Contrat pluriannuel 2007–2011 : le point de vue des entreprises
Les entreprises souhaitent une relation étroite, confiante et constructive avec l’École polytechnique tant sur le plan des programmes d’enseignement que celui des orientations de la recherche. Elles souhaitent également contribuer à la réussite de ses ambitions qui rejoignent très largement leurs propres enjeux stratégiques.
Il serait manifestement présomptueux de prétendre exprimer de façon unique le point de vue de l’ensemble des entreprises : elles sont à l’évidence si différentes par la nature de leurs activités, par la géographie de leurs marchés et de leurs implantations, par leurs principes d’organisation et par la diversité des personnes qui les composent.
Il n’en demeure pas moins qu’apparaissent de fortes convergences et la Fondation de l’École polytechnique est précisément dans son rôle en les exprimant puisque, créée pour cela en 1987, elle n’a cessé d’œuvrer en pleine confiance avec la direction de l’École pour recommander, accompagner et soutenir les axes essentiels de son évolution, afin que le « Produit polytechnicien » continue à répondre aux attentes des entreprises dans un monde global où la compétition fait rage.
C’est d’ailleurs bien dans ce monde de compétition et de concurrence internationales que se trouve aujourd’hui plongée l’École polytechnique. En ce début de XXIe siècle, les attentes, et sans doute convient-il plutôt de dire les exigences, des entreprises à l’égard des institutions de formation supérieure associent à des demandes permanentes des dimensions nouvelles d’excellence.
Pour l’École polytechnique, une étape majeure a été franchie avec la mise en œuvre de la réforme à laquelle la Fondation a significativement contribué, en particulier pour ce qui concerne l’internationalisation de l’École.
Le monde de l’entreprise se félicite des progrès majeurs qu’ont été d’une part le cursus diplômant sur quatre ans des polytechniciens et d’autre part l’accroissement du nombre des élèves étrangers comme celui des élèves français réalisant leur 4e année d’études à l’étranger, et ce d’autant plus que ces avancées ont été réalisées sans remise en cause des traditions de multidisciplinarité et d’excellence qui ont fait la renommée de l’École.
X‑Forum 2005 © Philippe Lavialle – EP
Le contrôle par l’École polytechnique elle-même de l’ensemble du cursus des quatre années de formation jusqu’à l’entrée dans la vie professionnelle garantit une continuité de la responsabilité de formation et doit permettre un dialogue plus fructueux entre les entreprises et l’École. La direction est tracée, mais il reste encore du chemin à parcourir et l’École doit sans aucun doute consacrer tous ses efforts à ces liens avec son aval. D’ores et déjà, le monde des entreprises se réjouit que 75 % des polytechniciens rejoignent ses rangs dès la sortie de leur formation, ce qui, avec l’augmentation des effectifs par promotion, a largement accru le vivier de cadres à fort potentiel dans lequel elles peuvent puiser.
Par ailleurs, l’atteinte rapide des objectifs d’internationalisation de l’École constitue un indéniable succès ; elle permet à la fois de confronter les élèves issus des classes préparatoires françaises à la diversité des cultures qui deviendra leur lot quotidien dans la vie professionnelle et d’accroître le rayonnement à l’étranger de l’École polytechnique par la multiplication des échanges d’étudiants de haut niveau avec les meilleures institutions de la planète.
Le contrat pluriannuel vise à franchir une nouvelle étape permettant notamment au campus de Palaiseau de prendre une autre dimension pour se placer parmi les meilleures institutions scientifiques et académiques sur la scène internationale.
Le monde de l’entreprise ne peut que se réjouir de ces objectifs et souhaite, en particulier par l’intermédiaire de la Fondation de l’École polytechnique, s’associer étroitement à la définition des nouveaux objectifs et à la mise en œuvre des moyens, notamment humains et financiers, qu’ils requièrent. Il veillera tout spécialement à ce que les actions d’élargissement nécessaires ne remettent pas en cause les caractéristiques traditionnelles d’excellence de l’École polytechnique telles qu’elles résultent de la sélection exigeante des candidats à l’entrée et du contrôle rigoureux des résultats tout au long du cursus jusqu’au diplôme final.
Face à ce nouveau contrat pluriannuel, le point de vue des entreprises peut se présenter selon quelques grandes lignes de force.
L’entreprise a bien entendu toujours besoin de spécialistes qu’elle peut recruter dans de nombreuses institutions en pointe dans leurs domaines respectifs ; mais elle doit aussi de plus en plus disposer d’un vivier de cadres à bon potentiel, préparés à évoluer aux interfaces des disciplines et à maîtriser la complexité croissante des technologies et des organisations. La tradition fortement pluridisciplinaire de l’enseignement de l’École polytechnique conserve toute sa valeur dans le monde de l’entreprise d’aujourd’hui et de demain, et doit être résolument maintenue car elle confère aux polytechniciens de précieux atouts pour l’avenir.
Les entreprises vivent aujourd’hui la réalité de la globalisation dans leurs marchés, dans leurs implantations industrielles, dans la localisation de leurs activités de recherche, d’ingénierie ou de systèmes d’information, dans la diversité de leurs concurrents et de leurs actionnaires. Elles sont de plus en plus attentives à la capacité de leurs jeunes cadres à évoluer efficacement dans un contexte international grâce à une précoce exposition à d’autres cultures qui doit permettre une meilleure appréhension de la diversité et donc une meilleure appréciation des complémentarités. Bien souvent d’ailleurs les directions des ressources humaines sont devenues ou en passe de devenir très multinationales.
De façon symétrique, les entreprises recherchent des cadres étrangers, originaires des pays ou régions du monde qui sont prioritaires dans leurs stratégies, qui ont acquis par leur formation une bonne ouverture à la culture française afin de pouvoir développer implantations et partenariats dans leurs zones cibles.
À cet égard, outre le recrutement direct d’élèves étrangers, le développement par l’École polytechnique d’un réseau de coopération avec quelques grandes universités européennes, sur la base de critères d’excellence communs, doit constituer un atout supplémentaire.
À des degrés variables selon la nature de leurs activités, les entreprises sont prêtes à valoriser dans leurs organisations des formations complémentaires aboutissant au doctorat dans l’un des domaines d’excellence de la recherche à l’École polytechnique. Mais l’accueil de ces docteurs ne peut concerner qu’une proportion limitée des recrutements de polytechniciens et exige bien entendu que les champs de recherche correspondants soient clairement tournés vers l’application et donc susceptibles de conduire l’entreprise vers des avancées compétitives.
Le monde de l’entreprise souhaite que soit préservé un bon équilibre dans les orientations des élèves à la sortie de l’École polytechnique, et qu’en particulier se maintienne un fort attrait de ces jeunes à haut potentiel pour les métiers d’ingénieur.
Il apparaît aujourd’hui clairement que les défis à relever, dans des domaines de plus en plus complexes, donnent aux métiers d’ingénieur un rôle essentiel dans la décennie à venir. En outre, parmi ces ingénieurs, la proportion encore insuffisante mais en croissance régulière de femmes est un élément positif pour l’équilibre et l’efficacité des organisations.
Les entreprises ne peuvent que se réjouir de l’accent mis dans le nouveau contrat pluriannuel sur la dimension humaine de la formation, sur le développement du sens des responsabilités et des qualités de leadership. Le projet X 2000 avait déjà mis en avant ces aspects majeurs de la formation polytechnicienne qui sont essentiels à la carrière des futurs dirigeants ou entrepreneurs.
Cette liste, forcément réductrice des qualités attendues du produit polytechnicien, correspond sans aucun doute aux vœux des entreprises dont les instances dirigeantes ont une forte composante française ; mais elle doit aussi s’appliquer pour les entreprises mondiales dans lesquelles un nombre croissant de polytechniciens seront à l’avenir amenés à exercer leurs talents.
À cet égard, les secteurs de la finance et du conseil ont ouvert la voie ; les qualités des polytechniciens y sont déjà reconnues par de grands groupes internationaux.
L’indiscutable visibilité internationale dans ces secteurs des formations de l’École doit absolument s’étendre à tous les secteurs industriels.
Cela dit, il ne faut certainement pas oublier que nombre de grandes institutions ou universités équivalentes des grandes écoles françaises proposent aux entreprises des candidats de grande valeur qui disposent dès l’origine de certains traits de cette culture anglo-saxonne aujourd’hui indispensable à la vie dans les plus grandes sociétés internationales.
Il importe donc plus que jamais d’accroître la notoriété de l’École polytechnique sur la scène internationale en tirant le meilleur parti de ses nouvelles relations académiques comme de la contribution de ses élèves internationaux à son rayonnement.
La présence manifeste sur le campus de Palaiseau de professeurs étrangers de premier rang aux côtés des meilleurs enseignants français doit être un signe tangible de cette évolution.
Avec la réforme X 2000, le tournant du siècle a permis à l’École polytechnique de marquer sa volonté d’adaptation aux exigences de son marché, celui du produit polytechnicien. Les entreprises ont été particulièrement attentives à cette évolution et s’y sont associées étroitement par l’entremise de la Fondation qui les représente.
À présent, dans le cadre du nouveau contrat pluriannuel, les entreprises attendent qu’en maintenant soigneusement la sélection toujours très exigeante de son concours d’entrée, l’École polytechnique relève avec la plus grande ambition les défis de la mondialisation et parvienne à une reconnaissance durable parmi les meilleures institutions mondiales de formation scientifique et humaine à la fois.
Confrontées en permanence à une compétition internationale toujours plus rude, les entreprises attendent des organismes de formation, et de l’École polytechnique en particulier, qu’ils stimulent chez leurs élèves la créativité et la volonté d’entreprendre. Les nombreux exemples de créations d’entreprises réussies par les polytechniciens montrent déjà la voie.
Pour toutes ces raisons, les entreprises souhaitent une relation étroite, confiante et constructive avec la direction de l’École polytechnique tant sur le plan des programmes d’enseignement que de celui des orientations de la recherche afin de contribuer à la réussite des ambitions de l’École, qui rejoignent très largement leurs propres enjeux stratégiques. Telle est depuis son origine la mission de la Fondation de l’École polytechnique, une mission que celle-ci est prête à amplifier et à élargir.