Concert anniversaire pour le centenaire de Sir Georg SOLTI : Mozart, Verdi, Bartok, Strauss, Malher
Sir Georg Solti (1912−1997) a été un des tout plus grands chefs d’orchestre du XXe siècle. Ayons même l’impudeur d’avouer qu’il a été notre chef préféré pendant plusieurs décennies.
Il laisse une discographie phénoménale, publiée avec une prise de son de démonstration pendant cinquante ans continûment chez Decca, exemple unique de fidélité. Nous chérissons ses Mahler, ses Bartók, ses Strauss, mais aussi ses Beethoven, ses Haydn qui ont moins bonne presse désormais.
Et naturellement nous vénérons ses enregistrements d’opéras, genre auquel il a consacré ses premières décennies de chef d’orchestre. Peu de mélomanes contesteront le caractère « définitif » des enregistrements qu’il nous a laissés des opéras de Wagner (la Tétralogie, bien sûr, mais aussi Les Maîtres, Tannhäuser, Lohengrin, etc.), de Mozart (La Flûte, Cosi, Don Giovanni, L’Enlèvement au sérail, Les Noces), de Strauss (Elektra, La Femme sans ombre, Arabella, etc.), de Verdi (mais oui, écoutez son Bal masqué, son Aïda, son Don Carlos !).
Des références absolues, pour longtemps, pour toujours.
Le concert hommage pour son centenaire, en octobre 2012, se devait d’avoir lieu à Chicago, là où il a dirigé le dernier orchestre dont il a été chef permanent (1969−1991). Et il se devait d’être interprété par le World Orchestra for Peace, le seul orchestre fondé par Solti, composé d’instrumentistes des orchestres du monde entier, soutenu par l’Unesco, et qui se réunit toujours annuellement sous la direction de Valery Gergiev pour des concerts événements lourds de sens.
Voyez par exemple, dans le film bonus du DVD, des images du concert à Cracovie en 2009, pour se remémorer soixante-dix ans plus tard l’invasion de la Pologne.
L’histoire de cet orchestre remonte à un concert surprise monté en 1992 pour les quatre-vingts ans du maestro à Buckingham Palace : une quinzaine de musiciens des nombreux orchestres que Solti avait dirigés se sont réunis pour lui interpréter ce concert. Solti décide alors en 1995 de fonder le World Orchestra for Peace autour de ces musiciens et de près d’une centaine d’autres venus d’un nombre incroyable d’orchestres différents (en France, l’orchestre de l’Opéra de Paris et l’Orchestre national de France).
À titre d’exemple, il réunit les premiers violons du Philharmonique de Vienne, de l’Orchestre national de France, de la Monnaie de Bruxelles, de Cleveland, de São Paulo, de Buenos Aires, des orchestres nationaux de Chine, de Lettonie et de Géorgie.
Ce concert, joué également quelques jours auparavant au Carnegie Hall, est présenté de façon très émouvante et très digne par Valérie Solti, qui introduit également les hommages à son mari offerts par les grands artistes que Solti a contribué à promouvoir : Placido Domingo, Angela Gheorghiu (lancée dans La Traviata en 1991, trouvez le DVD, superbe), Murray Perahia, Andras Schiff (pianiste hongrois qui a beaucoup partagé avec Solti), René Pape (lancé dans La Flûte enchantée), etc.
Les œuvres du programme sont naturellement un symbole de la carrière du chef. Mais ce programme n’a rien d’un pot-pourri, il a une vraie cohérence avec quelques œuvres complètes.
L’ouverture des Noces de Figaro de Mozart, ainsi que des airs de Don Giovanni, La Flûte enchantée, Rigoletto et La Traviata, pour rappeler qu’il a été directeur de maisons d’opéras de 1946 à 1971 (dont dix ans à Covent Garden). Puis Don Juan de Strauss et l’Adagietto de Mahler (rendu célèbre par Visconti), pour que l’on se souvienne quel chef du répertoire postromantique il a été.
Puis le Concerto pour orchestre de Bartók, un Hongrois qui œuvrait là pour un orchestre américain (ce concerto fut commandé par Koussevitzky pour l’orchestre de Boston), comme Solti. Et enfin Stars and Stripes, dirigé par Solti lorsque les Chicago Bears ont gagné le Superbowl en 1986.
Solti a fini sa vie et sa carrière à Chicago, dans son pays d’adoption depuis près de trente ans. Pour ce dernier bis, l’orchestre est du reste rejoint par des piliers de l’Orchestre symphonique de Chicago qui ont joué avec Solti il y a plus de vingt ans.
Bravo et merci à Gergiev pour avoir fait perdurer l’héritage de Solti, en plus de ses charges accablantes à travers le monde. Un concert auquel on reviendra souvent.