Crescendo
Yonathan Ebguy (97) sort son premier roman Crescendo aux Éditions le Manuscrit. Crescendo évoque les dessous existentiels d’une élite française, jeune et inquiète : voici les affres sentimentales, religieuses, identitaires d’un polytechnicien aux rêves décalés. Autour d’Octave, le héros en pleine introspection, gravitent François le dandy pianiste, Grégoire l’indispensable personnage de conte, Bastien alcoolique dépressif et Louis, le pragmatique au centre des conflits du groupe, conflits éclairés. Ce sont les quatre amis, les frères de sang, les « compagnons de cordée » d’Octave.
Crescendo passe par l’ascension des classes prépas, l’intégration à l’École polytechnique, et le rapport au pouvoir, à l’excellence, bref à ce qu’on peut faire de sa vie quand on a des clefs en main mais qu’on n’est jamais certain qu’elles ouvrent la maison de nos rêves.
Doucement le roman se tend. Coralie, la femme aimée décrite avec justesse, douceur et onirisme, est à la fois troublée et troublante. Leur relation sera le détonateur en Octave d’une insidieuse fatigue, d’une petite folie se faufilant entre couple intense et société pressante. Octave semble s’égarer. « Il faut se donner les moyens de mourir jeune » se répète-t-il sans trop savoir quel sens donner à cette phrase. La réussite tend les bras à Octave et sous ces bras tendus, il y a une immense fosse.
Avec une écriture dynamique, style incisif et lyrique à la fois (il y a du Cohen, il y a du Céline), Yonathan Ebguy et Crescendo nous emmènent dans les replis de l’âme d’Octave, notre frère à tous, cet enfant du siècle pétri des tourments du siècle.