Créer de la valeur là où personne n’en voit
Le rôle d’un patron de PME a été fort bien décrit au siècle dernier par Auguste Detoeuf : « Toute son activité, tout son débrouillage, toute son adaptation quotidienne à une situation sans cesse changeante, toute cette action qui exige des décisions, des risques, des responsabilités ininterrompues est tout le contraire de l’action d’un salarié. » Il faut donc lui faciliter la tâche.
REPÈRES
Le taux des prélèvements obligatoires sur les entreprises était en France, en 2010, le plus élevé d’Europe, à 18,3 % du PIB, le taux de l’Allemagne étant à 12,2 %, soit 6,1 % en dessous de la France, ou environ 120 milliards d’euros par an. Les entreprises françaises versent des impôts et cotisations inconnus des entreprises allemandes : taxe professionnelle (maintenant remplacée par deux nouveaux impôts), taxe sur les salaires, versement transport, C3S, taxe d’apprentissage, 1,6 % formation, 1 % logement, 5,4 % pour les allocations familiales.
La rémunération totale des salariés des administrations publiques était en France, en 2011, de 13,2% du PIB et en Allemagne de 7,7 %, soit 5,5 % d’écart.
Code du travail et Code des impôts
Pour que son entreprise survive, la priorité du chef d’entreprise doit être la satisfaction de ses clients et non l’application de règlements. Or, le patron français doit connaître et appliquer les 3 371 pages du Code du travail (sans compter la jurisprudence), les 3 450 pages du Code des impôts, etc. Si ses commandes baissent, il devrait pouvoir ajuster ses effectifs et ne pas être soumis à la décision d’un juge qui estimera qu’il n’y a pas de cause « réelle et sérieuse » à sa décision de licencier.
Le développement des entreprises ne dépend pas des décisions politiques
S’il dépasse cinquante salariés, il se verra imposer trente-quatre obligations et charges supplémentaires, notamment des délégués syndicaux désignés par des syndicalistes extérieurs à l’entreprise (et seuls compétents pour signer des accords d’entreprise) et des délégués au comité d’entreprise s’ajoutant aux délégués du personnel.
Des inspecteurs du travail, des impôts, de la Sécurité sociale viendront s’installer chez lui, tous persuadés qu’un employeur privé est forcément un exploiteur de ses salariés.
Les poncifs à la mode
Les dirigeants politiques français n’ont pas davantage compris que nous ne sommes plus à l’époque des plans quinquennaux et que le développement des entreprises dans les « secteurs d’avenir » ne dépend pas de leurs décisions. Ils reprennent en chœur tous les poncifs « techno » à la mode : technologies numériques, biotechnologies, nanotechnologies. Certes ces secteurs ont le vent en poupe dans le monde.
Mais le problème est de savoir ce qui marchera en France dans l’avenir. Si, après la guerre, les décisions avaient été prises par des hommes politiques, les principaux nouveaux employeurs français n’existeraient pas, comme les hypermarchés, les sociétés d’intérim, Sodexo, Accor, le Club Med ou Decaux.
Un casseur d’idées reçues
Les dirigeants politiques et administratifs et les médias ignorent une qualité essentielle dont doit faire preuve un créateur d’entreprise innovante. Celui-ci voit la possibilité de créer de la valeur là où personne n’en voit. C’est un casseur d’idées reçues. Il ne suit pas les sentiers battus.
Son mérite est de se battre pour faire accepter des idées que les autres trouvent folles et pour s’attaquer à des intérêts bien défendus, bref de réussir l’impossible. Pour un pays comme la France, les secteurs d’avenir ne seront jamais ceux qu’imaginent les hommes politiques.
Ceux-ci devraient donc abandonner les idées qu’ils chérissent : les technologies, les « pôles de compétitivité », la banque publique d’investissement, le protectionnisme, la relance par la consommation, le crédit d’impôt-recherche, etc.
Défendre l’intérêt général
Nos politiques devraient rester modestes et, comme leurs collègues allemands, anglais, canadiens, suédois, finlandais qui ont rétabli la situation de pays en difficulté, accepter de faire confiance aux entrepreneurs, qui trouveront pour notre pays les créneaux d’avenir auxquels personne n’avait pensé. Mais il faudrait pour cela qu’ils défendent plus l’intérêt général que leur propre intérêt et qu’ils décident de baisser massivement les dépenses publiques, pour que nos entreprises soient au moins à égalité de charges avec les allemandes.
Les Français n’ont plus confiance en leurs dirigeants politiques. Dans les sondages, pour redresser le pays, à l’inverse de leurs dirigeants et des médias, 90 % des Français privilégient la baisse des dépenses publiques, 60% sont opposés au « Grand Emprunt » public, les deux tiers souhaitent aligner les contrats des nouveaux fonctionnaires sur ceux du secteur privé, les trois quarts sont pour la suppression d’un niveau de collectivités locales.