CNEPE d’EDF : Ingénieurs, Ingénieures : osez l’industrie !
Nathalie Messer, directrice du CNEPE (Centre National d’Équipements de Production d’Électricité) d’EDF, nous présente ce centre d’ingénierie nucléaire qu’elle dirige et ses principaux métiers. Elle revient également, de manière plus large, sur les perspectives que l’ingénierie et l’industrie peuvent offrir aux ingénieurs.
Le Centre National d’Équipements de Production d’Électricité (CNEPE) d’EDF est un centre d’ingénierie. Quels sont son périmètre d’action et son cœur de métier ?
Le CNEPE est le centre d’ingénierie nucléaire d’EDF qui travaille sur les centrales nucléaires existantes et en construction. Au cœur de son activité, on retrouve l’ingénierie, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions, de la conception aux études, jusqu’à la fabrication et la mise en service d’une installation industrielle en passant par les achats, la fabrication d’équipements… L’ingénierie est une étape clé dans de nombreux domaines. Elle est nécessaire, par exemple, à la construction d’un pont, la fabrication d’une pompe, d’une voiture, ou encore d’un avion…
Dans l’ingénierie nucléaire, notre attention et notre intervention portent sur les centrales nucléaires de production d’électricité. Notre périmètre d’action en couvre toutes les dimensions, en dehors de ce qu’on appelle l’îlot nucléaire dont l’objectif est de produire de la vapeur à partir de la fission nucléaire. Nous sommes ainsi en charge de la salle des machines où se trouve la turbine de production d’électricité à partir de la vapeur produite par l’îlot nucléaire ; de la transformation de l’électricité et de son envoi sur le réseau ; de la source froide à savoir les installations qui garantissent le refroidissement des différents systèmes ; des différents bâtiments annexes ; des systèmes de protection d’accès des installations…
« Le CNEPE d’EDF regroupe mille cinq cent personnes et une centaine d’alternants à Tours et sur 8 centrales nucléaires. »
Sur les réacteurs existants, dans le cadre du programme « grand carénage » qui a vocation à prolonger la durée d’exploitation des réacteurs, nous travaillons sur les modifications à apporter et sur leur déploiement dans les centrales. En parallèle, nous sommes mobilisés sur toutes les phases de développement de nouveaux réacteurs, de la phase de conception sur des projets tels que NUWARD, le projet SMR développé par EDF en partenariat avec Naval Group, TechnicAtome et le CEA ; à la phase de construction sur des projets tels Hinkley Point au Royaume-Uni, et le futur réacteur EPR2, pour lequel nous produisons les plans de construction nécessaires aux chantiers ; ou encore le développement des procédures et de la réalisation d’essais avant la mise en service des installations telles que l’EPR de Flamanville … Nous couvrons ainsi tous les champs de vie des réacteurs en construction et en exploitation.
Aujourd’hui, le CNEPE regroupe mille cinq cent personnes et une centaine d’alternants à Tours et sur 8 centrales nucléaires. Le Centre s’appuie sur une organisation matricielle avec des équipes projets, études, et réalisation, ainsi que des fonctions support.
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Actuellement, la filière nucléaire est au cœur des enjeux énergétiques actuels et de la lutte contre le réchauffement climatique. Comment contribuez-vous à cet effort ?
En effet ! La place stratégique du nucléaire n’est plus à démontrer. La filière nucléaire contribue à renforcer la souveraineté nationale en matière d’approvisionnement énergétique, un sujet que la guerre en Ukraine a remis sur le devant de la scène. Dans le contexte actuel, il est important de ne pas opposer le nucléaire, les énergies renouvelables et la sobriété énergétique : pour lutter contre le réchauffement climatique, nous avons besoin de toutes les formes d’énergies et de tous les leviers d’économie d’énergie !
L’ambition de neutralité carbone en 2050 a poussé le gouvernement à adapter sa feuille de route en matière de nucléaire, feuille de route renforcée par les derniers événements géopolitiques et leurs impacts sur la situation énergétique en France. Lors de son discours à Belfort, le Président de la République, Emmanuel Macron a réaffirmé que, dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’électrification des usages est essentielle, moyennant une production d’électricité bas carbone.
L’augmentation des besoins en électricité nécessite la construction de nouveaux moyens de production. Le développement des énergies renouvelables ne sera toutefois pas suffisant. Il doit se poursuivre, en parallèle du développement du nucléaire. En effet, le nucléaire permet de produire une électricité bas carbone. Grâce à son parc nucléaire et à ses centrales hydrauliques, la France dispose d’un contexte assez favorable sur ce point, en comparaison à d’autres pays comme l’Allemagne.
Concernant la production électrique d’origine nucléaire, le président indique trois points essentiels nous concernant : le fait que dorénavant les fermetures de centrales ne doivent être motivées que par des raisons de sécurité, la volonté de lancer un programme national de construction de six réacteurs de type EPR2 avant la demande d’étudier la possibilité d’en construire huit de plus. Tous ces projets impliquent un important travail d’ingénierie à notre niveau.
Dans cette continuité, quelles sont les opportunités de carrière qu’EDF et son centre d’ingénierie nucléaire, le CNEPE, peuvent offrir à des ingénieurs ?
EDF, le CNEPE tout comme la filière nucléaire dans son ensemble ont de très belles carrières à offrir aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui nous rejoindront. En effet, sur les projets que j’ai précédemment mentionnés, nous ne sommes pas seuls. Nous travaillons avec nos partenaires et nos fournisseurs (chaudronnerie, matériel, tuyauterie, bureaux d’études…). Sur la prochaine décennie, en prenant en compte l’augmentation de la charge de travail et des départs à la retraite, nous aurons besoins de recruter plus de 10 % des ingénieurs diplômés en France chaque année sur un marché global de l’emploi très compétitif. Les ingénieurs peuvent accéder à une large palette de métiers : génie civil, électricité, informatique… Et je vous assure, tous les métiers d’ingénieurs mènent au nucléaire.
Au-delà, c’est toute l’industrie qui recrute massivement. L’industrie est aujourd’hui à la croisée de très forts enjeux climatiques et environnementaux, mais aussi économiques alors qu’on parle de plus en plus de relocalisation et de souveraineté énergétique. Ce sont des métiers qui ont du sens, mais qui peinent à recruter à cause de la persistance de nombreux clichés. L’industrie s’est considérablement modernisée au cours des dernières décennies. Elle est beaucoup plus digitale et a adopté les nouvelles postures managériales qu’on retrouve dans les autres secteurs d’activité.
« EDF, le CNEPE tout comme la filière nucléaire dans son ensemble ont de très belles carrières à offrir. »
J’aimerais aussi insister sur le fait qu’en tant qu’ingénieur, il est possible de faire de la technique sans forcément passer par la R&D. Il y a de très belles choses à réaliser dans l’ingénierie, un domaine concret avec de larges champs d’application.
Pour un ingénieur, opter pour l’ingénierie est une très belle manière de se lancer dans la vie professionnelle et d’avoir une carrière riche et passionnante. Il est réducteur de penser que l’ingénierie et la technique sont réservées aux ingénieurs qui souhaitent devenir des experts. C’est la voie la plus adaptée pour évoluer également vers la filière projet, chantier et/ou managériale. Enfin, avoir une expérience dans le conseil ne favorise pas l’accès à un poste de dirigeant. Au sein d’EDF, mais aussi chez nos partenaires et nos fournisseurs, une très large majorité des dirigeants ont eu un parcours technique. Sur un plan plus personnel, c’est mon cas. J’ai démarré sur des fonctions techniques qui m’ont permis d’acquérir une connaissance métier sur laquelle je m’appuie, aujourd’hui, au quotidien dans le cadre de ma mission de dirigeante.
Quel message pourriez-vous adresser à nos lecteurs ?
Osez l’industrie et vous aurez de très belles carrières, porteuses de sens !