Consultant en stratégie : un métier en pleine mutation
Comment évolue le marché très concurrentiel des cabinets de conseil en stratégie ? Quelle place pour les ingénieurs et pour la formation polytechnicienne dans ces cabinets ? Selon Ludovic Broutin (99) et Bruno Bousquié, associés EY-Parthenon à Paris, le secteur est en pleine effervescence et se reconfigure face aux nouvelles exigences des clients. De nombreuses opportunités sont à saisir et la formation polytechnicienne est particulièrement adaptée pour réussir dans ce métier.
Quelques mots pour nous présenter EY-Parthenon et son positionnement ?
Bruno Bousquié : Parthenon a été fondé en 1991 par deux anciens associés de Bain & Co et s’est hissé au rang des acteurs du conseil en stratégie les plus respectés sur le marché nord-américain, grâce à ses approches sur-mesure et de fortes expertises sectorielles. En 2014, les associés ont rejoint EY pour former EY-Parthenon avec l’ambition de constituer un des leaders mondiaux.
Plusieurs acquisitions ont suivi notamment en Europe, avec l’arrivée successive des équipes d’OC&C Pays-Bas, France et Allemagne. En août 2017, les équipes d’OC&C Paris et d’EY Consulting en France (pour partie issues du rachat de Greenwich par EY en 2013) se rapprochent pour former le bureau français d’EY-Parthenon.
Aujourd’hui EY-Parthenon permet l’alliance d’un cabinet de stratégie des plus exigeants, avec les compétences larges et nombreuses de l’ensemble du réseau EY. Cela nous permet, tout en restant des spécialistes de la stratégie, d’accompagner nos clients dans leur transformation, notamment en opérations, digital et analytics.
Comment voyez-vous évoluer le marché du conseil en stratégie ?
B.B. : Le marché est très dynamique avec des demandes de plus en plus exigeantes, qui vont redessiner un paysage encore ultra concurrentiel.
En effet les clients valorisent de plus en plus la capacité de certains cabinets à marier toutes les expertises et compétences nécessaires pour accompagner le client de bout en bout, à proposer une réelle expertise digitale enrichie de la prise de hauteur nécessaire, et à travailler avec les outils d’aujourd’hui, par exemple savoir gérer de grandes masses de données complexes.
Cela demande des investissements très importants que seuls les cabinets de grande taille peuvent engager. Les boutiques en stratégie sortent du jeu sur une part croissante des besoins exprimés par les clients.
Quels sont vos grands axes d’intervention ?
B.B. : Nous sommes des spécialistes de la stratégie d’entreprise. Nous aidons les directions générales et leurs actionnaires sur trois types d’enjeux stratégiques : la croissance, la performance et les transactions.
La révolution digitale impacte bien souvent chacun de ces enjeux et se situe donc au coeur de nos projets.
À Paris, nous avons constitué six pôles d’expertise sectorielle : distribution et grande consommation, industrie et services B2B, télécommunications/média et technologies, life sciences et healthcare, gouvernement/secteur public et éducation, et enfin le private equity.
Quels sont les principaux sujets qui vous mobilisent actuellement ?
Ludovic Broutin : Ces derniers temps, j’ai aidé un leader de la distribution professionnelle à structurer un grand plan stratégique de transformation pour le remettre sur le chemin de la croissance rentable. J’ai mené une réflexion sur la transformation d’un groupe pour lui permettre de mieux atteindre ses objectifs stratégiques.
Et j’ai piloté une due diligence stratégique sur une société d’ingénierie de process industriels. Je suis également associé en charge du recrutement au bureau de Paris. Les candidats comprennent bien le mouvement que nous menons mais nous devons encore gagner en notoriété : EY-Parthenon n’a que deux ans d’existence en France !
En quoi la formation polytechnicienne peut-elle être un atout dans ce métier ?
L.B : La formation d’ingénieur est très adaptée à notre métier qui — pour moi — est la physique de l’entreprise.
Il s’agit de comprendre un système extrêmement complexe et de le simplifier pour pouvoir modéliser son fonctionnement, et prévoir son comportement, sans trop simplifier au risque d’être simpliste et donc faux.
La formation polytechnicienne est l’une des plus adaptées puisqu’elle prône la capacité à formuler des arbitrages complexes sur des temps courts, la multidisciplinarité et un savant mélange de curiosité, d’ouverture, de rigueur et de méthode. N’oublions pas que celui qui a fondé la discipline, Bruce Henderson pour le nommer, était lui-même ingénieur !
Fin de l’article disponible sur la version pdf