Courrier des lecteurs
À propos du n° 557, août-septembre 2000
Le bilan de l’automobile : double langage
Le lobby de l’automobile a assurément trouvé un excellent porte-parole en la personne de notre camarade Christian Gerondeau. Il joue très bien son rôle.
Lorsqu’il était le responsable interministériel de la sécurité routière, il écrivait : “ Le bilan réel de l’automobile reste effectivement à faire. Quant au vélo, il faut bien reconnaître qu’il a été longtemps oublié par tout le monde. Un mouvement inverse se dessine, mais ce sera long ! ” (lettre du 8 octobre 1979, qu’il m’a adressée en réponse à une note publiée un peu plus tard dans La Jaune et la Rouge, janvier 1980, n° 348, page 5).
Depuis qu’il est le président de la Fédération française des automobiles clubs, ses propos sont fort différents. Dans son article “ L’automobile et l’automobiliste ”, paru récemment dans La Jaune et la Rouge (août-septembre 2000, n° 557), le bilan consiste seulement à constater la progression spectaculaire du nombre d’automobiles et à l’assimiler d’office à un progrès dont il faut se réjouir.
Il s’insurge contre l’idée qu’on puisse vouloir récupérer pour les autres modes de transport une partie de l’espace qui a été envahi au fil des ans par l’automobile. Les arguments de ses adversaires ne valent même pas la peine d’être examinés. Ils ne sont que des “ schizophrènes ” animés par un “ substitut de religion ”.
Ne pourrait-on pas retourner cet argument simpliste ? N’est-ce pas plutôt l’automobile qui est pour certains une reIigion ou plutôt un veau d’or ?
Pierre JAMET (53)
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À propos du n° 563, mars 2001
À propos de l’excellent article de Jean-Marie Gogue, “ La maîtrise statistique des processus ”, je voudrais apporter un commentaire sur un point précis, le test du “ chi‑2 ” que l’auteur qualifie d’invention considérable.
Il y a beaucoup à dire sur les tests dits d’hypothèse simple : brièvement, on situe le résultat dans un “événement” (ou son complémentaire), choisi à l’avance, et l’hypothèse sera rejetée simplement parce que le résultat “réalise” un événement improbable.
Le choix de l’événement n’est évidemment pas neutre. De plus, rejeter une hypothèse explicite c’est en accepter une autre, implicite. Les tests d’hypothèse simple sont des tests de comparaison déguisés avec parfois des résultats paradoxaux. Voici un exemple numérique simple.
Dans un jeu de pile ou face on teste l’hypothèse p = 1⁄2, équiprobabilité de pile et de face. Supposons qu’après 20 tirages on ait observé 5 pile et 15 face, on trouve X2 = 5 pour un degré de liberté, et l’hypothèse est rejetée (p = 0.025). Supposons à présent que l’on effectue 2 000 tirages avec 950 pile et 1 050 face, on a encore X2 = 5, toujours un degré de liberté, et l’hypothèse est rejetée avec le même risque. Pourtant le bon sens nous dit qu’on n’est pas dans le même cas de figure et que dans le second cas le rejet est abusif.
La situation s’éclaire si on explicite une hypothèse alternative, par exemple une répartition uniforme du paramètre p entre 0 et 1. Sur cette base on peut procéder à un test de rapport de vraisemblance, le résultat est alors bien différent :
- pour 5 pile et 15 face le rapport de vraisemblance est 0.31, l’hypothèse p = 1⁄2 est rejetée au profit de l’hypothèse alternative, qui est trois fois plus vraisemblable ;
- pour 950 pile et 1050 face le rapport de vraisemblance est 2.93 et l’hypothèse p = 1⁄2 est acceptable avec un avantage tout aussi net.
On peut remarquer enfin que dans le cas qui nous occupe, celui de la binomiale, tous les résultats sont équiprobables dans l’hypothèse testée (p = 1⁄2) et donc aucun d’eux ne peut justifier le rejet de l’hypothèse en l’absence d’une alternative.
Cet exemple illustre la faiblesse congénitale du test du X2. Je tiens le détail de l’analyse critique du test de X2 à la disposition des amateurs sur simple demande.
Michel DELAAGE (59)
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À propos du n° 564, avril 2001
Dans son article “ Pourquoi la maintenance ? ”, Henri Arnoux fait revenir des États-Unis le nouvel emploi du mot “maintenance” dans la langue française, ce terme “ ayant disparu de la langue française à la fin du Moyen Âge ”.
En réalité ce mot n’a jamais quitté la langue française. Il signifiait : action de reconstituer le potentiel d’une unité militaire après combat.
Rémi DESCANS (56)