Construire ensemble un système de santé performant, éthique, responsable et souverain
Mostafa Lassik, directeur général du Mipih, nous parle de son établissement, ses métiers et son rôle en matière d’accompagnement des acteurs de la santé dans leur transformation numérique. Rencontre.
Mipih est un acteur majeur du numérique en santé. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre positionnement et vos missions ?
Le Mipih est un groupement d’intérêt public qui a vu le jour il y a déjà une trentaine d’années. C’est un industriel public spécialisé dans le numérique en santé qui regroupe aussi bien des acteurs publics que privés et qui réinvestit l’ensemble de ses bénéfices au service de ses adhérents.
Notre objectif est de contribuer à la co-construction du système de santé de demain avec l’ensemble de l’écosystème. Dans cette continuité, le Mipih a quatre métiers. Historiquement, nous sommes éditeur de solutions logicielles utilisées par les hôpitaux pour la gestion des ressources humaines, économiques et financières, du patient. Nous mettons aussi à leur service des logiciels et des solutions axés sur la e‑santé, la relation ville hôpital, et depuis plus récemment sur la digitalisation. Notre second métier consiste à produire la paie des hospitaliers. Tous les mois, cela concerne, près d’un tiers de la fonction publique hospitalière, soit près de 400 000 bulletins de paie. Notre troisième métier est celui de l’assistance à maîtrise d’ouvrage et de prestations intellectuelles avec un cabinet de conseil et de formation spécifique. Et enfin, nous sommes, depuis une dizaine d’années, hébergeur de données de santé, mais aussi le premier hébergeur public français certifié HDS avec deux datacenters en propre, 100 % français et souverains, situés à Toulouse et Amiens.
Nos premiers adhérents sont les structures hospitalières, essentiellement des hôpitaux publics. Depuis, nous avons ouvert nos compétences en matière d’hébergement et de traitement de données au monde de l’enseignement supérieur et de la recherche avec notamment un partenariat avec l’Université de Jules Verne Picardie. En parallèle, nous travaillons aussi de plus en plus avec les collectivités locales.
Au cœur de vos enjeux, on retrouve la question de la digitalisation des acteurs de santé. Qu’en est-il ?
Nous accompagnons près de 700 établissements de santé adhérents au Mipih. Nous équipons en solutions logicielles près des deux tiers des GHT (Groupements Hospitaliers Territoriaux). Et, comme précédemment mentionné, nous produisons près de trois millions de bulletins de paie par an. Nous sommes donc en première ligne pour accompagner les acteurs de la santé dans leur digitalisation et leur transformation numérique. Dans cette démarche, nous travaillons sur plusieurs axes dont la prise en charge du patient ; la digitalisation des processus des hôpitaux ; le renforcement de la coordination des parcours de soins et, in fine, de la relation ville l’hôpital. Le maintien et l’optimisation de la sécurité et de la protection des données de santé, reste notre priorité, dans un contexte où nous avons assisté à une recrudescence de cyberattaques visant les établissements de santé.
Quels sont les sujets qui vous mobilisent ?
Il est aujourd’hui évident que la pérennité et l’efficacité de notre modèle et système de santé dépendent de notre capacité à prendre collectivement ce virage digital. C’est, par ailleurs, aussi un enjeu politique et citoyen que la crise sanitaire et la pandémie sont venues renforcer. Dans ce cadre, la digitalisation de la relation aux patients est un véritable enjeu d’avenir pour l’hôpital public, mais également un levier d’innovation qui va venir nourrir cette transformation.
Forts de ces constats, notre rôle est donc d’accompagner en premier lieu nos adhérents en mettant à leur disposition des offres qui vont leur permettre de couvrir l’ensemble de leurs besoins. Dans cette logique, nous avons notamment développé Digihosp, un portail dédié à la gestion du parcours de soins qui permet aux patients de devenir acteurs de leurs parcours. À travers cette plateforme, un patient va, par exemple, pouvoir préparer son hospitalisation, avoir accès à l’ensemble des informations relatives à son séjour ou à ses consultations. Au-delà, la plateforme permet aussi de faciliter la transmission de toutes ces données personnelles à l’ensemble des parties prenantes. Pour réussir cette transformation, notre enjeu est de développer et de proposer des solutions simples, ergonomiques, performantes et sécurisées.
« La digitalisation de la relation aux patients est un véritable enjeu d’avenir pour l’hôpital public. »
La digitalisation des solutions et des processus permet également de redonner du temps aux personnels soignants. Ils ont ainsi accès plus rapidement à la bonne information ce qui optimise le processus de prise de décision. La digitalisation permet aussi de réduire, voire supprimer, les tâches répétitves et redondantes à très faibles valeur ajoutée. Pour ce faire, nous capitalisons sur toutes les dernières technologies, comme l’intelligence artificielle ou encore le Big Data, toujours au service de l’humain.
En parallèle, nous accompagnons aussi la transformation des territoires de santé en améliorant la relation ville hôpital, et de manière plus globale, la prise en charge du patient, sans perdre de vue la protection des données. Cela implique non seulement de l’innovation pour étendre le champs d’application de nos solutions et prestations, mais aussi pour renforcer et consolider notre offre en matière de management de données. Nous nous sommes ainsi engagés dans un programme de renouvellement de l’intégralité de nos offres afin de mieux prendre en compte les besoins et attentes de nos différentes interlocuteurs, mais aussi d’inclure les dernières technologies.
Sur le volet hébergement et data, en notre qualité de premier herbegeur certifié HDS en France, nous prenons part aux initiatives européennes en la matière et partageons l’ambition de construire un écosystème de données souveraines, éthiques et performantes en opposition aux GAFAM qui cherchent également à se positionner de plus en plus dans le domaine du numérique en santé. À notre niveau, nous contribuons à promouvoir l’hébergement de ces données sur le territoire national et par des acteurs français. Ce parti pris est, par ailleurs, au cœur même de notre ADN.
Enfin, il y a aussi une dimension RSE autour du numérique en santé. Le Mipih est notamment le premier acteur de la santé numérique à avoir intégré l’Institut du Numérique Responsable. Une initiative qui souligne notre engagement en matière de sobriété numérique, d’optimisation de la consommation énergétique, ou encore sur la question d’obsolescence programmée.
Et pour conclure ?
Le Ministère de la Santé a présenté la feuille de route du numérique en santé 2023–2027. Elle doit être approuvée d’ici la fin du 1er semestre 2023 après une phase de concertation. Cette feuille de route recoupe un certain nombre d’enjeux et de sujets qui sont portés par le Mipih comme le renforcement du rôle des citoyens dans la santé. La mise à disposition de solutions performantes pour les professionnels de santé afin notamment de leur permettre d’accorder plus de temps à la relation soignante et humaine avec les patients ; l’utilisation du numérique pour améliorer l’accès à la santé ; le développement des usages numériques en santé avec une maturité accrue sur la cybersécurité.
Notre stratégie est donc parfaitement alignée avec la stratégie nationale et nous restons mobilisés pour y contribuer à notre niveau.
EN BREF :
Acteur public du numérique en santé, éditeur et premier hébergeur français certifié HDS, le Mipih accompagne les établissements de santé, les GHT, le médico-social et les médecins libéraux, dans leur digitalisation afin de répondre à leurs enjeux numériques. Avec cinq agences, à Toulouse, Amiens, Bordeaux, Reims et à Paris au sein de PariSanté Campus, le Mipih et ses 900 collaborateurs partagent leurs savoirs et expertises avec plus de 700 établissements adhérents et clients pour construire ensemble le système de santé de demain.