Concevoir les outils qui assureront l’endodontie de demain et amélioreront la qualité de soins
Micro-Mega™, l’un des leaders européens dans la fabrication de dispositifs endodontiques, dont le site industriel est implanté à Besançon, et la faculté d’odontologie de l’université de Lorraine dessinent ensemble les contours de l’endodontie de demain, grâce au programme E‑Endo. Stéphane Claude, Directeur Général délégué de Micro-Mega, Kazutoyo Yasukawa, Doyen de l’université d’odontologie de Lorraine, Marin Vincent, vice-doyen innovation et développement stratégique de la faculté d’odontologie de Lorraine (université de Lorraine), ainsi que Rachid Rahouadj, professeur émérite en mécanique de l’université de Lorraine nous en disent plus.
Quel est le contexte de cette collaboration ?
Stéphane Claude, Directeur Général délégué de Micro-Mega :
En collaboration avec l’Université de Lorraine, nous imaginons le futur de l’endodontie avec l’ambition de “connecter l’endodontie d’aujourd’hui au patient de demain”. Cette branche de l’odontologie traite l’intérieur de la dent. Elle consiste à prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies de la pulpe dentaire et leurs complications, notamment les infections dites péri-apicales. L’endodontie est aussi identifiée comme une source de stress pour les praticiens car si l’acte est mal réalisé, il risque d’entraîner une infection susceptible de mettre en danger la santé générale du patient.
Nous sommes convaincus que l’endodontie – et la santé bucco-dentaire en général – sont des spécialités qui doivent prendre le virage du numérique pour le plus grand bénéfice des patients. Nous sommes deux acteurs incontournables et complémentaires dans nos domaines respectifs et notre partenariat consiste à mettre en commun nos expertises pour améliorer la qualité des soins endodontiques prodigués.
E‑Endo, est le premier programme créé dans ce domaine et positionne le Made in France à la pointe de l’innovation en Europe. Son ambition affichée est de doter l’endodontie d’un cadre pédagogique, de recherches et d’applications orientées vers l’amélioration en continu de la qualité des soins au patient et la sécurisation du dispositif ou de l’acte endodontique. Les actions menées visent avant tout à faciliter l’innovation des produits et des technologies de la filière bucco-dentaire.
Qu’en est-il du côté de la faculté d’odontologie de Lorraine (université de Lorraine) ?
Kazutoyo Yasukawa, doyen de la faculté d’odontologie de Lorraine :
Notre faculté d’odontologie est une des premières universités leader dans l’innovation en odontologie. Plusieurs projets en cours illustrent notre engagement et notre volonté d’être à la pointe de l’innovation.
Dans le cadre du programme E‑Endo en partenariat avec Micro-Mega, nous avons été à l’initiative de la création de la première halle technique en ingénierie dentaire inaugurée fin 2022. Elle a pour ambition de devenir le premier pôle d’innovation technique et dentaire en Europe. Cet espace de 150 m², représentant le cabinet dentaire de demain, a été conçu pour accompagner la formation des futurs praticiens, favoriser les collaborations publiques/privées et contribuer à l’émergence de start-up. Il se compose d’un centre d’essais et de certification dédiés aux essais mécaniques sur dispositifs dentaires, ainsi que d’un espace collaboratif.
Par ailleurs, nos enseignants-chercheurs travaillent sur un projet collaboratif, avec Micro-Mega, de « lime intelligente zéro casse ». Cette innovation va permettre aux dentistes omnipraticiens et endodontistes de réaliser des actes en toute sécurité et d’améliorer la qualité des soins délivrés aux patients. C’est une première européenne.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la “lime intelligente zéro casse” ?
Docteur Marin Vincent, vice-doyen innovation et développement stratégique de la faculté d’odontologie de Nancy :
La rupture instrumentale est une des principales craintes des chirurgiens-dentistes lors de la réalisation de traitements endodontiques. C’est malheureusement un aléa thérapeutique très fréquent. Les complications directes de cette rupture instrumentale sont d’ordre clinique. Le bris instrumental entrave l’accès à la totalité du réseau canalaire et complique la désinfection de ce dernier. Une élimination bactérienne insuffisante liée à ce bris implique donc un potentiel échec du traitement endodontique, pouvant aller jusqu’à l’avulsion de la dent traitée.
Il s’agit d’un évènement récurrent et redouté dans la communauté des praticiens, sur lequel de nombreux projets de recherches portent sur le plan international. Les causes de cet aléa étant multifactorielles, il y a une réelle nécessité d’aborder cette problématique de façon multidisciplinaire.
De nombreux matériaux sollicités dans le domaine plastique peuvent émettre des ondes élastiques dont les caractéristiques sont corrélées aux mécanismes de déformation ou d’endommagement. Nos recherches se sont alors portées sur la détection des dits signes d’émission acoustique avant-coureurs de la rupture instrumentale.
Vous pourriez prévenir la rupture de la lime grâce à l’émission acoustique des instruments endodontiques ?
Rachid Rahouadj, professeur émérite en mécanique de l’université de Lorraine :
Oui. Nous étudions la détection des ondes élastiques ultrasonores qui émanent de mécanismes de déformation plastique (dislocations) et de transformation de phase martensitique des alliages à mémoire de forme (NiTi) constituant les limes. La propagation et l’interaction des défauts de la microstructure s’accompagnent d’une émission d’énergie acoustique dans une plage de fréquence comprise entre 100 kH et 2 MHz. Notons que l’émission acoustique fait aujourd’hui partie de la panoplie des techniques de contrôle non destructif. Elle est bien connue et très utilisée dans d’autres domaines industriels (par exemple, le Pont de Normandie est équipé de capteurs ultra-sonores fixés sur les câbles, ce qui permet de procéder à un contrôle permanent des symptômes d’endommagement).
Les caractéristiques des signaux émis (fréquence, amplitude, types de signaux…) changent en fonction de la progression des mécanismes de dégradation conduisant à la ruine du matériau.
L’idée est d’appliquer ce savoir-faire au domaine des instruments endodontiques à l’aide d’un pico-capteur fixé à la tige de l’instrument. Les essais réalisés jusqu’à rupture s’accompagnent d’une forte libération d’émission acoustique dont les caractéristiques fréquentielles se distinguent de celles du début de l’essai. Notre objectif consiste à prendre en compte les caractéristiques pertinentes du signal et de les traiter de façon à déceler l’apparition des premiers signes d’endommagement conduisant à la rupture. Nous pensons élargir l’ensemble des informations analysées en temps réel, en prenant également en compte la mesure de la vitesse de rotation effective de la lime, et le couple.
Un traitement exhaustif de l’ensemble des données dans l’environnement immédiat de l’appareil nous permettra de mettre au point une méthode de signalisation de l’imminence de la rupture, par déconnexion électrique. Cette méthode prometteuse contribue de façon significative à la collecte des informations multiphysiques (aux échelles méso et/ou macroscopique) liées à la mise en forme canalaire, (usinage des canaux), dans le but de prévenir éventuelles dégradations ou ruptures instrumentales. Ces travaux ont donné lieu à un premier dépôt de brevet et un second est actuellement en cours.
Micro-Mega en bref :
Société implantée à Besançon et dont l’origine remonte à 1905, Micro-Mega s’est toujours tenue à l’avant-garde des techniques et possède, à ce titre, un savoir-faire mondialement reconnu dans les domaines de la conception, de la fabrication et de la commercialisation de dispositifs médicaux destinés à la chirurgie dentaire.
Aujourd’hui, la politique d’innovation et de qualité de Micro-Mega se traduit par des solutions de haute technicité et d’avenir, élaborées au sein d’un centre d’excellence “manufacturing & engineering” dédié aux moteurs et instruments à canaux.
Pour plus d’informations : https://micro-mega.com
Bio express :
Stéphane Claude, Directeur Général délégué de Micro-Mega
De nationalité franco-suisse, Stéphane Claude est un ingénieur – Master Black Belt – issu des industries automobile et MedTech. Il rejoint Micro-Mega en 2014, alors sous la houlette du groupe Sanavis, pour gérer les opérations dont,
entre autres, la réorganisation et l’effi cience du site, les outils de Lean Manufacturing, l’automatisation et pour ancrer la culture du changement. Stéphane Claude est Directeur Général délégué de COLTENE Micro-Mega depuis 2018.