Dans la machine de l’État
Voilà un petit livre (210 pages) bien intelligent, qui en plus ne la ramène pas : un vrai plaisir ! L’auteur est ingénieur des Mines. Il a voulu s’investir « pour l’intérêt général ». Il a fait du service déconcentré, s’est engagé en politique, a fait de l’administration de mission en centrale, de la Réforme de l’État et enfin du cabinet ministériel, le tout en six ans… Mais il comprend vite, le diable ! Il y a deux ans il a viré sa cuti et a filé dans le privé, à l’étranger. Sans pour cela renier son engagement passé, mais au contraire avec la volonté de faire profiter ses semblables des leçons qu’il a tirées de son expérience. Il se trouve que, mutatis mutandis, j’ai eu une expérience analogue et je peux témoigner de la réalité des constats qu’il dresse et de la pertinence de ses réflexions : la lecture m’a ramené avec un brin de nostalgie à tout un pan de ma vie professionnelle enfuie. La démarche adoptée est la même, chapitre après chapitre : il présente un dossier qu’il a traité, la manière dont ça s’est passé et les leçons qu’il en tire. C’est concret. Aucune tentative de régler des comptes. L’esprit est serein. Ni remord ni regret. Il n’est pas parti en crachant sur la puissance publique, mais en restant convaincu que l’État « est un moyen de la démocratie ». Et que ses serviteurs remplissent avec dévouement une fonction essentielle à notre vie collective. Chaque chapitre, nanti de son dossier emblématique, traite en fait d’un sujet différent de fonctionnement de la « machine ». J’en retiens en particulier : le thème de la « consultation » (l’auteur a été secrétaire général de la mission de médiation « Notre-Dame-des-Landes », poste d’observation passionnant) ; le thème de Bercy (« les irresponsables et les insupportables », chapitre particulièrement développé qui interpelle quiconque a fait de la négociation budgétaire) ; le thème de l’écologie morale (ou comment l’idéologie de la pureté préfère le crash collectif à l’effort de la négociation). Mais rien n’est à négliger dans cet ouvrage. Il faut le lire !
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On lira ma recension plus détaillée et plus critique de cet ouvrage à https://zelites.wordpress.com/2023/12/14/letat-sans-langue-de-bois-recension/ (A. Moatti, X78)