Composer des classes raisonnablement hétérogènes
Voir aussi : « Violences scolaires : responsables et coupables » par Gilbert Castellanet (52), dans le n° 663 de mars 2011 et « La ségrégation scolaire : responsables et coupables », par François Gaudel (66), dans le n° 666 de juin-juillet 2011.
Il est évidemment plus facile d’enseigner dans une classe homogène d’élèves ayant un bon niveau mais, confronté à une classe hétérogène, il est illusoire de penser à des solutions consistant à singulariser les élèves en grande difficulté en les faisant bénéficier de mesures individuelles.
Il faut maîtriser l’hétérogénéité pour la rendre gérable par les enseignants
En effet, ces mesures sont perçues comme des stigmatisations qui les isolent de leurs camarades, de sorte que les intéressés n’en veulent pas. Il ne peut non plus être question de regrouper ces élèves dans des classes de relégation qui les marginaliseraient définitivement. Il faut donc maîtriser l’hétérogénéité pour la rendre gérable par les enseignants, une première mesure étant de se donner les moyens de constituer des classes raisonnablement hétérogènes.
Les trois critères de l’organisation
Au lieu de laisser les classes se constituer au hasard, il faut organiser leur hétérogénéité.
Le collège René-Descartes, Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). |
Le collège René-Descartes a défini trois critères lui permettant de classer les élèves : le comportement studieux ; la motivation et la capacité cognitive. Chaque élève est classé sur une échelle à cinq niveaux pour chacun de ces critères. Au troisième trimestre de chaque année, les professeurs principaux sont invités à les utiliser pour préparer la composition des classes de la rentrée suivante. L’utilisation de ces critères est également recommandée aux écoles primaires du secteur, avec lesquelles des réunions sont organisées au troisième trimestre pour préparer les affectations des élèves de CM2 dans les neuf classes de sixième du collège. Pour l’ensemble des classes, le collège impose une parité entre garçons et filles et un équilibre sur les trois critères. Les enseignants sont associés à la procédure de composition de ces classes hétérogènes.
L’équité de participation
Deux classes bilingues
À la demande des parents, le collège maintient deux classes bilingues dans chaque niveau, lesquelles n’accueillent que des bons élèves. Cette exception nécessaire signifie une ouverture du collège vers l’excellence. Tous les deux ans, en moyenne, un élève de troisième est admis au lycée Henri-IV.
Il faut ensuite se donner les moyens d’enseigner efficacement dans les classes ainsi constituées. Il faut insister sur « l’équité de participation ». Il s’agit de susciter la participation de tous les élèves à la vie de leur classe. Les outils numériques jouent un rôle important. D’une part les tableaux numériques interactifs (TNI) avec répondeurs, présentés dans un précédent article de La Jaune et la Rouge, mais surtout les vidéoprojecteurs à commande numérique qui sont installés dans toutes les classes et qui, déroulant le cours, permettent au professeur de s’occuper des élèves qu’il voit en difficulté.
S’insérer dans le milieu urbain
Une autre dimension du fonctionnement du collège est son insertion dans le milieu local urbain. Le Principal se rend disponible pour accueillir les parents.
Susciter la participation de tous les élèves à la vie de leur classe
À l’initiative des conseils de parents d’élèves, ceux-ci sont appelés chaque fois qu’un incident de discipline le justifie. Chaque année, tous les parents d’élèves de troisième sont individuellement contactés pour préparer l’orientation de leurs enfants. De façon plus générale, le collège réunit régulièrement son « Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté » auquel participent notamment les représentants d’associations œuvrant dans le quartier.
L’instauration d’un meilleur climat dans le collège a coïncidé avec la fin d’une « situation de guerre » entre deux quartiers qui sévissait il y a quatre ans.
ZEP et RAR
Les zones d’éducation prioritaires (ZEP), créées en 1981, sont des zones dans lesquelles sont situés des établissements scolaires (écoles ou collèges) dotés de moyens supplémentaires et d’une plus grande autonomie pour faire face à des difficultés d’ordre scolaire et social. En 2007, le Réseau ambition réussite (RAR) a été mis en place. Il s’agit d’un plan de relance à l’éducation prioritaire, disposant de moyens renforcés. On comptait en 2011 plus de 250 réseaux. À la rentrée 2011, ils ont été intégrés dans le programme Éclair (Écoles, collèges, lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite).
2 Commentaires
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Classes « raisonnablement hétérogènes«
Je regrette une fois encore le caractère « raisonnablement conservateur » de la démarche retenue et valorisée par Jacques Denantes… qui ne remet finalement rien en question de ce qui ne « marche pas ». Pour un public (polytechnicien) non spécialiste du Collège (!), ce type de présentation laisse croire que de gentils efforts tels que celui présenté suffisent à réduire ou régler les difficultés du collège unique.
La question est ailleurs et le problème des ratés de la formation intiale excède considérablement ces aimables tentatives. Il faut entièrement remettre le système à plat.
Quelques micro-améliorations de détail ne le sauveront pas.
classes hétérogènes
L’auteur fait l’hypothèse qu’il a pu évaluer les résultats de sa méthode. Pour être sérieux, il faudrait avant tout mettre en place une évaluation des apprentissages objective. Cette évaluation a au contraire été progressivement retirée, le baccalauréat n’étant plus lui même une évaluation ; pour preuve, l’admission à des études supérieures est faite sur dossier et le bac n’est plus qu’un tampon administratif. Enfin, il faudrait évaluer ce que perde les bons élèves en étant bridés par une classe lente, et plus grave, par des programmes de plus en plus insipides. La désaffection des élèves pour les maths est certainement corrélé à l’image donnée par le lycée de cette matière (tout ce qui peut être attrayant a été retiré du programme).