Concert du Nouvel An de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne

Concert du Nouvel An de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°768 Octobre 2021
Par Marc DARMON (83)

Quinze ans ! Cette rubrique consa­crée aux concerts fil­més, en images, a désor­mais quinze ans, et nous n’avions pas encore par­lé du concert fil­mé le plus popu­laire du monde, le plus dif­fu­sé et le plus regar­dé. Chaque année depuis quatre-vingts ans, la mati­née du Nou­vel An est embel­lie par ce concert don­né dans la célèbre et magni­fique salle du Musik­ve­rein (très fleu­rie pour l’occasion) par l’orchestre qui repré­sente peut-être le plus la tra­di­tion de la musique sym­pho­nique. En habit de gala, il joue tous les ans un pro­gramme de valses vien­noises, le chef com­po­sant chaque fois un ensemble consti­tué de décou­vertes et de tubes, qui se ter­minent chaque année par les célèbres Beau Danube bleu et Marche de Radetz­ky, marche tou­jours ryth­mée par les applau­dis­se­ments du public. Cette tra­di­tion, diri­gée après-guerre par le pre­mier vio­lon de l’époque pen­dant vingt-cinq ans, a été per­fec­tion­née il y a qua­rante ans quand on a déci­dé de faire appel chaque fois à un chef dif­fé­rent, tou­jours par­mi les plus grands. 

Désor­mais télé­dif­fu­sé mon­dia­le­ment et regar­dé par cin­quante mil­lions de spec­ta­teurs dans quatre-vingt-dix pays, le concert du Nou­vel An est par­mi les toutes pre­mières audiences de la télé­vi­sion. Chaque année, la per­son­na­li­té du chef et l’originalité du pro­gramme per­mettent d’éviter la rou­tine et offrent de véri­tables décou­vertes, œuvres ou inter­pré­ta­tions. Par­mi les pièces et les concerts que nous pou­vons conseiller, l’édition de 2014 diri­gée par un Daniel Baren­boïm clas­sique, avec un piz­zi­ca­to de Syl­via sau­tillant ; le concert de 2012 diri­gé par le regret­té Mariss Jan­sons avec valses de Tchaï­kovs­ki et un curieux qua­drille d’Eduard Strauss sur des thèmes de Car­men. Ou encore la cap­ta­tion de 2019, où le chef Chris­tian Thie­le­mann sym­bole actuel de la rigueur et de la tra­di­tion de la direc­tion ger­ma­nique sur­prend par un par­fait déhan­ché et une grande vir­tuo­si­té dans ce réper­toire, tra­vaillant le son de l’orchestre comme s’il s’agissait de Brahms, tout en gar­dant la légè­re­té néces­saire au Baron tzi­gane ou à la Marche égyp­tienne qu’il fait chan­ter à tout l’orchestre. Citons encore l’épisode de 2017 où Gus­ta­vo Duda­mel intègre dans son pro­gramme le célèbre, autre­fois, Valse des pati­neurs du Fran­çais Émile Wald­teu­fel. Et éga­le­ment les concerts diri­gés par Ric­car­do Muti en 1993, 1997, 2000, 2004, 2018 et 2021 : quelle ambiance dif­fé­rente entre les anciens concerts de Muti et celui de cette année !. En 2021, joué devant une salle vide, ce concert pro­cure une émo­tion rare. Jusqu’à la Marche de Radetz­ky finale, enten­due pour la pre­mière fois depuis quatre-vingts ans sans les applau­dis­se­ments du public.

Mais bien enten­du, pour l’amateur qui ne peut ni ne veut pos­sé­der comme moi toutes les édi­tions depuis trente ans, il faut faire des choix. Les trois concerts qui res­te­ront long­temps des évé­ne­ments de la direc­tion d’orchestre, que les ama­teurs et spé­cia­listes com­mentent en levant les yeux au ciel avec nos­tal­gie, sont celui de 1987 diri­gé par Kara­jan, et ceux de 1989 et 1992 diri­gés par Car­los Klei­ber. De ces concerts tout doit être conser­vé, le chic d’un Kara­jan au soir de sa vie et sa car­rière, l’imagination et la maî­trise d’un Klei­ber qui nous ensor­cellent. Des concerts à empor­ter sur l’île déserte. Un seul mor­ceau pour décou­vrir ces concerts d’exception ? Écou­ter et regar­der par le magi­cien Klei­ber la rare Csárdás de Rit­ter Pázmán (on la trouve sur You­tube, https://www.youtube.com/watch?v=UNxFm7_XTyA) du concert de 1989, un des plus grands moments de direc­tion d’orchestre de tous les temps. 


Un DVD ou un Blu-ray chaque année : Sony, Deutsche Grammophon

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