Contrastes
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Bercent mon cœur
D’une langueur
Monotone
Paul Verlaine, Chanson d’automne
Deux concertos : Prokofiev, Chostakovitch
1917 : Prokofiev termine son 1er Concerto pour violon, mais aucun soliste ne veut le jouer. Il faut attendre 1923 pour que le violoniste bordelais Marcel Darrieux le crée à l’Opéra de Paris.
1948 : le régime soviétique estime que le 1er Concerto pour violon de Chostakovitch est trop éloigné du « réalisme socialiste » et il faudra attendre 1955 pour sa création à Léningrad par son dédicataire, David Oïstrakh. Tout oppose ces deux concertos, que le violoniste chinois Ning Feng a eu la bonne idée d’enregistrer ensemble avec l’Orchestre symphonique de Bochum. Celui de Prokofiev lyrique, onirique, brillant ; celui de Chostakovitch sombre, douloureux, s’achève, après une Cadence redoutable, par un court Burlesque, pied de nez aux autorités. Aujourd’hui, ces deux concertos figurent au sommet des concertos de violon du XXe siècle.
1 CD CHANNEL CLASSICS
Le concerto de Korngold
Erich Wolfgang Korngold aura été le dernier souffle du romantisme viennois. Enfant prodige, porté au pinacle par Mahler, Richard Strauss, Sibelius, Zemlinsky (dont il était l’élève), il compose dès l’âge de douze ans des œuvres qui ont un grand succès public. En 1920, à 23 ans, il crée son opéra Die tote Stadt (La ville morte), joué dans le monde entier. Fuyant le nazisme en 1936, il s’installe aux États-Unis et devient compositeur de musiques de film. Son Concerto pour violon, créé par Jascha Heifetz en 1947, est dans la droite ligne de ses musiques de film : lyrique, quelque peu hollywoodien, mais merveilleusement orchestré ; une musique de plaisir. Le violoniste taïwanais Ray Chen vient de l’enregistrer avec le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Cristian Macelaru, pour un album dénommé Player 1, avec des arrangements de musiques provenant essentiellement de jeux vidéo (Pokemon Rouge, Naruto…), suggérant qu’il n’y a pas de barrière entre la musique dite sérieuse et ces formes nouvelles prisées par les jeunes générations.
1 CD DECCA
Gesualdo
Carlo Gesualdo (1566−1613), prince de Venosa, est un compositeur tout à fait extraordinaire. Son invention débridée, tout en respectant les formes classiques du contrepoint, marque une rupture, à la fin du XVIe siècle, avec tout ce qui s’était écrit jusqu’alors. Harmonies nouvelles, dissonances : une musique d’avant-garde qui reste aujourd’hui extrêmement novatrice et qui ne peut que stupéfier et transporter dès la première écoute. Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale Gent ont enregistré Silenzio mio, le quatrième livre de ses madrigaux. Courez l’écouter. Vous serez surpris d’apprendre par ailleurs que Gesualdo avait assassiné sa première épouse (et son amant) et vous serez tenté, peut-être, par un parallèle avec sa musique révolutionnaire. Nous vous en laissons la responsabilité…
1 CD OUTHERE