqu’aux biens communs de notre humanité. La notion d’impact amène obligatoirement à cette transversalité, cette interdisciplinarité qu’on retrouve aussi dans ce prix. En complément, la diversité culturelle européenne, bénéficiant d’une mobilité facilitée (au-delà d’Erasmus élargi) est évidemment une richesse à cultiver.
Cette année marque les cinquante ans de l’admission des femmes à l’X. Vous l’aurez compris, vous êtes un modèle pour beaucoup de jeunes femmes aujourd’hui dans le monde des sciences qui est encore très masculinisé, alors quel(s) conseil(s) prodigueriez-vous à ces jeunes femmes qui veulent entreprendre dans la tech et plus précisément dans l’entrepreneuriat ?
Claudie Haigneré : Pour avoir été astronaute, ministre et présidente d’établissement public, je préfèrerais avoir un rôle d’inspiratrice plutôt que de modèle. Je ne suis pas féministe militante pour autant. Cependant, je suis quelqu’un d’engagé et persévérant qui pense que la diversité de genre est un impératif et une richesse. Le prix soutient l’entrepreneuriat féminin en imposant que l’équipe projet comporte au moins une femme. Quand je parle de diversité, je parle aussi de la diversité au sens large du terme comme la diversité de parcours avec les différents profils présents au sein de l’Executive Master, mais aussi de la diversité générationnelle. Il y a des rookies et des vétérans comme on en voit dans le monde du spatial. Il s’agit ici aussi des diversités culturelles illustrées par les différents domaines représentés. Je mettrai également en avant la diversité des niveaux de formation. En effet, la formation de techniciens et techniciennes permet de compléter le champ de l’ingénierie pour créer les conditions d’un écosystème qui amène à la réussite d’une innovation technologique. C’est une richesse considérable que de pouvoir aborder des enjeux complexes et de penser les solutions avec différents points de vue. Si dès le départ, on a une approche de diversité face à la complexité de l’enjeu, on a plus de chance de parvenir à l’objectif, avec une solution soutenable, pas forcément avec plus de rapidité, mais avec plus de chance de succès. Bien sûr, il n’y a pas de solution unique.
La richesse de la diversité, c’est aussi de pouvoir proposer une solution plus large avec plus de chemins de traverse, avec des embranchements, des points d’étape et des choix qui permettront d’avancer avec plus de résilience, en pensant des innovations qui donnent plus de capacité à rebondir face à la difficulté et l’incertitude. La richesse de la diversité inclusive, c’est aussi l’intelligence collective et la solidarité. Aujourd’hui, il est compliqué de créer une entreprise seule. Il faut avoir plusieurs champs de compétences et savoir écouter les autres, c’est ce que propose le prix et que je trouve intéressant. Cela fait écho à mon expérience de la sélection d’astronautes pour la constitution de l’équipage. On recherche des gens, qui quelles que soient leur expertise et leurs expériences, mettent en pratique leur ouverture d’esprit, engagés ensemble pour la réussite de la mission, et pas forcément des leaders qui savent tout faire et décident seuls. Au sein de l’Executive Master, les projets élaborés par les participants le sont à plusieurs et en groupe, et la réussite des projets tient à l’ouverture d’esprit mais aussi à l’habileté de tous à trouver un langage commun pour avancer ensemble vers un même objectif.
Les superman et superwoman sont des héros de bandes dessinées et pas les acteurs innovants du quotidien. Mais peut-être ce prix donnera-t-il des super pouvoirs à ses lauréats. Ad astra !
Qu’est-ce que vous souhaiteriez mettre en évidence de votre parcours dont vous êtes particulièrement fière ?
Claudie Haigneré : Je préfère le mot « inspirante » qui me convient davantage que le mot « fière ». J’ai un parcours couronné de beaucoup de succès ce qui montre en réalité une capacité à surmonter l’obstacle ou l’échec : c’est ce qui, aujourd’hui, peut être inspirant pour une jeune génération et ça, je suis fière de pouvoir en témoigner. L’entrepreneuriat, c’est aussi surmonter certains obstacles, surtout au début où il faut montrer de l’audace et surmonter ses doutes. Rien ne sera facile et un exemple inspirant peut aider, en y retrouvant les lignes de force que sont la passion, la conviction, la détermination, le travail et la patience. C’est pour cela aussi que j’apporte mon soutien à ce prix. Et il est clair que je suis heureuse lorsque des jeunes femmes et des jeunes hommes voire des moins jeunes me disent que ça a été important pour leur parcours, de voir que des caps inédits pouvaient être franchis pour atteindre l’objectif que l’on désire.
Ma détermination repose sur des fondamentaux qui me structurent : l’importance des sciences et des technologies, le rôle à jouer à son échelle dans l’avenir de l’humanité et l’Europe. En avançant dans mes vies, j’ai développé cette conscience qu’on se construit avec les autres et par les autres, que cela passe par l’éducation initiale et la formation tout au long de la vie qui sont essentielles à la découverte de soi même, que l’on s’enrichit dans le partage d’expérience et la transmission, et que prendre de la hauteur pour décaler son regard vers une vision holistique peut redonner de l’espérance « en rallumant les étoiles ». Je dirai donc que je suis fière d’appartenir à une humanité visionnaire et entrepreneuse, que je souhaite curieuse, solidaire, responsable, audacieuse et sage. Plus qu’un souhait, j’ai eu la chance de le vivre vraiment dans l’exceptionnelle aventure de l’exploration spatiale habitée. Pour terminer, je dirai que je suis plutôt fière de ne jamais vraiment avoir subi mais plutôt d’être l’entrepreneure de ma vie.
Propos recueillis par Dominique Gendre-Laroudie (E2020)
L’Executive Master en chiffres
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Pour financer la dotation de 25 000 €, nous avons lancé une collecte de fonds dédiée, encadrée par la Fondation de l’École polytechnique. Le prix a d’ores et déjà bénéficié du soutien de la communauté des alumni de l’Executive Master, de Medikal et LeGSM, mais nous n’avons pas encore atteint notre objectif.
En faisant un don, vous pouvez avoir un impact concret et permettre à de jeunes entrepreneurs de développer leurs projets.
Pour contribuer à financer la dotation du prix, rendez-vous avant le 30 juin 2022 sur le site de la Fondation de l’X : https://don.fondationx.org/prix-x-impact-tech-2022