Premier emploi à l’ère de la Covid
La crise sanitaire que nous vivons est en train de changer la donne de l’emploi : des secteurs ont été brutalement stoppés ou durablement perturbés, et les conditions d’études et de travail connaissent une mutation dont nous n’avons pas fini de tirer les leçons. Cette crise a eu une importance particulière pour nos jeunes camarades et a conduit l’AX à engager plusieurs actions.
Premier effet visible, les 3A (promo 2017) et masters scientifiques et techniques ont vu leurs stages remis en cause, certains ne pouvant pas être réalisés en distanciel, et dès mars, l’AX a fait un appel à la solidarité des camarades. De leur côté, mais de manière moins visible, les 4A ou 5A (promos 2016 et 2015), selon la durée de leur formation complémentaire, se sont trouvés devant un marché de l’emploi chaotique. AX Carrières s’est mobilisé pour en savoir davantage et apporter une aide appropriée.
Un sondage représentatif
Après quelques échanges avec l’École, un sondage a été envoyé aux promotions 2015 et 2016, par l’intermédiaire des kessiers Relex, Charlotte Moulonguet (2015) et Côme de Cossé-Brissac (2016). Fin mai, nous avons reçu 124 réponses sur ces deux promotions. Les questions portaient sur la manière dont a été vécu le confinement, la situation par rapport au premier emploi et les éventuelles difficultés spécifiques.
Les réponses sont représentatives des promotions, les élèves terminant majoritairement leur scolarité à égalité en France et à l’international. Deux minorités sont engagées l’une vers une thèse et l’autre dans un emploi (ex : les corps). Plus de la moitié des sondés sont en situation de rechercher un job ou un PhD à l’été ou à l’automne 2020, ce qui correspond bien à la cible visée. Le confinement en a renvoyé chez eux les trois quarts, mais un quart a dû vivre cette période loin de chez lui. 6 % ont été malades. Une vingtaine a ressenti de la solitude, trouvé cette période difficile. Le soutien de la camaraderie a été apprécié pour 80 %.
Aider à préciser son projet professionnel
Pour la recherche de premier emploi on constate que, si les CV sont prêts, la démarche reste à faire pour les trois quarts, avec un degré de maturité variable : « niveau zéro » pour 16 % ; « envie floue » pour 27 % ; seuls 25 % affirment qu’ils savent ce qu’ils veulent faire. Ce questionnement est normal et se reposera à chaque transition professionnelle : à chaque âge, il est important de prendre le temps de discerner ce que l’on a vraiment envie de faire. Cependant, dans la situation actuelle, la moitié des propositions de job ont été perturbées ou repoussées, et il faut prendre le taureau par les cornes. D’ailleurs, la motivation est élevée pour entrer dans le monde professionnel : 72 %, comme pour chercher activement : 57 %. A contrario, 25 % restent en questionnement pour leur orientation.
Les aides utiles : stages, formations, mentoring, entretiens
Alors que la situation était critique du côté des stages, le président Marwan Lahoud, en liaison avec l’École, a envoyé un appel à la solidarité pour trouver des stages. Cela a permis de recevoir environ 150 propositions utiles. L’opération sera reconduite cet automne. Côté AX Carrières, le sondage confirme que sont attendus sur la forme : des webinaires ou formations plutôt à Paris, le programme est en ligne sur le site de www.ax.polytechnique.org ; des notes de synthèse sur les secteurs qui recrutent ou qui sont en panne, un appel aux groupes X a été engagé dans ce sens ; des parcours de formation vidéo et groupe d’échange de type Zoom ; des afterworks.
Sur le fond, on retrouve les thèmes classiques mais indispensables du discernement personnel et de la recherche d’emploi. Le CV et la lettre de motivation semblent bien cadrés, mais nos jeunes camarades souhaitent des conseils pour passer des entretiens, pour bien se présenter sur internet, pour s’appuyer utilement sur leur réseau. Enfin, 34 personnes ont souhaité un entretien avec AX Carrières, un mentoring, ou un contact avec le SOIE (service d’orientation de l’École). Bienfait non anecdotique du sondage, ces échanges ont permis de dénouer plusieurs situations difficiles, par exemple un abandon « forcé » d’études à l’international, et de dépasser les obstacles qui empêchaient d’avancer : untel resté bloqué en apprenant que son stage ne serait pas converti en emploi, contrairement à ce qu’on lui avait promis…
Et le recrutement 2020 dans les corps ?
Finalement, la pandémie n’y aura eu qu’une incidence mesurée, puisque le dépôt des feuilles de botte était à rendre pour le 12 mars et que le confinement a pris effet le 15 ! Les élèves avaient ensuite jusqu’à fin mai pour éventuellement renoncer à entrer dans un corps d’État… Au bilan, les quatre grands corps ont fait le plein, 10 mineurs, 10 Insee, 21 PEF, 22 armement, sans marge exceptionnelle en liste complémentaire. Fait marquant de cette année, la Marine nationale intègre 6 X.
Elle proposait des places depuis plusieurs années. On trouve aussi dans le cru 2020 3 X gendarmes, un X administrateur des affaires maritimes comme en 2019. L’armée de terre, après deux années fastes, à 5 et 9 intégrants, revient à un seul recrutement dans la promo 2017.
Les attitudes : souplesse, solidarité, numérique, réseau !
La crise sanitaire actuelle semble perturber le marché des stages comme du premier emploi. Souvent, l’employeur n’a plus la possibilité de proposer un stage ou un job et l’élève doit apprendre à se repositionner en souplesse. Les formalités administratives se sont compliquées pour les élèves internationaux conduisant parfois l’AX à mettre en œuvre ses mécanismes de solidarité. Cette crise sanitaire a aussi réduit la possibilité de découvrir l’entreprise, les locaux étant inaccessibles et les personnes travaillant à distance.
Elle a enfin changé le recrutement. De nouveaux outils et autres tests en ligne sont mis en place. Le profil LinkedIn devient la carte de visite. Les entretiens se font en vidéo et il faut en maîtriser les codes. Un mauvais éclairage, une voix inaudible disqualifient. Dans ce contexte général, les élèves de l’X ont de nombreux atouts, pour autant qu’ils passent à l’action ! Des ressources existent pour se mettre en mouvement : à l’École tant qu’ils y sont encore, notamment JobTeaser ou X‑Job Board et le service d’orientation (SOIE). De son côté, AX Carrières donne un accès privilégié au réseau des anciens, par des entretiens individuels, du mentoring jeune ou senior, des ateliers et séminaires, WATs4U.
L’AX est là pour toi
Lorsqu’on est « planté » ou à l’arrêt dans sa recherche, le réflexe n’est pas d’aller chercher du soutien. Il y a une barrière psychologique à franchir : timidité, peur de déranger, d’être un cas banal, croyance que cela se résoudra tout seul… Pourtant, l’expérience montre que c’est justement demander de l’aide qui permet le plus d’avancer. À vous de faire le premier pas, même petit !
L’AX en action pour les jeunes alumni
Devant l’annulation de nombreux stages de 3A du fait du confinement, l’AX a fait un appel à propositions auprès des camarades. La communauté a bien répondu, puisque plus de 150 propositions ont été reçues. Elles ont ensuite été analysées et complétées par Yves Demay, selon leur niveau de maturité, depuis « on doit bien pouvoir prendre un stagiaire… », jusqu’à une fiche complète avec dates, descriptif, rémunération, info géographique, point de contact… L’ensemble a été transmis à l’École et à la Kès, également aux autres cursus.
Un comité conjoint École, FX, AX s’est ensuite réuni toutes les semaines pour examiner le cas des élèves en difficulté. En plus de cette opération « stages », des prêts ont été accordés pour les élèves n’ayant plus les revenus escomptés. Au bilan, tous les cas qui ont été remontés ont pu être accompagnés. Nous en avons tiré des enseignements pour davantage d’efficacité, et dès cet automne, la situation restant perturbée, l’AX va de nouveau se mobiliser et vous demander votre aide au profit des élèves.