Cygne ou phénix ?
Succès passés, impératifs actuels, innovations et prospective : le fil conducteur du dossier consacré à l’Europe guide une réflexion analogue sur la communauté polytechnicienne et l’international. Mais qu’en est-il des succès futurs auxquels la communauté peut et doit contribuer ?
Les succès passés sont nombreux, dès l’origine de l’École qui accueille des savants étrangers de passage à Paris. Elle admet chaque année, « sur recommandation des gouvernements étrangers […], une poignée de jeunes gens de toutes les nationalités […] qui contribuent à maintenir la réputation de l’École et la sympathie pour ses anciens élèves » (Livre du centenaire 1794–1894).
Sous le Premier Empire, le concours est ouvert à une partie de l’Europe, l’X reçoit des élèves de Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, du Piémont, d’Italie et de Suisse. Elle inspire et rayonne, servant par exemple de modèle à l’académie américaine de West Point.
Aux XIXe et XXe siècles, la place de la France en Europe et dans le monde conduit l’influence des polytechniciens à dépasser nos frontières, que ce soit en géopolitique, en matière d’avancées technologiques ou de projets d’infrastructure.
Les impératifs actuels sont d’un autre ordre. Avec 30 % d’étudiants étrangers, bientôt une formation hors de France pour tous les élèves, et près du quart d’une promotion qui y démarre sa carrière, l’X a pris le virage. On ne parle plus d’étranger, mais d’international. Les classements des universités sont internationaux et, quelle que soit leur valeur, influencent les choix des étudiants et des recruteurs.
Dans ce nouvel environnement, l’AX évolue, les groupes s’internationalisent et se développent hors de France, les liens triangulaires entre École, AX et FX se resserrent, facilitant le rayonnement de la communauté polytechnicienne à l’international.
Quelles innovations et prospective pour notre communauté dans ce contexte ?
Dispersion et diversité amplifient le risque d’éclatement de la communauté, mais constituent une richesse prodigieuse et des atouts potentiels, les distances n’étant plus un frein à la communication ou au partage d’information. Les modèles gagnants d’open source ou de collaboratif se multiplient. Le défi est de savoir exploiter cette diversité en identifiant des objectifs communs. Défi pour l’Europe ?
C’est en intégrant ces paramètres, et avec le soutien de chaque polytechnicien, que la communauté polytechnicienne contribuera aux succès futurs et fera la différence entre la mort du cygne ou la renaissance du phénix.