Coupez !, Varsovie 83, Top Gun Maverick, La Ruse
Christian Jeanbreau (X63) nous propose la critique de neuf films français, polonais, anglais ou américains. Superproduction, film à grand spectacle, réalisation intimiste, humour ou drame, réussite ou… pas, la diversité est au rendez-vous.
Coupez !
Réalisateur : Michel Hazanavicius. 1h 50.
Excellent ! Romain Duris, Bérénice Béjo et alii sont « au top ». Très réjouissant foutoir. La sophistication du scénario (le tournage lamentable d’un film de zombie commandité par une minuscule et hilarante vieille japonaise) impose absolument la première partie affligeante dont les développements suivants expriment après coup la vraie saveur. C’est extrêmement goûteux et on s’amuse alors énormément.
Varsovie 83
Réalisateur : Jan P. Maluszynski. 2h 39.
La mort de Grzegorz Przemyk, fils de Barbara Sadowska (1940−1986), poétesse et opposante, sous le régime du général Jaruzelski. Impressionnant de précision dans la reconstitution des manœuvres du régime pour étouffer l’affaire. Nécessairement long, pour laisser à la mécanique de l’oppression policière le temps de se déployer et aux protagonistes d’évoluer, de la révolte au défaitisme, dans un climat de peur : dénis, veuleries, sursauts, lâchetés. Un réalisme lucide et écrasant. Excellents acteurs.
Top gun Maverick
Réalisateur : Joseph Kosinski. 2h11.
Parfait ! Le Top Gun de Tony Scott (1986) était navrant et son extraordinaire succès inexplicable. Ce prolongement de J. Kosinski est une formidable réussite. Tout ce qui sonnait caricatural dans le premier volet devient crédible, presque subtil. Les combats aériens sont fascinants, l’intrigue sentimentale n’est plus idiote, l’amitié virile a cessé d’être débile, Tom Cruise (très en forme) se met à bien jouer. Le scénario rebondit et se tient, et malgré quelques invraisemblances, l’adrénaline monte et l’émotion s’installe. Il faut hélas, je crois, avoir vu le premier volet pour tout apprécier, mais c’est un spectacle total.
La ruse
Réalisateur : John Madden. 2h07.
Bien, très bien. On lit dans la critique des réticences, des accusations : classicisme excessif, affadissement du support scénaristique ancré dans un épisode réel de la deuxième guerre mondiale (un piège élaboré pour tromper le renseignement allemand restitué dans tous ses détails). Médisances ! C’est très bien construit, mené et joué (Colin Firth impeccable, Kelly Macdonald, attachante). Le film tient en haleine et il s’y glisse, avec retenue, un de ces amours inaboutis au goût amer mais qui préserve, intacte, la part du rêve.
Et en accéléré :
- The Duke – Réalisateur : Roger Michell. 1h35.
Années 1960 et fait divers réels. Les jeux de rôles d’une famille anglaise perturbée, avec affection garantie, disputes d’opérette, vol à la National Gallery, procès et happy-end. On passe un agréable moment. - Les passagers de la nuit – Réalisateur : Mikhaël Hers. 1h51
Trame romanesque « bobo » teintée d’angélisme. Bien joué. Quelques jolies scènes entre lesquelles on s’ennuie un peu. - Hommes au bord de la crise de nerfs – Réalisateur : Audrey Dana. 1h37.
Plus fin que prévu. Excellents acteurs. Fragilité des hommes, interrogations réelles, moquerie et tendresse bienveillantes, écoute réciproque. De l’inattendu gentiment potache, optimiste et réconfortant. Quelques jolies scènes. - The Northman – Réalisateur : Robert Eggers. 2h17.
Sorcellerie, hyper brutalité, vociférations, hémoglobine, psychologie zéro. La légende d’Amleth (Scandinavie, XIIIe siècle) qui aurait inspiré Shakespeare (Hamlet). Acteurs noyés de poils. Très bruyant (… beaucoup de bruit pour rien). - Frère et sœur – Réalisateur : Arnaud Desplechin. 1h48.
Coche toutes les cases … du ratage. Comment faire si mal jouer de si bons acteurs (Melvil Poupaud, Marion Cotillard) ? Scénario ridicule, absurde et affligeant. Un tel gâchis paraissait impossible… Non, Desplechin l’a fait !