HAL 9000 l'ordinateur de 2001 l'Odyssée de l'espace

Cybersécurité : et si les machines mettaient les humains en quarantaine ?

Dossier : EditorialMagazine N°753 Mars 2020
Par Robert RANQUET (72)

On le sait : l’Humain est sou­vent l’élément le plus vul­né­rable dans nos sys­tèmes infor­ma­tiques, et sinon la cible, du moins le chaî­non faible exploi­té fré­quem­ment par les ten­ta­tives d’intrusion. C’est la clé USB publi­ci­taire rap­por­tée du der­nier col­loque auquel on a par­ti­ci­pé et qu’on branche sur son PC juste pour « voir ce qu’il y a dedans » ; c’est le mes­sage ano­din dont on ouvre sans méfiance la pièce jointe, etc., et la brèche est ouverte, par où seront ino­cu­lés tous les mal­wares et autres rançongiciels.

Mais les stra­té­gies pour y parer sont pos­sibles, et notre dos­sier de ce mois vous en fera décou­vrir cer­taines. Me plaît par­ti­cu­liè­re­ment l’idée que le com­bat contre les pro­grammes mal­veillants qui som­meillent ou au contraire s’activent dans les mémoires de nos sys­tèmes devrait désor­mais être confié à des intel­li­gences arti­fi­cielles – déci­dé­ment très en vogue – qui auront seules la rapi­di­té, l’attention, la patience, la réac­ti­vi­té… néces­saires pour lut­ter à armes égales contre les intrus. Tout comme l’agent Smith et ses clones dans Matrix, qui patrouillent dans les entrailles de la machine pour y débus­quer les intrus (qui sont pour cette fois les gen­tils de l’histoire), qui sont eux-mêmes des cyber-créa­tures, nous irions donc vers un monde où le cyber­com­bat se livre­ra entre IA spé­cia­li­sées. Mais, si elles sont vrai­ment per­for­mantes, com­bien de temps fau­dra-t-il à ces IA cyber­guerrières pour réa­li­ser qu’il est urgent, pour assu­rer au mieux leur mis­sion, d’exclure les humains du jeu et de leur inter­dire l’accès aux sys­tèmes ? Cela ne se fera peut-être pas de manière aus­si radi­cale que celle uti­li­sée par HAL 9000, l’ordinateur de 2001 : l’odyssée de l’espace pour se débar­ras­ser de son équi­page jugé peu fiable, mais tout aus­si effi­cace. Ver­ra-t-on nos machines créer entre elles leur propre ter­rain de jeu, dont nous serions exclus, mis en quelque sorte en qua­ran­taine, une sorte de bla­ck­net iso­lé des humains, comme il existe un dark­net où seuls s’aventurent les cyber­cri­mi­nels de tout poil ? Mais au fait, peut-être est-ce déjà le cas ? Après tout on a vu, lors du crash finan­cier de 2008, alors que l’IA était encore bal­bu­tiante, com­ment des machines à qui on avait confé­ré une large auto­no­mie de déci­sion finan­cière, dia­lo­guant entre elles et sui­vant leurs logiques pré­da­trices, pou­vaient nous faire bas­cu­ler dans un jeu éco­no­mi­que­ment mortifère.

Mais mau­vaise science-fic­tion que tout cela, me dira-t-on ! Oui, bien sûr…
Enfin, on l’espère !

“L’Humain est souvent l’élément
le plus vulnérable dans nos systèmes
informatiques.”
La cybersécurité vue par Gabs
La cyber­sé­cu­ri­té vue par Gabs

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