CONCERT ANNIVERSAIRE DE DANIEL BARENBOÏM
Daniel Barenboïm est un prodige comme le monde musical en voit apparaître au rythme de quelques- uns par siècle. Il est à la fois un merveilleux pianiste, un humaniste et grand pédagogue, et il est devenu avec les années un chef d’orchestre et d’opéra reconnu. En août 2000, cinquante ans après son premier concert à l’âge de huit ans, il revient au Théâtre Conlón de son Buenos Aires natal pour un concert « jubilé » exceptionnel.
Issu d’une famille de Juifs russes immigrés en Argentine, sur les scènes internationales depuis son enfance, installé successivement à Tel-Aviv, Londres, Paris, Chicago, Berlin, Daniel Barenboïm a dû apprécier de revenir jouer dans son pays, communiquer avec le public dans sa langue, et recevoir un tel accueil.
Nous, qui avons vu Barenboïm faire ses premières armes comme chef d’orchestre, à l’Orchestre de Paris à la fin des années 1970, et qui avons suivi ses progrès, considérons que le pianiste ne joue pas assez. Cette époque où il s’est éloigné des claviers, trop selon nous, a suivi les années d’or où il enregistrait les réels monuments que sont ses témoignages dans les Concertos de Mozart, les Impromptus de Schubert, et cette Truite mémorable filmée avec Jacqueline du Pré, Zubin Mehta, Itzhak Perlman et Pinchas Zuckerman.
Voir Barenboïm en DVD est une expérience incroyable, heureusement facilement accessible car il est beaucoup filmé. Grâce à l’image on voit l’incroyable indépendance des deux mains, on reste éberlué par la virtuosité de ces doigts exceptionnellement courts : son magnifique toucher vient probablement de l’effort à fournir pour dompter des mains particulièrement petites pour un pianiste international. Parmi les autres nombreux DVD disponibles, on conseille principalement le coffret intégral des Sonates de Beethoven par Daniel Barenboïm filmées à Berlin et réalisées par le grand Andy Sommer. Les prises de vues sont époustouflantes et la réalisation magnifique. Et vous aurez dans ce coffret (EMI) en bonus plusieurs master class par le pianiste : on recommande de commencer par le moment où Barenboïm explique à Lang Lang, devenu célèbre depuis, comment jouer correctement l’Appassionata, oeuvre qui figure d’ailleurs au programme de notre concert argentin.
Le concert débute par une Sonate « facile » de Mozart parfaitement équilibrée : pas mécanique, très « interprétée », mais sans sombrer dans le romantisme. La beauté pure. Suit une Appassionata de Beethoven où Barenboïm est toujours exceptionnel. Une rareté ensuite, deux des quatre livres d’Iberia d’Isaac Albéniz, six pièces évoquant Séville, Cadix, Malaga.
Compte tenu de son côté exceptionnel, le concert se termine par un nombre impressionnant de bis (une quinzaine), tous introduits par Barenboïm en espagnol, ce qui amène à un concert de plus de deux heures trente. Tout d’abord une Sonate de Scarlatti lentissime, magnifique. Un Moment musical de Schubert plein de finesse, montrant à nouveau son formidable toucher. Puis Chopin où l’on retrouve les caractéristiques de son récital Chopin à Pleyel en 2010 : immense élégance et sensibilité des Valses et Mazurkas, moins convaincant, mais passionnant tout de même, dans les Polonaises et Études. Deux pièces (op. 12) de Schumann superbes, au toucher solaire. Et des pièces argentines, mais pas de Piazzolla malgré les demandes répétées du public.
En bonus un très bon film-documentaire sur l’artiste, revenant notamment sur ses engagements récents, tels que jouer Wagner à Jérusalem, ou la création en 1999 du West- Eastern-Divan Orchestra, un orchestre réunissant notamment des interprètes israéliens, palestiniens et des pays voisins.
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