Comment la finance peut-elle contribuer à la reprise ?
La publication annuelle du Centre des professions financières affiche une louable ambition pédagogique pour « comprendre et faire comprendre les professions financières ». Le profane alléché par cette perspective y trouve plutôt une revue destinée aux « professionnels de la profession », tant y abondent les termes et les références qui supposent une bonne connaissance des techniques financières.
Vingt-trois articles, écrits par vingt-six auteurs dont quatre de nos camarades, proposent une réponse évidemment positive mais prudente : oui, la finance est prête à favoriser la reprise, mais à condition que les entreprises veuillent bien la solliciter.
Une « vague de réglementation sans précédent » protège certes les banques en limitant le risque, mais en même temps renchérit l’intermédiation et enferme les acteurs dans un carcan qui les dissuade d’exercer correctement leur métier : permettre aux entrepreneurs de prendre des risques.
Ces derniers sont donc poussés à rechercher des financements en dehors du secteur bancaire et de sa réglementation étouffante, et les acteurs de la finance à proposer en réponse toutes sortes de nouvelles solutions. Ainsi se mettent en place simultanément de nouvelles contraintes et les moyens de les contourner, allant des placements privés au bitcoin.
Ces bouleversements incessants ajoutent à la perplexité des entrepreneurs quant à l’avenir de l’économie et de la fiscalité, qui les dissuade de prendre trop de risques. Devant cette prudence, inonder les marchés de liquidités ne sert qu’à alimenter une finance « virtuelle » déjà hypertrophiée et déconnectée de l’économie « réelle », gonflant ainsi les bulles à venir jusqu’à leur éclatement inéluctable.
Ainsi se construit une extraordinaire usine à gaz dont les acteurs cherchent à répondre à la complexité par une complexité encore accrue, en ajoutant de l’obscurité à l’obscurité sous prétexte de transparence.
Formidable gâchis de talents, où les uns se donnent l’illusion de gouverner en fabriquant des problèmes que les autres gagnent leur vie en cherchant à les résoudre. Tout cela dit à mots couverts comme il convient dans les cercles feutrés de la Banque française.