Concert du nouvel an 2007 au théâtre Mariinsky
Le Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg abrite aujourd’hui ce qui était connu sous le nom d’Opéra du Kirov, Ballet du Kirov et Orchestre du Kirov pendant la période soviétique. Il s’agit d’une des plus vieilles et des plus célèbres institutions du monde, qui a repris son nom original (qui lui vient de Marie, l’épouse du tsar Nicolas II) lorsque Leningrad a repris son nom de Saint-Pétersbourg. Dirigé dans le passé par les plus grands chefs et compositeurs russes, il est aujourd’hui dirigé par le chef de réputation internationale Valery Gergiev.
Le concert donné à l’occasion du nouvel an 2007 revêt une importance particulière car la salle a été entièrement refaite fin 2006 selon les standards modernes d’esthétique, d’ergonomie et d’acoustique. C’est ce qui explique le caractère exceptionnel, en qualité, variété et longueur, du programme.
Ce programme regroupe un nombre important de pièces qui met en valeur la virtuosité de l’orchestre. Le répertoire russe est naturellement très représenté : les célèbres Danses polovtsiennes du Prince Igor de Borodine sont jouées dans leur version originale, avec chœurs, de façon très impressionnante. Le Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov démontre une vision très stéréotypée de l’hispanisme vu de Russie à l’époque. L’ouverture de Rousslan et Ludmilla de Glinka par laquelle s’ouvre le concert est un morceau de bravoure des orchestres russes ; le tempo très rapide de cette version est parfaitement maîtrisé. Le scherzo de la seconde symphonie de Rachmaninov est sentimental et démonstratif comme souvent chez ce compositeur. Le concert termine par le brillant final de l’Oiseau de feu de Stravinski. Mais pour continuer à démontrer la flamme de l’orchestre, le programme contient aussi un prélude de Wagner (Lohengrin), une polka de J. Strauss et l’ouverture de la Force du destin de Verdi, dont la même équipe a enregistré il y a treize ans une version de référence de l’opéra intégral (chez Philips).
À cette liste qui suffirait déjà à remplir un riche concert, Gergiev ajoute deux œuvres majeurs du répertoire, le second concerto pour piano de Franz Liszt (avec Y. Bronfman au piano) et Harold en Italie de Berlioz (avec le célèbre altiste Y. Bashmet à l’alto). Ces deux morceaux qui constituent le cœur du concert sont également magnifiquement joués. Le jeu du pianiste Y. Bronfman est notamment très impressionnant et l’image permet de s’en rendre parfaitement compte.
Disposer de ce concert en DVD apporte d’importantes plus-values par rapport à ce qu’aurait été un simple disque. L’image, de très bonne qualité, permet de se rendre compte de la beauté de la nouvelle salle du Mariinsky. Par ailleurs, l’image du chef est très saisissante : son visage d’apparence plutôt policée au début du concert prend peu à peu une image d’artiste maudit, échevelé et halluciné, très éloignée des images de chefs parfaitement « brushingués » que diffusait par exemple Karajan (dont les DVD ressortent peu à peu). La direction de Gergiev assez caractéristique, au moyen d’une baguette de la taille d’un cure-dent, est très intéressante à regarder.
Au final, ce DVD est à la fois le témoignage d’une soirée importante pour l’institution russe, mais aussi un très bon moyen de disposer d’excellentes versions en images de très nombreuses œuvres importantes. Vous l’aurez compris, je le recommande tout à fait.