Coupez !, Varsovie 83, Top Gun Maverick, La Ruse

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°776 Juin 2022
Par Christian JEANBRAU (63)

Chris­tian Jean­breau (X63) nous pro­pose la cri­tique de neuf films fran­çais, polo­nais, anglais ou amé­ri­cains. Super­pro­duc­tion, film à grand spec­tacle, réa­li­sa­tion inti­miste, humour ou drame, réus­site ou… pas, la diver­si­té est au rendez-vous.

Coupez !Coupez !

Réa­li­sa­teur : Michel Haza­na­vi­cius. 1h 50.

Excellent ! Romain Duris, Béré­nice Béjo et alii sont « au top ». Très réjouis­sant fou­toir. La sophis­ti­ca­tion du scé­na­rio (le tour­nage lamen­table d’un film de zom­bie com­man­di­té par une minus­cule et hila­rante vieille japo­naise) impose abso­lu­ment la pre­mière par­tie affli­geante dont les déve­lop­pe­ments sui­vants expriment après coup la vraie saveur. C’est extrê­me­ment goû­teux et on s’a­muse alors énormément.


Varsovie 83Varsovie 83

Réa­li­sa­teur : Jan P. Malus­zyns­ki. 2h 39.

La mort de Grze­gorz Prze­myk, fils de Bar­ba­ra Sadows­ka (1940−1986), poé­tesse et oppo­sante, sous le régime du géné­ral Jaru­zels­ki. Impres­sion­nant de pré­ci­sion dans la recons­ti­tu­tion des manœuvres du régime pour étouf­fer l’af­faire. Néces­sai­re­ment long, pour lais­ser à la méca­nique de l’op­pres­sion poli­cière le temps de se déployer et aux pro­ta­go­nistes d’é­vo­luer, de la révolte au défai­tisme, dans un cli­mat de peur : dénis, veu­le­ries, sur­sauts, lâche­tés. Un réa­lisme lucide et écra­sant. Excel­lents acteurs.


Top Gun MaverickTop gun Maverick

Réa­li­sa­teur : Joseph Kosins­ki. 2h11.

Par­fait ! Le Top Gun de Tony Scott (1986) était navrant et son extra­or­di­naire suc­cès inex­pli­cable. Ce pro­lon­ge­ment de J. Kosins­ki est une for­mi­dable réus­site. Tout ce qui son­nait cari­ca­tu­ral dans le pre­mier volet devient cré­dible, presque sub­til. Les com­bats aériens sont fas­ci­nants, l’in­trigue sen­ti­men­tale n’est plus idiote, l’a­mi­tié virile a ces­sé d’être débile, Tom Cruise (très en forme) se met à bien jouer. Le scé­na­rio rebon­dit et se tient, et mal­gré quelques invrai­sem­blances, l’a­dré­na­line monte et l’é­mo­tion s’ins­talle. Il faut hélas, je crois, avoir vu le pre­mier volet pour tout appré­cier, mais c’est un spec­tacle total.


La RuseLa ruse

Réa­li­sa­teur : John Mad­den. 2h07.

Bien, très bien. On lit dans la cri­tique des réti­cences, des accu­sa­tions : clas­si­cisme exces­sif, affa­dis­se­ment du sup­port scé­na­ris­tique ancré dans un épi­sode réel de la deuxième guerre mon­diale (un piège éla­bo­ré pour trom­per le ren­sei­gne­ment alle­mand res­ti­tué dans tous ses détails). Médi­sances ! C’est très bien construit, mené et joué (Colin Firth impec­cable, Kel­ly Mac­do­nald, atta­chante). Le film tient en haleine et il s’y glisse, avec rete­nue, un de ces amours inabou­tis au goût amer mais qui pré­serve, intacte, la part du rêve.


The Duke Les passagers de la nuit Hommes au bord de la crise de nerfs The Northman Frère et soeur

Et en accéléré : 

  • The Duke – Réa­li­sa­teur : Roger Michell. 1h35.
    Années 1960 et fait divers réels. Les jeux de rôles d’une famille anglaise per­tur­bée, avec affec­tion garan­tie, dis­putes d’o­pé­rette, vol à la Natio­nal Gal­le­ry, pro­cès et hap­py-end. On passe un agréable moment.
  • Les pas­sa­gers de la nuit – Réa­li­sa­teur : Mikhaël Hers. 1h51
    Trame roma­nesque « bobo » tein­tée d’angélisme. Bien joué. Quelques jolies scènes entre les­quelles on s’en­nuie un peu.
  • Hommes au bord de la crise de nerfs – Réa­li­sa­teur : Audrey Dana. 1h37.
    Plus fin que pré­vu. Excel­lents acteurs. Fra­gi­li­té des hommes, inter­ro­ga­tions réelles, moque­rie et ten­dresse bien­veillantes, écoute réci­proque. De l’i­nat­ten­du gen­ti­ment potache, opti­miste et récon­for­tant. Quelques jolies scènes.
  • The North­man – Réa­li­sa­teur : Robert Eggers. 2h17.
    Sor­cel­le­rie, hyper bru­ta­li­té, voci­fé­ra­tions, hémo­glo­bine, psy­cho­lo­gie zéro. La légende d’Amleth (Scan­di­na­vie, XIIIe siècle) qui aurait ins­pi­ré Sha­kes­peare (Ham­let). Acteurs noyés de poils. Très bruyant (… beau­coup de bruit pour rien).
  • Frère et sœur – Réa­li­sa­teur : Arnaud Des­ple­chin. 1h48.
    Coche toutes les cases … du ratage. Com­ment faire si mal jouer de si bons acteurs (Mel­vil Pou­paud, Marion Cotillard) ? Scé­na­rio ridi­cule, absurde et affli­geant. Un tel gâchis parais­sait impos­sible… Non, Des­ple­chin l’a fait !

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